Les bienfaits de la cryothérapie

Dernière mise à jour 12/02/20 | Article
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Le traitement par le froid a le vent en poupe. Les sportifs en particulier pourraient bénéficier de cette thérapie pour améliorer la récupération physique. Décryptage avec un spécialiste.

Frissons garantis

Vous voulez tenter l’expérience du froid intense? Sachez d’abord qu’il y a plusieurs types de cryothérapie. Soit on immerge uniquement le corps dans un nuage de vapeur froide, en gardant la tête à température ambiante. Soit on plonge tout le corps, y compris la tête. Dans le premier cas, un air très froid (-170 °C!) est pulvérisé durant deux à trois minutes environ. La séance peut aussi se dérouler en deux temps. «On passe d’abord dans une première chambre où la température avoisine les -60 °C à -80 °C. Puis, on passe dans une autre chambre allant de -130 °C jusqu’à -150 °C. Le froid saisit ainsi le corps entier, mais de manière plus progressive», explique le Dr Boris Gojanovic, médecin du Sport à l’Hôpital de La Tour et président du Réseau romand de médecine de l’exercice et du sport (RRMES). La cryothérapie se pratique en sous-vêtements et nécessite un masque de protection sur le visage (ou seulement sur la bouche) ainsi que des protections pour les pieds.

Pour ceux qui préfèrent expérimenter le froid intense dans un contexte plus naturel, il y a bien évidemment l’immersion dans le lac. Le principe de choc thermique est le même, mais l’expérience diffère quelque peu. Si la température à laquelle on s’expose est forcément plus raisonnable, l’effet hypothermique est plus fort avec l’eau. Et pour cause, explique le spécialiste, «la perte de chaleur est plus importante car l’eau conduit vingt-six fois plus le froid que l’air». Il est vivement recommandé d’y aller progressivement, le corps ayant besoin de s’adapter, et de ne pas s’aventurer seul. Le stress pouvant vite conduire à une noyade.

Vous êtes plutôt de ceux qui apprécient la chaleur? Cette chaleur intense et humide des bains turcs et autres hammams ou, au contraire, la chaleur sèche et brutale des cabines de sauna? Eh bien sachez que le froid, même s’il pique et réveille, aurait également des vertus pour le corps. Aujourd’hui, le traitement par le froid fait de plus en plus d’adeptes, si bien que les cabines de cryothérapie se multiplient. Que faut-il en penser et à qui cela s’adresse-t-il exactement? Nous avons posé ces questions au Dr Boris Gojanovic, médecin du sport à l’Hôpital de La Tour et président du Réseau romand de médecine de l’exercice et du sport (RRMES).

La cryothérapie est utilisée à différentes fins, notamment dans le domaine du sport pour faciliter la récupération physique après un entraînement, comme l’explique le spécialiste: «Il semble que le froid intense augmente la qualité du sommeil, diminue la gêne musculaire et les courbatures. Néanmoins, cela reste très subjectif, car on peine encore à mesurer ses effets.» Mais il affirme que le ressenti positif est là, ce qui compte déjà beaucoup pour les athlètes qui y ont recours de manière épisodique ou plus régulière, selon la demande de chacun.

On pressent qu’il pourrait y avoir de nombreuses indications à la cryothérapie, notamment pour soulager les rhumatismes, les douleurs chroniques, les troubles dépressifs ou encore le syndrome de fatigue chronique, à raison de trois à cinq séances par semaine en moyenne. Il semble que le froid ait des effets positifs dans ces situations, mais on manque encore de recul et d’études scientifiques concluantes. De nouvelles recherches permettront d’affiner les indications et d’aider à mieux sélectionner les patients qui pourraient en bénéficier. A savoir que, pour l’heure, ce traitement n’est donc pas reconnu ni remboursé par l’assurance maladie, et qu’il est encore considéré comme expérimental.

