L’eczéma atopique, une affection parfois difficile à vivre

Dernière mise à jour 14/09/17 | Article
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L’eczéma atopique est une affection cutanée qui touche en grande majorité les petits enfants. Il y a quarante ans, elle concernait 4% des enfants contre 8% aujourd’hui.

Elle concerne en priorité les sujets prédisposés aux allergies et sa nature parfois chronique peut nécessiter une longue prise en charge.

Contrairement à l’eczéma de contact, qui peut concerner tout le monde, la dermatite atopique (DA), appelée aussi eczéma atopique ou constitutionnel, survient toujours sur un terrain génétiquement prédisposé. Fréquente chez le nourrisson, elle débute généralement entre 2 et 18 mois. Les symptômes sont les mêmes que pour tout eczéma. Il s’agit d’une inflammation de la peau qui s’accompagne de démangeaisons, de plaques rouges, de vésicules, de croûtes et de desquamation.

La répartition des lésions varie selon l’âge: elles se situent d’abord sur les joues et le front, les bras et les jambes, puis se limitent aux grands plis de flexion (coudes et genoux) où elles ont tendance à persister. Cette maladie est caractérisée par des poussées intermittentes et imprévisibles, suivies par des périodes plus ou moins longues de rémission.

Cercle vicieux

Même si un terrain atopique apparaît comme l’un des facteurs de risque principaux de la DA, les causes de cette affection cutanée demeurent inconnues. Une certitude, toutefois: la sécheresse de la peau est très caractéristique de la DA. Elle est à l’origine d’un cercle vicieux aussi redoutable que déconcertant. Une peau très sèche est une peau qui démange furieusement. Or, le grattage va provoquer des lésions comme autant de portes d’entrée aux infections, laissant aux agresseurs de la peau, tels que les microbes et les virus, tout le loisir de se multiplier à sa surface.

Les petits patients avec une DA ont une peau abîmée qui a tendance à devenir une vraie «passoire»: affaiblie, elle ne parvient plus à jouer son rôle de barrière contre les agents extérieurs nocifs, comme les germes, ou inoffensifs comme les allergènes. Les complications principales de la DA sont la surinfection bactérienne et l’eczéma de contact.

Facteurs aggravants

La DA est une maladie multifactorielle pour laquelle il existe un grand nombre de déclencheurs physiques, psychologiques et environnementaux possibles. Le rôle de l’alimentation est souvent évoqué dans la survenue de la DA. Au tout début, cette dermatose ne semble pas avoir besoin de facteur déclenchant pour se manifester. Néanmoins, environ un tiers des enfants souffrant d’un eczéma atopique modéré à sévère présente simultanément une réactivité anormale à certains aliments. Contrairement à une idée largement répandue, très peu d’enfants avec une DA sont allergiques au lait. La preuve, seul un enfant sur dix s’améliore lorsque cet aliment est supprimé. De manière générale, une peau fragilisée devient hypersensible à tout ce qui l’entoure. Parmi les autres facteurs environnementaux qui peuvent influencer la DA, on connaît le rôle aggravant des allergènes de contact et des produits irritants, l’exposition aux allergènes aéroportés (acariens, poils d’animaux, pollens), la colonisation de la peau par des germes (staphylocoques), les changements climatiques, la transpiration excessive. Sans oublier les facteurs psychologiques qui agissent à la manière d’un amplificateur. L’arrivée du petit frère, un déménagement, la fatigue, un changement d’école, des difficultés en classe: autant d’événements porteurs de stress qui peuvent faire «flamber» un eczéma chez un enfant.

Répercussions psychologiques

Selon son intensité, la DA n’est pas facile à vivre et peut nécessiter un soutien psychologique. Outre le sentiment de culpabilité que peuvent éprouver certains parents, il y a le problème de la non-acceptation de la maladie. On peut comprendre le désarroi et le sentiment d’impuissance des parents face à leur enfant en proie aux démangeaisons, de jour comme de nuit. Conséquence non négligeable, le sommeil de toute la famille est perturbé avec un risque d’épuisement réel souvent rapporté par les proches. Sans parler de l’aspect peu engageant d’une peau qui devient rouge, suintante ou, au contraire, sèche et épaisse. Le regard des autres n’arrange pas les choses.

A l’école, la peur de la contagion peut faire des dégâts dans les rangs de ceux qui n’ont pas la chance d’avoir une peau de pêche. Pas étonnant dans ces conditions que l’enfant ainsi écarté puisse donner des signes d’anxiété, d’irritabilité ou encore des difficultés de concentration. Comme souvent, la manière de gérer la maladie connaît des hauts et des bas. A ce titre, l’adolescence est parfois un cap difficile à passer. Le jeune peut être tenté de tout rejeter, y compris un traitement qui lui est pourtant nécessaire.

Evolution et pronostic

De manière générale, en raison d’une carence en acides gras essentiels, la plupart des patients gardent une peau sèche et fragile toute leur vie. Mais comme nous l’avons dit, la dermatite atopique est plutôt une spécialité enfantine. On estime que 50% des enfants atteints de DA en sont débarrassés vers l’âge de deux-trois ans et que 40% vont s’en défaire d’ici à l’adolescence, ne gardant ni séquelles ni cicatrices. D’autres manifestations de l’atopie (asthme, rhinite et conjonctivite allergiques) peuvent en revanche prendre le relais ou survenir en cours de route.

Dans 30 à 40% des cas, l’enfant va développer un asthme bronchique dans les années qui suivent. A noter aussi que les jeunes avec une DA développent plus facilement de l’eczéma de contact par la suite.

Reste alors 10% des patients qui vont garder une DA jusqu’à l’âge adulte. Dans cette population, la DA présente quelques différences. Les lésions se situent surtout sur les zones très exposées comme le visage, le cou et les mains. Il s’agit de faire face à une maladie chronique et stigmatisante qui dure depuis l’enfance. On comprend alors que certaines personnes puissent ressentir de l’anxiété, de l’irritabilité, voire traverser des périodes de dépression.

Extrait de:

J’ai envie de comprendre… Les allergies, de Suzy Soumaille, en collaboration avec Philippe Eigenmann, Ed. Planète Santé, 2013.

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