Le claquage fait mal mais guérit bien avec du repos
De quoi on parle?
Les faits
Au Parc des Princes, le 2 avril, en plein quart de finale aller de la Ligue des champions qui oppose le Barça au Paris Saint-Germain, l’attaquant Lionel Messi se blesse à la cuisse. Les jours suivants, le club catalan laisse planer le doute: les muscles du quadruple Ballon d’or le laisseront-ils jouer le match retour?
Le bilan
Au final, le buteur argentin n’a vraisemblablement été victime que d’une élongation sans gravité. Au Camp Nou, le 10 avril, Messi commence le match sur le banc, mais entre en deuxième mi-temps. Il est à l’origine de l’action qui a permis à son club de se qualifier pour les demi-finales.
Comme un coup de poignard. Un claquement sonore puis une douleur brutale et soudaine à la cuisse ou au mollet. Vous étiez en train de courir ou de disputer un match, vous devez vous arrêter. Et vous avez raison: vos muscles sont sans doute touchés, comme l’étaient au début du mois d’avril ceux de la cuisse du footballeur Lionel Messi, attaquant au FC Barcelone. Qu’il s’agisse d’une déchirure musculaire ou d’une simple élongation, vous allez devoir prendre du repos: un tel traumatisme est rarement grave mais il doit être pris au sérieux. Serez-vous, comme le buteur argentin, remis dix jours plus tard?
Cela dépend. «Dans ces accidents, il y a plusieurs niveaux de gravité, selon que la fibre musculaire est manifestement abîmée ou pas, explique le Dr Gérald Gremion, médecin-chef au Swiss Olympic Medical Center. Au mieux, il peut s’agir d’une crampe ou d’une courbature. Mais le muscle peut être davantage touché. On diagnostiquera alors une élongation si seules quelques fibres sont étirées, un claquage si le muscle est partiellement déchiré ou enfin une déchirure complète lorsque plusieurs fibres sont sectionnées. Les membres concernés sont presque toujours les cuisses ou les mollets.» Aïe.
A l’origine de ces traumatismes, on retrouve souvent «des mouvements de freinage, détaille Laurent Koglin, médecin du sport à l’Hôpital de la Tour, à Genève. Au football, par exemple, lors d’un shoot, le quadriceps (muscle situé à l’avant de la cuisse) se contracte à fond. Pour que le pied ne «parte dans le décor», les ischio-jambiers (à l’arrière de la cuisse) se contractent tout en s’allongeant. Un mouvement de retenue que l’on appelle une contraction excentrique».
Le muscle se répare tout seul
Cela explique pourquoi les claquages sont fréquents dans les sports d’équipe ou le tennis, car sauts et changements brusques de direction, mouvements qui demandent un effort excentrique particulier, y abondent. Le bon état des muscles compte aussi: fatigués ou fragilisés par une blessure passée, ils ont tendance à moins supporter cette tension excentrique.
Heureusement, le muscle se répare tout seul et ces traumatismes ne sont presque jamais opérés. «Des cellules dites satellites fabriquent en permanence de la fibre musculaire, détaille le Dr Gremion. La plupart de ces lésions guérissent donc complètement.» Dans le cas d’une simple élongation, ce qui est probablement arrivé à Lionel Messi, le rétablissement prend une dizaine de jours. Pour une déchirure partielle, il demande de trois à six semaines et entre huit à douze semaines pour une déchirure complète.
Mais juste après l’accident, il n’est pas évident pour le footballeur ou le coureur du dimanche de déterminer la sévérité de sa situation. L’ampleur de la douleur est une indication. «Si vous ne pouvez plus du tout poser la jambe, c’est un indice de gravité, poursuit le Dr Gremion. L’apparition d’un gros bleu dans les vingt-quatre heures qui suivent aussi.» Le Dr Koglin complète: «Si vous pouvez, au bout de vingt-quatre heures, marcher sans douleur, vous guérirez probablement en trois semaines ou moins. Si la douleur vous oblige à marcher deux jours avec des béquilles, votre récupération prendra au moins un mois.»
De la glace, vite
Quoi qu’il en soit, pour mettre toutes les chances de son côté, le mieux est de prendre trois mesures que résume l’acronyme RICE. D’abord, repos (R): le match est fini pour vous, ne forcez pas. Appliquez ensuite de la glace (I comme ice), «tout de suite, afin de diminuer l’inflammation et la douleur. Mais pas plus de vingt minutes à la suite, et en protégeant la peau avec un tissu pour éviter une brûlure», précise le Dr Koglin. Compressez (C) le membre touché avec une bande élastique, sans trop serrer, pour prévenir la croissance d’un éventuel hématome. Et enfin mettez le membre en élévation (E) pour la même raison. Dans les jours suivants, une seule règle, bougez dans les limites de la douleur. «Pour bien guérir, le muscle doit être stimulé. Si vous avez trop mal, utilisez des béquilles mais essayez de poser le pied par terre», conseille le spécialiste.
Une visite chez le médecin peut être utile si la situation semble grave: il prescrira sans doute des séances de physiothérapie progressives: d’un traitement manuel, on passe à des étirements légers, puis à un renforcement du membre touché, explique Philippe Marchand, physiothérapeute à l’Hôpital de La Tour. Dans cette dernière partie de la rééducation, les exercices comportent une grande part de contractions excentriques, ces situations dans lesquelles on sollicite un muscle qui s’allonge. Elles sont déterminantes pour la récupération de la force.
En parallèle, les sportifs professionnels commencent leur rééducation avec le vélo et la natation. «Ils peuvent rapidement les pratiquer sans risque, relève le Dr Koglin. Une fois qu’ils n’ont plus mal dans ces situations, ils courent en endurance. Viennent ensuite très progressivement, des sprints, puis un retour prudent à l’entraînement.»
Traquer le déséquilibre
Les sportifs amateurs devraient suivre une séquence similaire, au risque de se blesser à nouveau. «Après une élongation ou une déchirure, l’erreur à ne pas faire est de reprendre à fond dès que le membre ne fait plus mal», insiste encore le Dr Koglin.
Il faut donc être patient. Mais comment prévenir la déchirure musculaire une fois remis? La réponse n’est pas à chercher du côté de l’échauffement. Au football, la majorité des claquages surviennent en deuxième période, preuve que la fatigue est le coupable principal.
Si être entraîné a un effet protecteur, «la meilleure prévention est la correction de déséquilibres entre les groupes de muscles, par exemple des quadriceps trop forts par rapport aux ischio-jambiers», explique le Dr Gremion. Et là, rien à faire, certains humains présentent plus de déséquilibres que d’autres. Une cause génétique pourrait expliquer les blessures à répétition.
Les yogis ne sont pas à l'abri
Traumatisme
Les muscles ne se déchirent pas seulement lors d’un mouvement en force. Il arrive aussi que, lors d’un étirement violent du muscle, le tendon se détache de l’os. «C’est ce qu’on appelle une désinsertion. Imaginez le muscle comme un élastique que vous tirez. A un moment, il peut lâcher», illustre Laurent Koglin, médecin du sport à l’Hôpital de la Tour, à Genève.
Ces traumatismes peuvent survenir chez les danseurs et au yoga, mais sont observés le plus couramment chez les amateurs de ski nautique. Lors d’un démarrage intensif, la jambe s’allonge brusquement et… le tendon cède. Contrairement aux autres déchirures, ces désinsertions doivent être soignées par la chirurgie.
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