SOS: allergie à nos amies les bêtes
Les toutous, chatons et autres bêtes à poils font partie intégrante de notre quotidien: en Europe et aux États-Unis, entre 30 et 60% des foyers hébergent un animal domestique, tandis que de nombreux Suisses travaillent dans des fermes en contact direct avec des mammifères à poils. Or, si ces animaux nous apportent bonheur et compagnie, ils peuvent aussi causer de véritables réactions allergiques – et ce, d’autant plus que les poils se transportent facilement d’un lieu à l’autre sur les vêtements et les objets, et peuvent se retrouver dans des environnements où les animaux n’ont jamais habité. Entre rhumes, fatigue, éternuements, asthme et réactions cutanées, l’allergie demande une véritable prise en charge et nécessite parfois de se séparer de l’animal… ce qui peut représenter une épreuve émotionnelle pour les propriétaires.
Comment repérer les symptômes?
Plusieurs symptômes peuvent vous alerter: tout d’abord, il y a la rhinite allergique, autrement dit, un rhume avec le nez bouché et irrité ainsi que des éternuements. Au niveau des yeux, une conjonctivite et des larmoiements sont également fréquents, avec de la toux, de la peine à respirer et le développement d’un asthme. Soyez aussi attentif à une fatigue persistante et une difficulté à dormir, qui peuvent nuire aux activités menées durant la journée. Enfin, ne négligez pas toute réaction au niveau de la peau, comme de l’urticaire et des rougeurs.
Chats et chiens en tête
Les animaux responsables de nos allergies sont nombreux et variés : chevaux, bovins, mais aussi hamsters, cochons d’inde, petits rongeurs… Le chat et le chien sont les animaux qui causent le plus d’allergies: plus d’un quart des adultes en Europe sont sensibles aux poils de ces félins et sont donc à risque de développer de l’asthme. Ce qui est encore compliqué par le fait que les allergènes du chat peuvent se retrouver un peu partout (dans les lieux publics, sur les textiles, dans l’air) et que les personnes déjà sensibilisées aux chats et aux chiens sont plus à risque de développer une allergie à un deuxième animal. Différentes recherches ont bien tenté de rendre ces animaux moins allergéniques, mais sans résultats solides et en soulevant toutes sortes de problèmes éthiques.
1 personne sur 4
Les allergies en général touchent de nombreuses personnes en Suisse: une personne sur quatre plus précisément. Les études ne s’accordent pas sur les facteurs de risque ni sur un effet protecteur d’une exposition précoce aux poils des animaux. Il semblerait toutefois qu’une exposition tardive (après la première année de vie) augmente le risque de développer une allergie respiratoire – un risque à considérer, donc, lorsqu’on souhaite introduire un animal dans le milieu familial.
Pour poser le diagnostic, votre médecin cherchera à savoir si vous avez été exposé directement ou indirectement à un animal à poils, que ce soit dans votre foyer, dans votre activité professionnelle ou dans le cadre de vos loisirs. Il voudra ensuite vérifier si vous présentez des symptômes cliniques: conjonctivite, rhinite, asthme, entre autres. Il faudra confirmer l’allergie par des prick-tests (on dépose sur la peau de toutes petites doses de l’allergène afin de voir sa réaction) ou par la présence dans le sang d’immunoglobulines spécifiques contre l’allergène de l’animal (au moyen d’une prise de sang). Grâce à ces différents indicateurs, le médecin pourra distinguer si vous souffrez d’une sensibilisation à un allergène ou d’une véritable allergie.
Comment traiter?
La meilleure façon de traiter l’allergie est de se séparer de l’animal domestique. Si la séparation n’est pas une option et que l’asthme ne s’aggrave pas, il est recommandé de réduire le contact avec l’animal, par exemple en limitant son accès à certaines parties du domicile, et de le laver au moins une fois par semaine.
Plusieurs stratégies peuvent aussi être mises en place au niveau de l’entretien de la maison : utiliser un système d’aération et un aspirateur avec un filtre spécifique (HEPA), recourir à une housse pour les matelas et les oreillers ou encore adopter certains produits chimiques pour le ménage.
Pour apaiser les symptômes cliniques de l’allergie, un traitement symptomatique s’impose. Les options sont multiples: spray nasal à base de corticostéroïdes, gouttes ophtalmiques, antiallergiques (antihistaminiques), bronchodilatateurs ou encore corticostéroïdes inhalés.
En cas de symptômes modérés et sévères chez les personnes allergiques aux chiens et aux chats, une immunothérapie peut se révéler utile dans certains cas, même si la désensibilisation demande encore à être mieux étudiée à ce jour.
Adapté de A. Clottu, R. Mahdi et F. Spertini. Allergies aux animaux à poils : mythes et réalités. Revue Médicale Suisse 2020;16: 688-93.
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Paru dans Planète Santé magazine N° 38 – Octobre 2020