Prendre soin de ses dents

Dernière mise à jour 27/03/19 | Article
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Erigé en modèle, le sourire hollywoodien en fait rêver plus d’un. Avoir des dents belles et saines passe d’abord par une hygiène buccale quotidienne rigoureuse. Les conseils de deux spécialistes.

«Afficher un joli sourire participe au confort, au bien-être et à l’estime de soi», déclare d’entrée le Dr Olivier Marmy, médecin dentiste à Lausanne et ancien chargé d’enseignement à l’Université de Genève. Avoir des dents saines leur permet d’assurer leurs fonctions propres (manger, parler, sourire, communiquer), qui sont par ailleurs socialement importantes. Mais c’est aussi une question de santé. «Bien qu’il manque de preuves irréfutables pour établir des liens de causalité entre les deux, il existe des corrélations entre la santé bucco-dentaire et la santé en général», estime le spécialiste. Quoi qu’il en soit, une infection active dans la bouche n’est jamais une bonne chose, dans la mesure où cela génère une inflammation et stimule le système immunitaire.

Au niveau local, prendre soin de ses dents est indispensable pour minimiser la survenue de pathologies bucco-dentaires. La plus répandue de toutes: la carie dentaire. Mais ce n’est pas une fatalité. Pour prévenir son apparition, rien de mieux qu’une hygiène bucco-dentaire soignée, un apport suffisant en fluorures, une alimentation pas trop riche en sucre et des contrôles et nettoyages professionnels réguliers (selon les quatre piliers de la prophylaxie préconisés par la Société suisse des médecins-dentistes*).

Revenons en détail sur les bons gestes, grâce aux conseils de spécialistes en médecine dentaire, le Dr Olivier Marmy et le Dr Jean-Pierre Chung, médecin-dentiste, ancien chargé d’enseignement à la Clinique universitaire de médecine dentaire et responsable clinique à l’Ecole supérieure d’hygiénistes dentaires à Genève.

Le brossage

Le brossage des dents en 5 points

  1. Choisir une brosse à dents souple (manuelle ou mécanique).
  2. Se brosser les dents au moins deux fois par jour. Deux à trois minutes à chaque fois, l’important étant surtout d’être passé partout. A midi, un rinçage de la bouche à l’eau claire ou un chewing-gum porteur du logo «sympadent» peuvent se substituer à un brossage.
  3. Opérer des petits mouvements de rotation (gencive-dent) et proscrire le brossage horizontal.
  4. Faire toujours le même trajet dans la bouche pour n’oublier aucune dent.

Brosser toutes les faces de la dent sans oublier les espaces interdentaires.

Le brossage a pour but d’éliminer la plaque dentaire. La plaque est l’accumulation de bactéries qui forment ensemble une colonie organisée. L’action mécanique de la brosse à dents est le seul moyen de désorganiser ce «biofilm». En l’éliminant régulièrement, on minimise également la formation de tartre, qui retient la plaque dentaire. Le tartre étant de la plaque qui s’est minéralisée sous l’action de la salive. C’est lui qui rend la surface des dents rugueuse. On n’oubliera pas de se brosser la langue, pour préserver l’haleine.

A quelle fréquence faut-il se laver les dents? On a coutume de dire trois fois par jour, mais la réponse doit être nuancée, comme l’explique le Dr Chung: «Cela dépend de l’âge du patient, de son mode de vie (alimentation, nombre de repas et de collations), et de sa dextérité. Mais raisonnablement, se brosser les dents deux fois par jour est un bon compromis du moment que le brossage est bien fait et efficace». Mieux vaut en effet un ou deux bons brossages que trois bâclés. S’il y en a un qui ne devrait pas être oublié, c’est certainement celui du soir. Car la nuit, l’auto-nettoyage de la bouche, sous l’action de la mastication et de la salive, n’est plus assuré.

Quelle brosse à dents? La brosse à dents se doit d’être souple, pour ne pas léser les gencives et pour épargner les dents sur le long terme. Le choix entre une brosse manuelle ou mécanique est très individuel. Il dépend de l’habileté et des préférences de chacun. Les modèles rotatifs ou ceux qui vibrent (dits «soniques») offrent de très bons résultats. De même, le dentifrice ne doit pas être trop abrasif. Un RDA (comprenez «relative dentin abrasivity») moyen de 60 (+/- 20) est une bonne option. Un dentifrice moins abrasif est conseillé en cas d’usure au niveau du collet, lieu de jonction entre l’émail et la racine. Néanmoins, pour contrôler l’abrasivité du dentifrice, il faut veiller à un brossage non agressif afin de ne pas léser davantage les zones fragiles. Les dentifrices «sensitive», utilisés dans ce cas, sont en revanche moins efficaces contre les colorations.

Le saviez-vous?

La prophylaxie dentaire (sel fluoré, éducation à l’école, etc.) a fait ses preuves, avec une baisse de plus de 90% des problèmes de carie dans la population depuis les années 50. Pour autant, il ne s’agit pas de baisser la garde, étant donné la prépondérance du sucre dans l’alimentation et les phénomènes de migration (populations immigrées plus touchées). Aujourd’hui, 20% de la population concentre 80% des problèmes de carie.

