Comment éviter les perturbateurs endocriniens?
BPA dans les plastiques, phtalates dans les parfums et autres parabènes dans les cosmétiques. Autant de substances chimiques qui agissent dans notre corps comme des hormones et qui peuvent causer ou favoriser des maladies ou des dysfonctionnements du corps, par exemple du système reproductif.
On appelle ces substances «perturbateurs endocriniens» et elles sont très répandues dans les produits que nous utilisons. L’OMS estime ainsi que 800 perturbateurs endocriniens sont couramment utilisés. Mais s'ils sont si répandus, comment s'en protéger? Les pistes de Nathalie Chèvre, écotoxicologue à l’Université de Lausanne.
Trois axes pour agir
En préambule, la spécialiste prévient: «Les recommandations en la matière sont délicates parce que les substances chimiques sont présentes partout. Il n'y a pas de solution simple qui consisterait à éviter totalement un élément donné et qui permettrait d'abolir tous les risques.»
Elle poursuit: «Le risque vient, d’une part, de l'exposition à long terme à de faibles concentrations de ces produits et, d’autre part, à l'effet "cocktail" qu'ils ont quand ils sont associés les uns aux autres. Il faut donc réduire globalement son exposition.»
Bonne nouvelle cependant, la possibilité d'agir au quotidien est bien réelle. Pour cela, la chercheuse propose une stratégie en trois points similaire à celle des cantons romands 1. A savoir :
- Utiliser des produits plus naturels. Choisir des produits le plus biodégradables possible et lire les étiquettes pour éviter certains composants. On peut ainsi bien laver son logis avec uniquement un savon liquide (dégraissant), un vinaigre de nettoyage (détartrant) et de l'alcool de nettoyage (détachant).
- Réduire les doses que l'on emploie. Les lessives ou le produit pour laver la vaisselle, par exemple, sont déjà efficaces avec de très petites quantités. Utilisez-en de moins en moins jusqu’à trouver la quantité minimale qui convient.
- Renoncer à des produits superflus. Par exemple les blocs désodorisants pour WC ou le bain-mousse.
L'environnement y gagne, nous aussi
Le rapport que nous avons avec les cosmétiques illustre bien notre attitude paradoxale: «Ces expositions sont parmi les plus fréquentes… Mais elles sont tout à fait volontaires!» A-t-on vraiment besoin d'un gel douche là où le savon suffirait? Peut-on réserver laque et parfum pour les grandes occasions?
«Mais j'achète du gel douche sans parabène!», veut-on rétorquer. La scientifique n'est pas convaincue. «Nous ignorons si les produits qui remplacent les parabènes leur sont préférables en termes endocriniens. En ce sens, la substitution n'est pas une solution.»
Sans compter que quand nous nous exposons aux perturbateurs endocriniens, nous y exposons également l'environnement (par le biais de l'eau notamment). Il est donc tout à fait possible de retrouver dans son alimentation de minuscules traces des substances qui composaient les produits que nous avons employés. Pour l’éviter, une réduction globale est nécessaire.
Cependant, tout ne repose pas sur les épaules des individus et des décisions collectives doivent être prises. Ainsi, le parlement suisse a décidé d'introduire une taxe qui permettra d'améliorer les traitements dans les stations d'épuration des eaux (STEP) et d'éliminer nombre de micropolluants, et donc également de perturbateurs endocriniens.
Quelques cibles de plus?
- Eviter les contenants alimentaires plastiques? «On ne peut pas assurer à 100% que ce soit utile. Mais à la maison j'utilise des contenants en verre.»
- Laver ses habits neufs avant de les porter (pour les débarrasser des apprêts)? «C'est tout à fait sensé.»
(1) On trouve également dans cette campagne un dépliant utile.