Les mystères (infinis) du microbiote

Dernière mise à jour 07/04/25 | Questions/Réponses
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Trois questions au Pr Jacques Schrenzel, responsable du laboratoire de bactériologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

    

Les intestins, et le microbiote qui s’y trouve, sont régulièrement présentés comme notre «deuxième cerveau»: cela a-t-il du sens?

Pr Jacques Schrenzel Très certainement, même si d’innombrables aspects restent à éclaircir. Deux domaines sont au cœur des recherches pour mieux comprendre ce qui se joue dans l’axe dit «intestin-cerveau»: le réseau de connexions neuronales qui se trouve dans les intestins et le microbiote lui-même. Pour le premier, un protagoniste majeur est à l’œuvre: le nerf vague. Contrôlant de nombreuses fonctions vitales et régissant notamment la motricité du système digestif, il est très probable qu’il soit capable de faire «remonter» une multitude d’informations au cerveau. Quant au second, le microbiote intestinal, il doit ses probables pouvoirs –et ses possibles méfaits– à l’ensemble des milliards de bactéries, levures, virus ou encore parasites qui le constitue.

Que savons-nous de ces pouvoirs et méfaits?

Ils sont encore très mal compris en raison de la complexité du microbiote et des interactions qui s’y déroulent. Mais une chose est sûre: les bactéries qui peuplent nos intestins jouent un rôle majeur dans des fonctions aussi concrètes que l’élaboration de vitamines, l’assimilation des nutriments ou encore la synthèse de substances impliquées dans la communication nerveuse. Par le biais de la circulation sanguine, ces dernières peuvent sortir des intestins pour être véhiculées dans l’organisme. Ce qui se passe dans l’intestin est donc probablement en prise directe avec le cerveau, y faisant potentiellement naître des émotions, mais également de possibles dysfonctionnements.

Quelles avancées attendre des recherches sur le microbiote?

Elles sont nombreuses. L’un des enjeux est de mieux comprendre les liens de causalité entre la composition du microbiote et l’apparition de pathologies telles que les cancers, les troubles psychiques ou les maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer. Si la recherche avance et que les perspectives de traitement d’une multitude de maladies pourraient être exceptionnelles, nous savons aujourd’hui que la santé du microbiote –et donc la nôtre– passe notamment par une alimentation la plus saine et variée possible et par un usage non excessif d’antibiotiques.

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Article repris du site  pulsations.swiss

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