Hydratation: l’essentiel est de s’écouter
Le chiffre
90%
La part d’eau qui constitue le poids total d’un fœtus. Pour couvrir ses besoins en eau et ceux du bébé et de son environnement, une femme enceinte doit donc plus s’hydrater que la moyenne.
Boire quand on a soif
Eh oui. C’est aussi simple et bête que cela. «Le contenu en eau de notre organisme est régulé par deux mécanismes. La sensation de soif et une hormone, la vasopressine, qui agit sur nos reins, explique le professeur Saudan. Dès le moment où les pertes de liquides atteignent 0.5% du poids corporel (de 0.3 à 0.4 litre environ), la concentration des solutés, ces substances qui sont dissoutes dans l’eau du corps, devient trop importante.» La vasopressine va agir sur nos reins pour réabsorber plus d’eau et une première sensation de soif se fait ressentir. C’est à ce moment qu’une personne en bonne santé doit s’hydrater pour maintenir le niveau de l’eau dans le corps en homéostasie, ce processus par lequel la valeur idéale d’eau pour l’organisme est maintenue. «Bien sûr, ajoute Patrick Saudan, il y a des cas particuliers. Des personnes âgées peuvent perdre la sensation de soif par exemple. Il faut donc être particulièrement attentif aux déshydratations dans ce groupe de population. Les personnes qui souffrent de calculs rénaux doivent aussi boire plus que la moyenne. Mais sinon, la règle de base, c’est de boire quand on a soif.»
L’apport en eau ne vient pas que du liquide
D’où vient le fameux et débattu 1,5 litre qu’il faudrait boire par jour? Du bilan hydrique équilibré d’une personne en bonne santé. Le calcul est simple. Chaque jour, une personne perd en moyenne 2,4 litres de liquide par jour par les urines, la peau, les poumons et les selles. «Pour compenser cette perte, il faut boire environ 1,5 litres d’eau, explique Patrick Saudan. Le reste provient du contenu en eau des aliments que nous mangeons « mais aussi de l’eau utilisée pour leur cuisson.»
Attention aux coups de chaleur
L’eau, qui représente environ 60% de notre poids corporel (lire encadré), joue un rôle essentiel dans la quasi-totalité des processus de régulation de notre corps. Mais elle est particulièrement importante dans le maintien de la température du corps autour des 36 à 37 degrés. Quand il fait très chaud, la transpiration augmente pour refroidir le corps. Il faut donc logiquement boire plus. Un lien entre chaleur et hydratation que les transformations climatiques pourraient bien bouleverser. «Depuis une quinzaine d’années, une nouvelle maladie a d’ailleurs été observée chez des travailleurs agricoles soumis à des chaleurs intenses en zone humide, raconte Patrick Saudan. Chez ces personnes sous-hydratées de manière répétitive et fréquente, la dégradation de leur fonction rénale est allée jusqu’à une insuffisance rénale terminale. Ces phénomènes extrêmes n’ont pas été observés dans nos régions, mais avec le réchauffement climatique, il est certain que la chaleur mettra nos organismes face à de nouveaux défis.»
L’utilité de la «smart water» pas prouvée
De plus en plus de marques proposent de l’eau enrichie avec des vitamines ou des électrolytes. Mais est-ce vraiment utile? Non, répond Patrick Saudan. «Nous buvons pour faire revenir notre corps dans une forme d’équilibre. Supplémenter le liquide ne sert pas à grand-chose en temps normal. Les électrolytes et autres substances perdues par la transpiration, par exemple, seront apportés par une nourriture équilibrée et de l’eau.»
Boire trop peut aussi être mauvais pour la santé
S’il vaut mieux être bien hydraté que pas assez, boire trop d’eau peut aussi être un problème. «Le corps, chez une personne en bonne santé peut, en théorie, assimiler jusqu’à 16 litres d’eau par jour, remarque le professeur Saudan. Au-delà de cette quantité, la concentration en sodium, dans le liquide à l’extérieur de nos cellules, baisse et des troubles neurologiques peuvent apparaître. On a observé ce phénomène dans de rares cas chez des marathoniens qui s’hydrataient exagérément et qui prenaient des anti-inflammatoires, ce qui augmente l’action de la vasopressine et également chez des personnes qui souffrent de potomanie (besoin continuel et pathologique de boire de l’eau).» En matière d’hydratation, la règle est donc celle des Vaudois : pas plus que tant. A noter aussi: il faut aussi plutôt boire tout au long de la journée, car il n’est pas possible de créer des «réserves» d’eau.
L’eau en bouteille ou du robinet: pas de différence
En Suisse, toutes les eaux sont soumises à l’ordonnance fédérale sur l’eau potable. La loi ne les place toutefois pas sur un pied d’égalité. L’eau minérale doit être issue d’une source pure et ne doit donc subir aucun traitement. En revanche, l’eau du robinet, qui provient des nappes phréatiques, des lacs ou des rivières, doit d’abord être filtrée. «En 1963, il y a eu un problème d’eau contaminée par des matières fécales à Zermatt avec des cas de fièvre typhoïde (437 malades, dont trois sont décédés), se rappelle Patrick Saudan. Mais tout cela appartient au passé. Aujourd’hui, en Suisse, l’eau du robinet est de manière générale tout aussi saine que l’eau en bouteille.» Retenez toutefois que les filtres pour les robinets ne retiennent pas les micropolluants, si votre région venait à être affectée par un tel problème.
Teneur en eau dans l’organisme
L’eau représente environ 60% du poids corporel. Mais cette proportion varie au cours du temps. Elle équivaut ainsi à:
- 75% du poids d’un enfant
- 65% du poids d’un adulte
- 50% du poids des personnes âgées de plus de 50 ans.
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Paru dans L’Illustré le 22/07/2020.