Les fluorures

Le fluor contenu dans les dentifrices protège de la carie. Pour renforcer la prévention, on peut recourir à un bain de bouche fluoré une fois par jour. Il existe également des gels fluorés, plus concentrés que les dentifrices, à appliquer sur les dents une fois par semaine. Le cas échéant, cette application peut être plus fréquente.

L’alimentation

L’alimentation joue un rôle clé dans la prévention. L’acidité contenue dans certains aliments (agrumes, sodas, jus de fruit, etc.) et le sucre bien sûr sont les principaux ennemis des dents. Plus on donne du sucre aux bactéries, plus elles produisent de l’acide. Or, l’acide accélère l’usure des dents. Autrement dit, c’est la porte ouverte aux caries. La fréquence des collations sucrées a par ailleurs toute son importance. Si l’on consomme fréquemment du sucre, les processus de défense naturelle de la salive n’ont pas le temps de se dérouler. On est d’autant plus vulnérable aux attaques acides de l’émail des dents.

Des contrôles réguliers

Une consultation chez l’hygiéniste ou le médecin-dentaire est utile pour diagnostiquer les caries et autres problèmes, pour un nettoyage professionnel (détartrage, etc.) et pour recevoir des conseils personnalisés. La fréquence des contrôles doit être évaluée directement avec le spécialiste, qui tiendra compte de vos caractéristiques personnelles. Une fois par an est un rythme raisonnable, mais des contrôles plus soutenus seront préconisés si vous êtes à risque (vitesse à laquelle la plaque dentaire se forme et son degré d’agressivité, alimentation, hygiène dentaire, présence de caries, d’implants, de couronne, etc.).

Les moyens auxiliaires pour le nettoyage interdentaire

Le fil dentaire, les brossettes interdentaires, les cure-dents spéciaux ou encore les pointes en caoutchouc à usage unique sont autant de moyens permettant de nettoyer les zones difficiles d’accès. Le but étant de désorganiser le biofilm et limiter la formation de plaque dentaire. Idéalement, il faudrait y recourir une fois par jour ou tous les deux jours. A chacun de choisir le bon moyen, en fonction de sa dextérité et de l’espace qu’il y a entre ses dents. A cet égard, il est utile de se faire conseiller par un professionnel.

Radiographies: «Autant que nécessaire, et aussi peu que possible»

Les radiographies de la bouche sont un moyen diagnostique pour dépister la présence de caries, de pathologies de la gencive et évaluer la perte osseuse. Mais à quelle fréquence faut-il s’y soumettre? De manière standard, si la bouche est saine, tous les deux ans. Selon les cas (hygiène bucco-dentaire moyenne, alimentation riche en sucre), il peut être utile d’en faire plus souvent. A l’avenir, ce type d’examen pourrait se faire par le biais de nouvelles méthodes prometteuses telles que la sonde laser ou la transillumination par caméra infrarouge.

Le tabac, un ennemi de taille

Le tabac est dommageable pour la langue, les dents et la bouche dans son ensemble. Prenez la gencive: les fumeurs sont cinq fois plus sujets à des affections gingivales que les non-fumeurs (inflammations par exemple). Et pour cause, la fumée libère localement des substances nocives et augmente la température de la bouche. Les muqueuses aussi en font les frais, puisque le tabac influence la microcirculation, perturbe la cicatrisation et la physiologie de ces dernières, qui deviennent alors blanchâtres. Le tabac modifie par ailleurs la flore bactérienne et augmente la survenue de caries. Plus grave encore, le risque de cancer (carcinomes au niveau du palais, de la langue ou des muqueuses) est accru en cas de tabagisme. Sur le plan esthétique et social, même si c’est un moindre mal, le tabac colore les dents et donne mauvaise haleine.

 *www.sso.ch

Le secret des dents blanches

La couleur des dents varie en fonction de différents paramètres individuels, notamment l’épaisseur de l’émail et de la dentine ainsi que l’anatomie de la dent. Avec l’âge, les dents se colorent naturellement. Le thé, le café, le tabac et le tartre peuvent aussi modifier leur teinte.

Sur le marché, plusieurs méthodes existent qui promettent des dents blanches. Du côté des dentifrices d’abord: certains produits, très abrasifs, enlèvent les colorations. Mais ils rayent aussi la dent, voilà pourquoi ils ne devraient être utilisés qu’une à deux fois par semaine au maximum. Un usage trop régulier est contre-productif. Les colorations reviendront d’autant plus vite que la surface de la dent est rayée. Les recettes de grand-mère alliant bicarbonate de soude et citron sont très dommageables pour la dent et sont donc à éviter. Un blanchiment à visée cosmétique auprès d’un professionnel est une option valable, à condition de le réaliser sur une denture saine et propre. Parlez-en à votre dentiste!

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Publié dans le supplément «Votre santé» de La Côte Hebdo en novembre 2018.

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