À bout de souffle
La définition d’un souffle normal, c’est une respiration confortable, en moyenne quinze fois par minute, sans y penser. Lorsque, au contraire, on éprouve le besoin de respirer, on parle de dyspnée. «Certaines personnes ont le sentiment de devoir faire un effort pour respirer, en accélérant aussi le rythme de leur respiration qui peut passer à 25, voire même 35 fois par minute», souligne le Pr Laurent Nicod, chef du service de pneumologie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Ce symptôme peut se manifester aussi bien au repos qu’à l’effort.
La difficulté à respirer peut apparaître soudainement ou progressivement. Dans tous les cas, mieux vaut consulter un médecin pour en connaître la cause, recommande le spécialiste. «Si la difficulté à respirer est apparue subitement et que la dyspnée est accompagnée de fièvre, on peut penser à une bronchite sévère ou à une pneumonie». Une dyspnée aiguë peut aussi être le symptôme d’une embolie pulmonaire ou d’un pneumothorax.
BPCO, une maladie fréquente chez l’adulte
Une dyspnée qui apparaît progressivement peut quant à elle être le symptôme de différentes maladies, dont certaines sont fréquentes. Ainsi, une difficulté à respirer peut signaler une broncho-pneumopathie chronique obstructive, ou BPCO, soit un rétrécissement des voies aériennes lié, dans trois cas sur quatre, au tabac. Une maladie fréquente chez l’adulte puisqu’elle concerne 400’000 personnes en Suisse.
L’une des composantes de la BPCO est l’emphysème, une affection qui touche les poumons en détruisant leurs parois alvéolaires. L’air qu’elles contiennent ne peut alors plus être totalement expiré.
Asthme, fibroses et cancer
L’asthme bronchique aigu, qui évolue une fois sur deux en asthme chronique, est initialement une obstruction réversible des bronches. S’il est insuffisamment traité, il peut toutefois amener à une obstruction plus ou moins irréversible après plusieurs années.
Chez les enfants, l’asthme reste la cause de dyspnée la plus fréquente: près d’un enfant sur dix en souffre de façon plus ou moins transitoire. Chez les adultes, c’est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes. Elle concerne environ 8% de la population.
Les fibroses pulmonaires dites idiopathiques sont une autre cause de dyspnée chez l’adulte. Elles sont dues à des lésions répétées du tissu pulmonaire amenant à des cicatrisations étendues qui rigidifient les poumons. Il s’agit d’une pathologie fortement liée à l’âge.
Enfin, une dyspnée peut signaler la présence d’un cancer du poumon, un des cancers le plus répandus. Il représente 11,9% des cas de cancer chez les hommes et 8,7% chez les femmes.
Les outils de diagnostic
Pour établir un diagnostic, le pneumologue procède en premier lieu à des examens fonctionnels simples tels qu’une spirométrie (mesure du volume d’air maximal inspiré et expiré), une pléthysmographie (mesure du volume d’air total dans les poumons), et une diffusion (mesure du passage d’un gaz depuis les poumons dans le sang). Les spécialistes disposent aussi de toute l’imagerie médicale du thorax. «Les radios, et en particulier le scanner qui permet un diagnostic plus précis, renseignent sur la qualité des poumons et des bronches et permettent de vérifier qu’aucune artère n’est bouchée». Si quelque chose d’anormal est repéré, l’endoscopie bronchique permet d’investiguer les voies aériennes supérieures et inférieures, ou les poumons.
Les traitements
«Les bronchites et pneumonies se traitent efficacement grâce aux antibiotiques. De nos jours, on peut également très bien traiter l’asthme. Il est d’ailleurs dommage que plus de patients ne consultent pas à ce sujet, souligne encore le spécialiste. On peut aussi apprendre à mieux vivre avec une dyspnée grâce à des exercices et à l’apprentissage d’une certaine façon de respirer».
Préserver ses poumons
La première précaution à prendre pour préserver son souffle, c’est de ne pas s’exposer à des substances irritantes. Le tabac y figure au premier rang, que l’on soit un fumeur actif ou passif. À noter par ailleurs que, pour le Pr Laurent Nicod, «l’e-cigarette n’a pas encore fait la preuve de son innocuité, notamment en raison de la présence de Propylen glycol, un composant d’antigel potentiellement nocif».
La santé de notre système respiratoire dépend aussi de notre mode de vie. Pratiquer une activité physique régulière, la plus simple étant la marche, contribue globalement à nous maintenir en bonne santé et fait du bien aussi à notre système respiratoire. Une nutrition équilibrée permet également de préserver nos poumons. Les aliments riches en fibres comme les fruits, les légumes et les légumineuses stimulent la production d’acides gras à chaîne courte par notre microbiome digestif. Leurs capacités anti-inflammatoires jouent un rôle important dans la santé du côlon et de l’organisme en général, y compris au niveau pulmonaire.
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Paru dans Planète Santé magazine N° 28 - Décembre 2017
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