Travail de nuit: comment préserver sa santé

Dernière mise à jour 10/10/22 | Article
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Environ 4% des Suisses travaillent de nuit. L’être humain étant un animal diurne, ce type de travail met naturellement l’organisme à rude épreuve.

De quoi parlons-nous

On parle de travail de nuit lorsque l’activité professionnelle a lieu entre 23 heures et 6 heures. En Suisse, environ 4% des salariés sont concernés. On parle de «travailleurs avec horaire atypique».[1] Or, ce mode de travail est associé à des risques accrus pour la santé.[2] 

Les enjeux

L’être humain n’est pas programmé pour travailler la nuit. «Toutes les grandes fonctions de notre organisme sont orchestrées par une horloge centrale interne qui leur impose un rythme cyclique sur une durée d'environ 24 heures, appelé rythme circadien», explique la Dre Mariângela de Moraes Pires, médecin du travail à l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (OCIRT). 

Sans que nous le sachions, notre corps s’adapte constamment à des repères externes, comme l’alternance du jour et de la nuit. Par exemple, le cerveau libère normalement de la mélatonine, appelée hormone du sommeil, à partir de 21 heures, avec un pic maximal entre 2 et 5 heures du matin. Or la présence de lumière inhibe la production de mélatonine. La température corporelle, la digestion, la force musculaire et le fonctionnement cardiovasculaire obéissent également à des rythmes circadiens. 

Logiquement, le travail de nuit entraîne une désynchronisation des rythmes biologiques, ce qui peut induire des troubles du sommeil. Il en résulte une diminution de la vigilance, avec une augmentation des risques d'accidents au travail et sur le trajet de retour au domicile. Autres conséquences possibles: des troubles métaboliques (par exemple, excès de cholestérol, diabète, prise de poids) et/ou cardiovasculaires (hypertension artérielle, affections coronariennes), des problèmes digestifs (douleurs d’estomac, ballonnements, etc.) et une augmentation de l’irritabilité, de l’anxiété et/ou de la dépression. Le travail de nuit représente aussi un risque pour le déroulement de la grossesse (accouchement prématuré et ou avortement spontané). «De plus, des études ont démontré une hausse du risque d’apparition de certains cancers», ajoute la Dre de Moraes Pires. 

Que faire

Les personnes qui travaillent de nuit doivent faire particulièrement attention à leur hygiène de vie. Il est important qu’elles disposent d'un lieu pour dormir qui soit calme, dans l'obscurité, à une température agréable et protégé des bruits. Il faudra peut-être trouver des aménagements avec l’entourage pour pouvoir dormir tranquillement la journée (par exemple, négocier des plages horaires où l’on n’écoutera pas de musique avec des haut-parleurs). 

Pour éviter la prise de poids et les problèmes de digestion, il est conseillé d’adopter, dans la mesure du possible, un régime sain et équilibré: fruits et légumes sans restriction, céréales complètes en bonnes portions et huiles végétales en quantités modérées. On recommande trois repas par jour et une collation légère durant la nuit de travail. 

Pratiquer des activités physiques sportives et/ou de loisir favorise la synchronisation des fonctions biologiques et permet de limiter les effets du travail de nuit sur la santé. 

Il est bon de savoir que la loi suisse oblige les employeurs à prendre des mesures pour protéger la santé du personnel qui travaille de nuit. Des règles spécifiques et strictes sont prévues pour la planification de l’horaire et l'organisation du travail de nuit. «Elles concernent, par exemple, le nombre de nuits consécutives travaillées, le début et la fin de poste, la durée de la pause et la fréquence d’alternance avec un poste de jour, souligne la spécialiste. La loi prévoit également l'obligation, pour l'employeur, de mettre à disposition du personnel une salle de détente appropriée pour les pauses – y compris les microsiestes – et l'infrastructure nécessaire pour permettre la préparation de repas chauds.» 

Enfin, les personnes qui travaillent de nuit ont droit à des examens de santé et à des conseils médicaux préventifs, ainsi qu’à une majoration de salaire ou à une compensation en temps de repos.

Quelques conseils

• Pas de téléphone portable ni de télévision dans la chambre à coucher.

• Installer des rideaux épais ou dormir avec un cache-œil.

• En cas de bruit, mettre des bouchons d’oreilles adaptés.

• Bien régler la température de la chambre: ni trop chaude, ni trop froide.

• Adopter et respecter un rituel de coucher : lecture, tisane, douche tiède, par exemple.

• Éviter l’alcool, le tabac et l'automédication avec des somnifères.

• Arrêter le café au moins 4 heures avant le coucher.

• Pratiquer régulièrement des activités physiques, mais pas de sport pénible avant d’aller au lit.

• S’exposer à la lumière du jour dès le réveil.

• Faire une microsieste de 15 à 20 minutes avant d'aller travailler ou durant la nuit de travail.

• Adapter dans la mesure du possible l’intensité lumineuse au travail: avant de commencer ou au début, elle doit être plus importante qu’à la fin.

[1] https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/population/migration-integration/indicateurs-integration/indicateurs/travail-nuit-dimanche-appel.html#:~:text=En%20Suisse%2C%20en%202020%2C%2014,ou%20sur%20appel%20(6%25)

[2] https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2008/revue-medicale-suisse-181/effets-du-travail-de-nuit-sur-la-sante

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