Travail à l’écran: prévenez le syndrome des yeux secs
La sécheresse oculaire toucherait entre 10 et 15% de la population. Les personnes travaillant plus de sept heures par jour sur un écran d’ordinateur sont particulièrement susceptibles d’en souffrir, comme l’a démontré une étude récente (lire l’article Syndrome de l’œil sec: le travail à l’écran souvent responsable). Le travail à l’écran, qui réduit le nombre de battements de paupières, favorise en effet l’apparition d’une sécheresse oculaire par un dessèchement chronique de la surface oculaire, malgré une sécrétion normale du débit de larmes.
Un jour ou l’autre, tout le monde ressent une sécheresse des yeux: après une journée venteuse passée à l’extérieur, en faisant de la bicyclette sans lunettes de protection, après un voyage en voiture avec la climatisation allumée, après avoir lu pendant de longues heures, etc. Ce n’est que lorsque les symptômes (lire encadré) perdurent, se multiplient et s’aggravent qu’il faut s’inquiéter et consulter un ophtalmologue.
Quand consulter: les symptômes du syndrome de l’œil sec
Généralement, ce syndrome atteint les deux yeux. Ses symptômes les plus fréquents sont:
- une sensation de sécheresse des yeux;
- une sensation de grain de sable;
- une brûlure oculaire;
- des picotements;
- une sensation de corps étranger.
Ces symptômes sont souvent exacerbés par le vent, ou dans un local climatisé (ou en voiture) où l’air est traité, car l’évaporation lacrymale est alors accrue. De même en cas de lecture prolongée, de travail sur écran ou en regardant la télévision.
Par ailleurs, le patient se plaint aussi fréquemment de:
- rougeur et irritation des yeux;
- éblouissement passager;
- dépôts croûteux sur la base des cils;
- abaissement de la paupière inférieure;
- écoulement anormal de larmes (épiphora): la cornée étant insuffisamment hydratée, les cellules recouvrant sa surface dessèchent et un message d’alerte est envoyé au cerveau. Un réflexe de protection de la surface oculaire est alors déclenché, avec sécrétion de larmes en grande quantité pour remédier à la situation d’urgence. Le volume de larmes dans l’œil devient si important qu’une partie s’en écoule sur la joue: c’est l’épiphora.
Prévenir et soulager
«On ne peut pas vraiment prévenir le syndrome des yeux secs, mais on peut en diminuer les effets en adoptant des mesures simples, notamment lorsqu’on travaille à l’écran», explique le Dr François Majo (MD PhD), Privat Docent, médecin adjoint, responsable du Centre de Chirurgie Réfractive à l’Hôpital Ophtalmique Jules-Gonin à Lausanne.
Voici ses conseils:
- Clignez souvent des yeux en travaillant à l’écran.
- Placez votre écran plus bas que vos yeux. Regarder vers le haut fait ouvrir davantage les yeux, exposant ainsi une plus grande surface oculaire au dessèchement.
- Reposez vos yeux en prenant des pauses régulières pour regarder ailleurs, au-delà de l’écran.
- Portez des lunettes optiques adaptées à votre vue.
- Travaillez dans des locaux bien aérés et avec un air suffisamment humide (hygrométrie supérieure au moins à 20% et idéalement de 40 à 60%). Le cas échéant, utilisez un humidificateur.
- Portez des lentilles de contact spécifiques, souples, ou des lunettes spéciales, fermées latéralement. Elles créent une chambre humide devant vos yeux pour préserver l’humidité oculaire.
- Protégez vos yeux du vent et d’un dessèchement trop rapide, en portant des lunettes aux contours adaptés (telles celles pour les cyclistes).
- Evitez de diriger sèche-cheveux, ventilateurs et autres climatiseurs sur votre visage.
- Evitez le tabac –la fumée active ou passive contribue à la sécheresse des yeux.
L’importance de l’alimentation
Plus largement, le Dr Majo conseille de veiller à une alimentation saine, composée avant tout de produits frais, sans agents conservateurs, riches en acides gras tels les oméga 3 et 6, en vitamines E, A et C et d’éviter les produits acidifiant l’organisme (viandes, produits laitiers, œufs, vin, café, thé, etc.). A éviter également: les épices fortes, dont le poivre qui peut à la longue provoquer une anesthésie des muqueuses et une sécheresse oculaire grave. «Il ne faut pas oublier que notre organisme métabolise tout ce que nous consommons et que cela se retrouve ensuite dans les liquides biologiques, et donc aussi dans nos larmes», conclut le spécialiste.