Un sourire éclatant exige patience et savoir-faire
De quoi on parle?
Les faits
La chanteuse Rihanna a récemment posté sur le réseau social Instagram des photos où elle arbore un «grillz» (bijou dentaire courant dans le milieu hip-hop) représentant un fusil d’assaut AK-47. Si on en croit la légende de la photo, la jeune femme ferait référence à «Cocaine Cowboys», un documentaire qui retrace l’histoire du commerce de la cocaïne durant les années 70 et 80 à Miami.
Après Madonna, Kanye West, Beyoncé ou Joey Starr entre autres, la chanteuse Rihanna apparaît avec un «grillz», bijou dentaire issu de la culture hiphop. Ce dispositif amovible, qui se fixe sur plusieurs segments des arcades dentaires antérieures de la mâchoire du haut ou du bas, séduit de nombreux adolescents américains.
«Heureusement, il reste très exotique chez nous», se réjouit Olivier Marmy, spécialiste en médecine dentaire reconstructive à Lausanne et responsable de l’information à la Société suisse des médecins dentistes (SSO). Car comme beaucoup de ses confrères, le spécialiste est peu favorable à ce genre de pratique:«En l’absence d’une hygiène rigoureuse, on peut redouter une accumulation de plaque dentaire sous le dispositif, ce qui peut entraîner une inflammation des gencives ou une décalcification dentaire. De plus, le frottement ou les éventuels chocs entre les dents provoquent une usure ou des dégâts plus importants. Enfin, si l’accessoire est mal adapté et se déloge, en particulier s’il est préfabriqué, des risques d’avalement ou de bronchoaspiration sont possibles.»
Si ce genre d’ornements reste limité, l’esthétique des dents, en revanche, concerne tout le monde. Mais qu’est-ce que de belles dents? «C’est très personnel et culturel, répond Olivier Marmy. A une époque, on a voulu rendre tout ça très mathématique. Aujourd’hui, on ne cherche plus une régularité ou une blancheur absolue, mais une intégration harmonieuse du sourire dans le visage. Mais, d’un point de vue éthique, surtout s’il n’y a pas d’indication proprement médicale, l’essentiel est que l’intervention soit très retenue et respectueuse des attentes du patient et de l’intégrité de ses dents.»
Interventions individualisées
Les défauts les plus courants qui altèrent un sourire sont les taches, les dents de formes ou de longueurs disgracieuses, abîmées, manquantes ou mal alignées. Pour les corriger, les approches se veulent désormais les plus conservatrices et individuelles possibles.
La médecine dentaire permet des corrections à l’aide de retouches superficielles, selon une approche dite micro-invasive. Pour éliminer une coloration, le médecin-dentiste dispose de moyens chimiques abrasifs ou réalise un simple polissage. Si la dent est tachée, ou pour modifier sa forme, la rallonger, combler un espace ou masquer un ancien plombage, il peut coller dessus un composite en résine de la teinte souhaitée. Si les taches sont très marquées et les dents trop abîmées, la technique consiste généralement à appliquer sur la surface dentaire une plaquette en céramique (appelée aussi «facette») réalisée sur mesure. Le footballeur brésilien Ronaldinho a tout récemment bénéficié de cette technique de pointe, plutôt coûteuse, mais élégante.
Pour les cas les plus lourds (dents manquantes ou très abîmées), la pose de couronne – sorte de coiffe recouvrant la dent–, d’implants ou de prothèses (voir infographie) peut être nécessaire.
Le blanchiment, lui, est effectué soit chez le médecin-dentiste, soit dans un bar à sourire. Après s’être assuré de l’absence de carie ou de déchaussement, le dentiste applique un gel blanchissant au pinceau. Le résultat, obtenu après vingt minutes, dure entre un an et demi et trois ans. Autre possibilité, la fabrication d’une gouttière personnalisée contenant le produit actif à porter dix nuits durant, technique la plus «douce» et la plus efficace. Quant aux bars à sourire, décriés par certains, Olivier Marmy n’est pas contre: «Si on s’est assuré d’avoir une dentition saine, ce n’est pas risqué, car les produits utilisés sont moins concentrés que lors d’une action unique. Certes, le résultat est moins durable et doit être renouvelé quatre à six semaines plus tard, mais cela reste intéressant pour un événement particulier. Sur le long terme en revanche, cela revient plus cher.»
Recours à l’orthodontie
L’orthodontie permet de son côté de remédier à un mauvais alignement des dents, à une proéminence ou un retrait de la mâchoire. «Généralement dictée par des raisons esthétiques, elle peut aussi être motivée par des atteintes fonctionnelles (problème de mastication, de fermeture des lèvres, de respiration, etc.) ou d’hygiène (risques de gingivite, parodontite, caries)», déclare Jean-Marc Friedli, orthodontiste à Delémont (JU). Il faut compter plusieurs milliers de francs (de 3000 à 8000 francs), deux à trois ans de traitement et faire preuve de beaucoup de discipline et de motivation pour obtenir un résultat satisfaisant. Le choix du traitement dépend du diagnostic. Les appareillages fixes (bagues) permettent de déplacer les dents. Les bagues en résine et en céramique sont plus discrètes, tandis que celles en métal peuvent être fixées sur la face interne des dents. Il existe aussi des moyens amovibles – gouttières transparentes et souples sur mesure, par exemple –, mais les indications sont plus restrictives.
Il n’en reste pas moins que la prévention reste l’allié numéro un. Cela signifie: trois brossages par jour, des contrôles réguliers chez le dentiste et une consommation modérée de thé, café, vin rouge qui tachent les dents, et de sodas, thé froid, jus de fruits et boissons isotoniques qui érodent l’émail en raison de leur acidité.
Les dentifrices blanchissants ne font pas de miracle
Précautions
Les dentifrices «white» permettent- ils vraiment de blanchir les dents? De l’avis du Dr Olivier Marmy, médecin dentiste, leur efficacité est limitée: «Ces dentifrices atténuent les colorations et rendent la dent plus brillante, mais les résultats sont légers et très éphémères. Ils ne remplacent pas un bon détartrage-polissage ni un blanchiment professionnel.»
Les dentifrices blanchissants se répartissent en deux classes, explique le spécialiste: «Les premiers contiennent de fines particules de minéraux qui réfléchissent la lumière (les cristaux plats collent à la surface dentaire et apportent une certaine brillance). Les seconds agissent un peu comme du papier de verre grâce à des particules qui vont gratter la surface de la dent.»
Leur pouvoir abrasif (susceptible de polir par frottement, mais aussi d’user) est en principe indiqué sur le tube, grâce à la mention «RDA» pour Relative Dentin Abrasion. Généralement plus élevé que pour les dentifrices classiques (RDA entre 40 et 60), leur taux d’abrasion ne devrait pas dépasser les 80, au risque de détruire l’émail. Le spécialiste recommande d’ailleurs de ne les utiliser que de temps à autre.
Autre conseil utile: ne vous lancez pas dans les recettes de grand-mère, qu’on trouve notamment sur Internet. «Les mélanges de sel, jus de citron et bicarbonate de soude peuvent sérieusement endommager l’émail des dents», conclut Olivier Marmy.
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