Pourquoi tombe-t-on dans les pommes?

Dernière mise à jour 01/03/18 | Article
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Les évanouissements peuvent avoir plusieurs origines, et sont souvent sans grande gravité. Il faut toutefois y être attentif, car ils peuvent être le symptôme d’une pathologie plus sérieuse.

Tomber dans les pommes, s’évanouir, défaillir: il existe de nombreuses expressions imagées pour désigner une syncope. Dans le monde médical, elle est définie par une perte de connaissance brusque, accompagnée d’une perte du tonus postural entraînant une chute, suivie d’un retour rapide et spontané à un état de conscience normal. «Une syncope est le résultat d’un manque transitoire de débit sanguin dans le cerveau, explique la Dre Sandra Bieler, médecin-cheffe du service des urgences au Groupement Hospitalier de l’Ouest Lausannois (GHOL). Cela fait suite à une chute brutale de la pression artérielle».

Le fameux «malaise vagal»

Prévenir et traiter une syncope

Etant donné que la syncope est un symptôme et non pas une maladie, ses traitements et moyens de prévention dépendront de la cause du malaise (lire l’article principal).

Syncope réflexe: Aucun traitement n’est généralement nécessaire. En cas de signes annonciateurs, il faut vous allonger et relever les jambes, jusqu’à ce que vous vous sentiez mieux (ce qui peut prendre vingt à trente minutes environ). L’important sera surtout de repérer les éléments déclencheurs et de les éviter dans la mesure du possible.

Syncope orthostatique: L’important est d’abord d’identifier la cause et la soigner (par exemple, diminuer la dose d’un médicament, traiter la maladie de base, etc.). Les personnes sujettes aux syncopes orthostatiques doivent veiller à se lever lentement et à boire suffisamment (1,5 à 2 litres par jour). Dans certains cas, des bas de contention peuvent être recommandés.

Syncope d’origine cardiaque ou neurologique: Le médecin orientera son traitement en fonction de la maladie sous-jacente ayant conduit à la syncope. Il peut s’agir par exemple de la mise en place d’un pacemaker ou d’un défibrillateur en cas de trouble du rythme cardiaque ou d’une chirurgie cardiaque en cas de maladie valvulaire.

En coupant des légumes, votre main dérape et le couteau entaille votre doigt. Le sang commence alors à perler. Vous essayez de constater l’état de votre blessure, mais votre vue se brouille et vous êtes saisi de vertiges. Quelques instants plus tard, vous ouvrez les yeux, allongé sur le sol de votre cuisine. Que s’est-il passé? Vous venez sans doute d’être victime d’une «syncope réflexe». Un phénomène très impressionnant, mais heureusement bénin.

Ces syncopes peuvent être de deux types: soit situationnelles (déclenchées notamment par la miction, la défécation ou des efforts de toux), soit vaso-vagales (provoquées par une chaleur intense, la déshydratation, une longue période debout sans bouger, une émotion vive, la vue du sang, une douleur intense, etc.). Elles ne sont pas dangereuses en soi mais entraînent un risque de lésions traumatiques à cause des chutes. Elles sont la plupart du temps précédées de symptômes typiques, comme une pâleur, des sueurs froides, un bourdonnement d’oreilles, des nausées ou encore une sensation de fatigue intense. Si vous ressentez un ou plusieurs de ces signes avant-coureurs, le mieux est de vous asseoir pour éviter de tomber et idéalement de vous allonger et placer vos jambes en hauteur. Ceci va en effet permettre de renvoyer le sang présent dans le système veineux des jambes vers le cœur et donc d’augmenter le débit cardiaque.

Des causes plus inquiétantes

Il existe cependant d’autres types d’évanouissements, bien plus problématiques. D’une part, les syncopes orthostatiques, qui correspondent à une chute de pression artérielle survenant juste après la mise en position debout. Elles sont fréquentes par exemple chez les personnes diabétiques ou atteintes de certaines maladies neurologiques. Des mesures peuvent alors être prises, comme le port de bas de contention.

D’autre part, les syncopes peuvent cacher une maladie sous-jacente, à côté de laquelle il ne faut pas passer. «Il arrive qu’une perte de connaissance soit due à un trouble du rythme cardiaque, une cardiopathie congénitale, un problème de valve cardiaque, ou encore une embolie pulmonaire, prévient la Dre Bieler. Aux urgences, ce sont des pathologies que nous devons à tout prix démasquer. C’est pour cette raison que notre prise en charge comprend dans tous les cas une discussion avec le patient, un examen clinique minutieux, un électrocardiogramme, puis d’autres investigations en fonction de la situation.» Un diagnostic précoce est primordial pour permettre d’introduire rapidement un traitement.

Mais alors, faut-il consulter un médecin dans tous les cas? «Si la cause de la syncope est très clairement vaso-vagale, par exemple chez une personne qui s’évanouit régulièrement à la vue du sang, et qui se connaît bien, il n’est pas indispensable de consulter. En dehors de cette situation, ou à la moindre inquiétude, le mieux est de consulter un médecin ou les urgences, afin de préciser la cause de la syncope et d’effectuer d’autres investigations si nécessaire. Ceci permettra soit de se rassurer, soit de prendre en charge une maladie sous-jacente, le cas échéant. Dans le doute, il vaut toujours mieux pécher par excès et s’adresser à un professionnel, afin de ne pas passer à côté d’un problème grave», conclut la spécialiste.

Quelqu’un perd connaissance devant moi: que faire?

Si une personne perd connaissance sous vos yeux mais qu’elle ne reprend pas connaissance immédiatement, il ne s’agit alors pas forcément d’une syncope, cela peut être un arrêt cardiaque.

Voici les gestes de premiers secours à effectuer:

  1. Tout d’abord, essayez vigoureusement de réveiller la personne. Si elle vous répond et reprend connaissance, installez-la sur le côté (position latérale de sécurité), ou levez-lui les jambes si vous pensez qu’elle a fait une syncope vasovagale (forte chaleur par exemple). Appelez les secours et restez auprès de la personne en attendant leur arrivée.
  2. En revanche, si la personne ne vous répond pas malgré vos tentatives de réveil, appelez immédiatement le 144. Décrivez l’évènement, donnez votre position. Restez calme : le centraliste va vous guider et poser les questions importantes.
  3. Il vous demandera notamment de décrire la manière dont le patient respire:
  • S’il respire normalement, on vous recommandera en général de le placer en position latérale de sécurité en attendant les secours.
  • S’il ne respire pas, ou pas normalement, il faut alors faire un massage cardiaque en attendant l’arrivée des secours. Celui-ci doit être commencé le plus tôt possible pour maximiser les chances de sauver la victime. N’ayez pas peur de le faire pour rien: si la personne n’est pas en arrêt cardiaque, elle réagira lorsque vous appuierez vigoureusement sur son thorax

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Paru dans le Quotidien de La Côte le 28/02/2018.

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