Zoom sur les cônes et les bâtonnets
À quoi servent-ils ?
«Tous se trouvent au fond de la rétine, mais leur répartition est différente», précise Adeline Berger, post-doctorante à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin.
Les cônes sont plus concentrés au centre de la rétine (région de la macula), là où l’acuité visuelle est maximale. Ils sont responsables de la vision centrale, «celle qui est la plus précise et que l’on utilise par exemple pour lire», poursuit-elle. Ce sont eux aussi qui nous permettent de voir les couleurs. Il en existe en effet trois catégories qui renferment des pigments surtout sensibles, respectivement, au bleu, au vert et au rouge.
Beaucoup plus nombreux, puisqu’ils représentent 95 % des 100 à 130 millions de photorécepteurs de chacun de nos yeux, les bâtonnets sont majoritairement placés à la périphérie de la rétine. «Ils sont indispensables à la vision en faible luminosité, notamment dans la pénombre. Ils nous donnent une vision imprécise, en niveaux de gris, de notre environnement», explique la jeune chercheuse.
Quelles pathologies peuvent les affecter?
Les dyschromatopsies perturbent la perception des couleurs. La plupart sont héréditaires, comme le daltonisme, dû à l’absence de certains cônes – «généralement, les verts, précise Adeline Berger. La vision du vert et du rouge est alors confondue». D’autres sont une conséquence de traumatismes, de troubles du cortex visuel ou de certains décollements de la rétine.
Les dyschromatopsies ne sont pas considérées comme des maladies, car elles n’affectent pas le fonctionnement de la rétine. Il en va tout autrement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), «qui touche d’abord les cônes et engendre une perte de la vision centrale», explique la spécialiste. Ou encore des rétinites pigmentaires, dans lesquelles les bâtonnets dégénèrent les premiers, «faisant perdre la vision périphérique et donnant une vision "en tunnel"», poursuit-elle.
Il existe également d’autres pathologies, beaucoup moins fréquentes et qui touchent les enfants, comme l'amaurose congénitale de Leber, une dégénérescence des photorécepteurs, ou le rétinoblastome, un cancer affectant la rétine en développement.
Comment les préserver?
Étant donné que la plupart des maladies affectant les cônes et les bâtonnets sont d’origine génétique, on peut difficilement prévenir leur développement. Toutefois, on peut souvent ralentir leur progression à l’aide de traitements appropriés et en limitant les facteurs aggravants.
En l’absence de pathologie déclarée, il est en revanche possible de préserver la bonne santé des cônes et des bâtonnets. Notamment en limitant le temps passé devant les écrans ou en utilisant des systèmes de filtres, car on soupçonne la lumière bleue d’endommager l’épithélium pigmentaire. Cette couche de cellules, située à côté des photorécepteurs, «élimine les déchets qu’ils produisent et est donc indispensable à leur bon fonctionnement», explique l’experte.
Par ailleurs, la vitamine A «joue un rôle important dans la production d’une petite molécule associée aux photorécepteurs», poursuit Adeline Berger. Il faut donc éviter son déficit, par exemple en mangeant des aliments riches en bêtacarotène, comme… les carottes, selon les conseils de votre grand-mère!
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Paru dans Bien vu!, le magazine de la Fondation Asile des aveugles, Mars 2021.
Article repris du site BienVu!