Encore beaucoup d’inconnues

Pourquoi met-on tant d’enthousiasme et d’espoir dans la cryothérapie? D’abord parce que le principe est assez simple, sans doute. Ensuite, d’un point de vue physiologique, parce qu’on sait que le froid intense a un effet sur le système nerveux autonome – celui qui gère les fonctions de l’organisme que l’on ne contrôle pas de manière consciente. «Les systèmes sympathique (stress, peur) et parasympathique (digestion, sommeil, récupération) pourraient être modulés par le froid, mais on ne sait pas encore très bien comment. Il semble que celui-ci ait un impact sur les systèmes inflammatoires en diminuant l’inflammation systémique et qu’il module la douleur», avance le Dr Gojanovic. C’est précisément la phase de contre-régulation, qui suit celle du stress important provoqué par le froid, qui active le système parasympathique. «On joue alors avec ces variations pour stimuler des régénérations», résume-t-il.

Mais ne risque-t-on pas d’envoyer un choc dangereux au corps? «Des effets secondaires mineurs tels que de l’urticaire ou des brûlures au froid ont été rapportés, mais il est vrai qu’il faut rester prudent, car on ne sait pas trop ce qu’un choc thermique peut déclencher», prévient le spécialiste. Ainsi, les maladies respiratoires (par exemple, asthme mal contrôlé), cardiaques (par ex., troubles du rythme), la présence de blessures ou d’ouvertures sur la peau, des pathologies neurologiques (par ex., épilepsie) représentent clairement des contre-indications. Aussi, il faut tenir compte du fait qu’il y a des différences individuelles considérables dans l’absorption et la réaction à ces variations importantes de température. Cela étant, aucune visite médicale préalable n’est exigée dans les centres de cryothérapie non médicalisés. Un questionnaire de santé peut toutefois être requis. Dans les centres médicalisés, comme à l’Hôpital de la Tour à Genève, qui utilise la cryothérapie surtout dans le contexte sportif, mais aussi dans les douleurs au dos et les douleurs chroniques, le cadre est strict. Un questionnaire médical exhaustif est demandé au patient, tandis que les séances se déroulent en présence d’un opérateur et d’un médecin qui peuvent intervenir sur demande en cas de problème.

Quel que soit le contexte, il est recommandé de demander l’avis de son médecin, pour éviter toute contre-indication, mais aussi pour discuter ensemble des motivations personnelles à un tel traitement et de voir avec le spécialiste quelles autres mesures peuvent être prises pour atteindre son objectif.

Témoignage

«Les trente dernières secondes sont les plus affreuses»

Felix Svensson, coureur, spécialiste du 200 mètres, a intégré la cryothérapie dans sa préparation. Il témoigne:

«On parlait beaucoup de cryothérapie en Suisse. J’avais eu l’occasion de tester cet outil une ou deux fois dans des camps d’entraînement. Depuis le mois d’octobre, je l’ai intégré dans ma préparation sportive à plus long terme pour voir si cela avait un effet sur la réduction de l’inflammation. Mon médecin, mon coach et mon physiothérapeute étaient très ouverts, malgré le fait que ce soit un traitement expérimental. Je m’y astreins toutes les trois semaines durant la période hivernale, après la dernière séance d’entraînement de la semaine. Cela remplace le traditionnel bain froid, mais les effets sont plus puissants. Avec mes camarades, on voit cela comme un petit challenge. Une séance ne dure que deux minutes trente, mais ça semble toutefois très long… Les trente dernières secondes sont les plus affreuses! Dès la deuxième séance, il y a une mini préparation mentale à faire. On tourne sur soi-même, on déambule pour ne pas rester figé. Pour ma part, c’est la partie respiratoire qui est la plus compromettante. Au fil des secondes, j’ai de plus en plus de mal à respirer, c’est assez insupportable, mais nécessaire. Lorsqu’on ressort, on sent que le corps a activé le mode «survie», il y a une vraie réaction de l’organisme. J’en ressens les effets encore plusieurs heures après, notamment la fatigue. En revanche, je n’ai rien remarqué de particulier sur mon sommeil. Les effets? Je n’ai pas eu beaucoup d’inflammation tendineuse ou musculaire cet hiver. C’est certainement multifactoriel. Je me donne encore quelques mois pour en tirer des conclusions et voir si je continue la cryothérapie.»

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Paru dans le Quotidien de La Côte le 12/02/2020.

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