Prothèses: augmentation du nombre de fractures

Les fractures périprothétiques arrivent le plus souvent à la suite d'un traumatisme mais elles peuvent aussi survenir durant l'implantation de la prothèse. La prise en charge dépendra avant tout de l'état de la prothèse, à savoir si elle est encore fixée à l'os ou si elle s'en est détachée. Chez les personnes âgées ayant un implant sur un membre inférieur, une fracture peut avoir de graves conséquences, entraînant une invalidité et même un risque de mortalité accru.
Facteurs de risque
Les facteurs de risque sont soit liés au patient, soit à la prothèse. Dans la première catégorie, l'âge, le sexe féminin, la «qualité» de l'os, le nombre d'interventions déjà réalisées, la présence d'une arthropathie inflammatoire (ensemble des maladies rhumatismales) ou encore un trouble du métabolisme osseux représentent autant d'éléments qui peuvent favoriser l'apparition d'une fracture.
Quant à la seconde catégorie, comme la prothèse va supporter la plus grande partie des efforts, l'os sera sous-sollicité et va peu à peu se déminéraliser, augmentant ainsi le risque que l'implant ne se détache. De plus, l'usure de la prothèse peut également être à l'origine d'une fracture. En effet, avec le temps, les frottements qui se font lors du mouvement entre la tête et la cupule de certaines prothèses forment de minuscules débris de polyéthylène (matière plastique présente dans certains types de prothèses) qui peuvent conduire à une réaction inflammatoire, provoquant alors une résorption de l'os etin finele détachement de l'implant. C'est ce que l'on appelle un «descellement aseptique» de la prothèse, par opposition à un «descellement septique» dont la cause est infectieuse.
La prise en charge
La prise en charge dépendra du type de fracture. Si la fracture s'est produite à la suite d'un traumatisme chez un patient qui ne présentait aucun problème de prothèse, une simple radiographie permettra de visualiser la zone atteinte et souvent de déterminer la prise en charge. Par contre, si la fracture ne résulte pas d'un traumatisme, l’interface os-prothèse est probablement atteinte, comme par exemple dans le descellement aseptique ou septique. En plus d'une radiographie, le scanner sera alors utile pour examiner la qualité et la quantité de l'os fixé à l'implant. De plus, cet examen permettra également de savoir si la prothèse est toujours fixée à l'os ou si elle s'est détachée. Dans certains cas, une IRM peut également être envisagée.
Enfin, dans le cas d’une suspicion de descellement d'origine septique, une ponction de l'articulation sera effectuée afin de confirmer l’'infection et de déterminer le germe responsable.
Le traitement
Le traitement dit conservateur consiste à immobiliser pendant plusieurs semaines le membre concerné et s'accompagne d'une période de rééducation. Il sera privilégié chez des patients valides présentant un déplacement minime avec une prothèse encore fixée à l'os. Cette solution est également recommandée chez les patients dont l'état général ne permet pas une opération chirurgicale à cause d'un pronostic vital trop engagé.
Par contre, dans le cas d'une fracture déplacée avec une prothèse fixée et si le patient est en mesure de supporter une intervention, une ostéosynthèse (ensemble des techniques chirurgicales qui permettent de réparer une fracture au moyen de pièces métalliques) sera préférée. Enfin, un implant descellé nécessite le remplacement de la prothèse, surtout chez des patients valides dont le besoin de mobilité est élevé.
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Référence
Adapté de «Fractures périprothétiques», par Dr Eric Thein, Dr François Chevalley, Dr Olivier Borens, Service d'orthopédie et de traumatologie de l'appareil locomoteur, Département de l'appareil locomoteur, CHUV. In Revue Médicale Suisse 2014:10:2414-9, en collaboration avec les auteurs.

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