Vertiges: comment mieux les reconnaître?

Troubles souvent complexes, les vertiges concernent chaque année 2 à 3% des consultations aux urgences. Qu’il s’agisse d’un étourdissement diffus ou d’un déséquilibre constant, leurs symptômes sont délicats à décrire pour les patients. Leur distinction est cependant cruciale afin d’en identifier la cause. Celle-ci peut aller d’une chute de tension bénigne à un accident vasculaire cérébral (AVC) mettant la vie en danger. Pour pallier ces difficultés, de récentes études ont permis de modifier la façon dont les vertiges sont catégorisés, afin de faciliter leur diagnostic et d’améliorer la prise en charge.
Deux nouveaux critères
Les symptômes qui étaient auparavant désignés par des termes tels que vertige rotatoire ou linéaire, présyncope, déséquilibre ou étourdissement sont désormais regroupés sous le libellé unique de «syndrome vestibulaire», ou simplement «vertige». Mais deux critères très concrets permettent désormais de les distinguer: leur temporalité et la présence d’un éventuel facteur déclenchant. Le vertige est-il aigu et persistant, ou au contraire épisodique et récurrent? Est-il déclenché par un mouvement, par la prise d’une substance, ou au contraire spontané sans qu’aucune manœuvre ne puisse provoquer les symptômes?
Portant donc sur des aspects objectifs des vertiges plutôt que sur des sensations souvent difficiles à exprimer, ces questions devraient orienter plus facilement les médecins sur la piste du diagnostic. Et ce n’est pas tout: ces deux nouveaux critères décisifs ont permis la définition de quatre catégories qui ont pour but de faciliter la prise en charge. Dans le détail, les vertiges aigus spontanés (ou s-AVS) se manifestent sans facteur déclenchant et persistent pendant plusieurs jours. Ils incluent des causes bénignes, comme la neuronite vestibulaire, mais peuvent aussi révéler des pathologies graves comme un AVC. Les vertiges aigus déclenchés (t-AVS) apparaissent, quant à eux, à la suite d’un traumatisme ou d’une intoxication (à l’alcool, par exemple). Les vertiges épisodiques spontanés (s-EVS) sont caractérisés par des crises récurrentes sans élément déclenchant clair, comme dans la migraine vestibulaire ou la maladie de Ménière. Enfin, les vertiges épisodiques déclenchés (t-EVS) surviennent lors de mouvements précis, par exemple un changement de position de la tête, comme dans les vertiges positionnels paroxystiques bénins (VPPB).
Objectif: gain de temps et d’argent
Ce nouveau système simplifie l’anamnèse –l’étape clé durant laquelle le médecin interroge son patient sur ses symptômes– permettant de distinguer plus facilement une cause bénigne d’une cause potentiellement grave. Une fois l’urgence écartée, le médecin peut affiner son diagnostic en réalisant d’éventuels tests complémentaires (lire encadré). Plus optimale, cette nouvelle prise en charge devrait également avoir pour effet de diminuer des examens onéreux et parfois inutiles. Le principal coût des vertiges se situe en effet au niveau de l’imagerie, notamment les IRM.
Du point de vue de la médecine pratiquée en cabinet, l’introduction de ces nouvelles classifications et outils diagnostiques marque donc une étape importante dans la prise en charge des vertiges. Elle permet également une meilleure communication entre les médecins généralistes et les spécialistes et aide à l’orientation des patients.
Test HINTS+: un outil amélioré au service du diagnostic
Le test HINTS est un ensemble d’examens visant à déterminer l’origine d’un vertige. Il repose sur trois évaluations principales: la réaction des yeux aux mouvements rapides de la tête (head impulse), la recherche d’un nystagmus (mouvements involontaires des yeux) et un test de déviation des yeux (Skew). Avancée majeure dans la prise en charge des vertiges aigus: ce test, désormais appelé HINTS+, associe également une recherche de perte auditive. Ce protocole permet de différencier les vertiges bénins, souvent liés à une atteinte de l’oreille interne, des vertiges graves, comme ceux causés par un AVC. Par exemple, un type d’AVC aussi rare que sérieux appelé «ischémie de l’artère antéro-inférieure cérébelleuse» peut se manifester uniquement par un vertige aigu et une perte auditive, sans autres symptômes neurologiques évidents. Dans ce cas, un test HINTS classique peut induire en erreur, là où le HINTS+ révélera le danger potentiel. L’objectif est d’éviter de passer à côté de diagnostics critiques tout en limitant le recours aux examens coûteux et parfois inutiles, comme les IRM ou les scanners.
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* Adapté de: Haque, F., Gaspoz A. et al., Prise en charge des vertiges aigus et chroniques: nouveautés 2024, Rev Med Suisse, Vol.20, n° 888, 2024, pp.1702-1705
Paru dans Planète Santé magazine N° 56 – Mars 2025

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