Se laver les mains, un réflexe essentiel pour éviter la contagion

Dernière mise à jour 12/04/17 | Article
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Nos mains sont porteuses de milliards de microbes, dont certains sont pathogènes. Pourtant leur lavage fréquent sauve entre 5 et 8 millions de vies chaque année dans le monde en milieu hospitalier.

Nos mains sont un vecteur majeur de transmission. Elles véhiculent les microbes de plusieurs manières: soit par contact direct (une poignée de main), soit par contact indirect, lorsqu’on touche un objet contaminé (un verre, une poignée de porte, un billet de banque, une serviette, par exemple). Elles peuvent aussi infecter par autocontamination, lors d’un contact des mains avec les yeux, la bouche ou le nez avec des mains souillées. Il existe aussi des infections directes lors de contacts rapprochés tels que bises ou baisers. Enfin, les microbes peuvent se transmettre par l’intermédiaire de gouttelettes ou d’aérosols, qu’une personne malade expulse lorsqu’elle parle, postillonne, tousse ou éternue. Ces milliers de gouttelettes ou ces aérosols restent en suspension dans l’air ambiant et sont capables d’infecter à distance.

Nids à virus et à bactéries

Les chiffres

2 à 3 | Le nombre de personnes à qui on peut transmettre la grippe, lorsqu’on est infecté.

6 | Le nombre de personnes à qui on peut transmettre le rhume lorsqu’on est enrhumé. Pour la varicelle, le facteur de contagiosité s’élève de 8 à 9 personnes et à 15 pour la rougeole.

10 | Le nombre de groupes de virus respiratoires différents testés aux Hôpitaux universitaires de Genève.

Plus de 150 | Types de rhinovirus, responsables du rhume.

12 | Le nombre de fois où les enfants sont infectés en moyenne par un virus du rhume chaque année, contre deux à trois fois pour les adultes.

Lorsqu’une personne malade se mouche ou éternue, on retrouve dans ses mains entre 10'000 et 1 million de virus. Des chiffres approximatifs puisque tout dépend du type de virus, du stade de la maladie et de l’âge de l’individu concerné, nuance Caroline Tapparel Vu, professeure assistante au département de microbiologie et de médecine moléculaire à la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE): «Dans le cas des rhinovirus, la charge virale augmente durant les premiers jours de l’infection, avec un pic entre le deuxième et le quatrième jour après l’apparition des symptômes.» Mais attention: la contagion peut débuter un à deux jours avant le moindre symptôme. Au bout de cinq jours, en revanche, on cesse d’être contagieux. En cas de grippe, les choses sont assez semblables, poursuit le professeur Didier Pittet, chef du service de contrôle et de prévention des infections aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG): «La charge virale est importante au début de la maladie, car la production d’anticorps et nos défenses immunitaires ne sont pas au maximum. Les personnes qui ne se sont jamais fait vacciner ou qui ont été peu exposées à ce genre de virus sont beaucoup plus contagieuses.» C’est le cas des très jeunes enfants, «qui sont porteurs d’une plus importante charge virale en raison d’une faible exposition préalable à ces virus et d’un système immunitaire moins mature», poursuit la professeure Tapparel Vu. C’est pourquoi les enfants émettent beaucoup de virus lorsqu’ils éternuent. De plus, ils ont tendance à oublier de mettre les mains devant la bouche et les lavent moins souvent.

Nos mains sont de vrais nids à bactéries. Selon des tests effectués en laboratoire, «on peut potentiellement transmettre de 100'000 à 108 bactéries en serrant la main d’autrui», illustre le Pr Pittet. Un nombre qui atteint 1012 à 1013 si les mains ont été en contact avec des selles. Les bactéries survivent et se multiplient plus volontiers si elles se trouvent dans un milieu chaud et humide. Elles préfèrent en effet les surfaces vivantes (notre peau et les plis de notre corps) aux surfaces inertes sur lesquelles elles sèchent et meurent plus vite.

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Question de survie

Pour nous infecter, en effet, le virus de la grippe par exemple ou un microbe quelconque doivent pénétrer dans notre organisme. À la suite de cette entrée, la capacité de résistance de notre corps dépend principalement de notre mémoire immunitaire (acquise lors de précédentes infections ou lors de vaccinations).

Le moyen le plus efficace pour se prémunir des microbes reste le lavage fréquent et rigoureux des mains, soit avec de l’eau chaude et du savon, soit, encore plus efficacement, avec une lotion hydroalcoolique. «Grâce à cette solution, on supprime entre 100'000 et 1 million de bactéries, en 15 secondes seulement. Avec de l’eau et du savon, on ne dépasse jamais le millier ou une dizaine de milliers», conclut le Pr Pittet. Sachez-le, il n’est pas inutile de garder ses distances – un mètre au minimum avec les personnes victimes d’une infection respiratoire – et d’avoir une hygiène appropriée.

Les nanotechnologies contre les virus

Chez les personnes fragiles, les virus respiratoires (dont les rhinovirus causant le rhume) peuvent entraîner des complications sévères et parfois mortelles. Or, on ne dispose d’aucun vaccin – à part celui contre la grippe – ni de traitements antiviraux appropriés. Caroline Tapparel Vu de l’UNIGE, Laurent Kaiser, chef du Service des maladies infectieuses aux HUG et Francesco Stellacci, professeur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, ont élaboré des antiviraux d’un nouveau genre, capables de lutter contre un large spectre de virus respiratoires. Lorsque ce type de virus pénètre dans notre nez, notre bouche ou nos yeux, il est en principe piégé par le mucus. Parfois, il franchit cette barrière et s’accroche aux cellules grâce à un récepteur, une sorte de «serrure», dans lequel il se loge, pour ensuite se multiplier. Les chercheurs tentent de bloquer ce mécanisme en créant un leurre, une «fausse serrure», en ayant recours à des nanoparticules, des sphères infiniment petites. Sur cette fausse serrure est placé le récepteur cellulaire. Lorsque le virus s’y fixe, il se croit en présence d’une serrure «authentique». Il se désintègre et il est détruit. Si la méthode fait ses preuves, on pourra y recourir à titre préventif (sous forme de spray) ou comme traitement pour neutraliser le microbe en début d’infection. Des recherches prometteuses, récompensées par un prix de la Fondation Leenaards en 2016.

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Référence:

Paru dans Le Matin Dimanche, numéro du 5 février 2017

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