La lampe à fente: l’outil de base des ophtalmologues
Un appareil indispensable
La lampe à fente, que l’on nomme aussi biomicroscope, fonctionne à l’aide d’une source lumineuse projetée sur l’œil à travers une fente, grâce à un petit miroir, et d’un microscope qui peut agrandir l’image jusqu’à 40 fois. Cet appareil, «dont le modèle actuel est pratiquement inchangé depuis 1959», précise le Dr Theodor Stappler, médecin adjoint au service de chirurgie vitréorétinienne à l’Hôpital ophtalmique Jules- Gonin, est devenu un outil indispensable aux ophtalmologues du monde entier.
Visualiser
«L’ophtalmologie est une discipline très visuelle», constate le spécialiste. C’est ce qui fait le succès de la lampe à fente, qui offre la possibilité «de visualiser toutes les structures de l’œil», poursuit le Dr Stappler. En commençant par les paupières, dont on peut diagnostiquer toutes les maladies, y compris les tumeurs. Viennent ensuite le segment antérieur de l’œil, un espace rempli d’humeur aqueuse qui contient l’iris, ainsi que le cristallin, dont la perte de transparence signale le développement d’une cataracte.
Le biomicroscope est aussi utilisé pour réaliser un «fond d’œil», c’est-à-dire pour examiner les structures oculaires se trouvant à l’arrière du cristallin. Combiné avec une loupe, il permet tout particulièrement d’observer la rétine et de détecter par exemple sa déchirure ou son décollement, ou encore de suivre l’évolution d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
Mesurer
À l’aide de cet instrument, «il est non seulement possible de visualiser les différentes parties de l’œil, mais aussi de les mesurer avec une grande précision», souligne le Dr Stappler. Les spécialistes peuvent ainsi mesurer l’épaisseur de la cornée ou la pression intraoculaire, une donnée importante pour diagnostiquer un glaucome. Ils et elles peuvent aussi connaître la profondeur de la chambre antérieure, ce qui leur permet notamment, ajoute l’expert, «d’identifier les personnes qui ont un risque de développer un glaucome à angle étroit» (un type de glaucome peu fréquent, mais sévère).
Certes, les ophtalmologues disposent actuellement de toute une palette d’instruments, dont certains requièrent des technologies de pointe, pour affiner et préciser leur diagnostic. Mais ce simple dispositif qu’est la lampe à fente leur fournit de nombreuses informations très utiles pour connaître l’état de santé de nos yeux.
Un appareil suisse
Le système d’éclairage utilisé dans la lampe à fente n’est pas récent, puisqu’il a été développé en 1911 par le professeur suédois d’ophtalmologie et prix Nobel de physiologie et de médecine Allvar Gullstrand. Toutefois, «on peut considérer que cet appareil est un produit suisse», constate le Dr Theodor Stappler, médecin-adjoint au service de chirurgie vitréo-rétinienne à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. En effet, parmi les scientifiques qui l’ont grandement amélioré figurent l’inventeur bernois Alfred Streit, ainsi que Wilhem Haag, professeur d’ophtalmologie à l’Université de Berne. Et c’est surtout à Hans Goldmann, de la même université, «que l’on doit la façon actuelle de l’utiliser. Ses recherches ont conduit à un design qui est resté d’actualité avec seulement quelques modifications mineures depuis 1959, ce qui est très rare», poursuit l’expert. Actuellement, une grande part des biomicroscopes commercialisés dans le monde est d’ailleurs produite par l’entreprise helvétique Haag-Streit.
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Article repris du site BienVu!