La transplantation du foie progresse
Grâce à l’expérience, aux nouveaux médicaments immunosuppresseurs et aux progrès de la réanimation, des résultats de l’ordre de 80-90% de survie à un an et de 70-80% de survie à cinq ans ont pu être obtenus chez les adultes transplantés du foie. Chez les enfants, on peut estimer pour la Suisse qu’il y a environ six à huit indications nécessitant une transplantation hépatique par année et environ 90% d’entre eux survivent à cinq et dix ans.
Le pronostic de malades graves dont les chances de survie au-delà de deux ans étaient faibles a donc été complètement transformé. La conséquence de ces résultats? Les malades sont transplantés à un stade plus précoce de leur maladie, donc moins grave.
Liste d’attente basée sur un score
Avec l’entrée en vigueur le 1er juillet 2007 de la nouvelle loi sur la transplantation, la Suisse a opté pour un modèle de priorité des patients en attente d’une transplantation basé sur un score nommé MELD (Model for end-stageliver disease) et déterminé selon des valeurs de laboratoire.
Plus le score MELD est élevé, plus la situation est grave et plus le patient est prioritaire sur la liste d’attente centralisée helvétique, dans son groupe sanguin. Les patients les plus gravement atteints seront donc transplantés en premier. Indépendamment du score MELD, seuls sont prioritaires les patients souffrant d’une hépatite fulminante ou ceux qui ont besoin d’une retransplantation pour non fonction du greffon dans les sept jours qui suivent la greffe.
Cependant, des spécialistes relèvent que ce système n’est pas parfait car certains patients souffrant de pathologies graves peuvent toutefois obtenir un score MELD bas selon les données de laboratoire et se retrouver ainsi très loin sur la liste d’attente. D’autre part, le risque de mort après transplantation a été augmentée puisque ce sont toujours les malades les plus graves, figurant en haut de la liste, qui sont transplantés.
Evolution de la transplantation hépatique
Lors des débuts de la transplantation hépatique, une forme de cancer du foie que l’on nomme carcinome hépatocellulaire était la principale indication à une transplantation hépatique, pour les malades porteurs d’une tumeur considérée comme non opérable. Actuellement, il est même nécessaire d’attribuer des «points MELD» aux patients souffrant de cette forme de cancer, ou de maladies métaboliques. Sinon, ces malades n’auraient eu aucune chance d’être transplantés alors qu’ils sont des candidats classiques de la transplantation hépatique.
Les indications actuelles les plus fréquentes chez l’adulte pour une transplantation hépatique sont la cirrhose suite à une hépatite C et à certaines formes d’hépatite B.
Dans les cas de cirrhose alcoolique, l’expérience internationale a démontré que les résultats étaient aussi bons que dans les autres indications. La plupart des équipes s’accordent à accepter des malades souffrant d’une cirrhose liée à l’alcool lorsqu’une abstinence supérieure à six mois a pu être vérifiée. Parmi les critères prédictifs de l’absence de récidive de la maladie alcoolique, la motivation du patient et de sa famille ainsi que des projets bien construits dans le cadre d’une vie nouvelle après transplantation hépatique apparaissent importants.
Dans les années 1990, on pensait que la xénotransplantation (foie d’animaux), la transplantation cellulaire, la transplantation de cellules souches et la thérapie génique allaient restreindre, voire faire disparaître, les indications de la transplantation d’un foie de donneur. Pourtant, ces nouvelles technologies n’ont pas encore réussi à prendre une place importante en clinique et les indications de la transplantation du foie ont été élargies.
La restriction à l’expansion du nombre de transplantation hépatique provient du nombre limité de donneurs d’organes. Il reste donc essentiel, pour éviter les décès sur liste d’attente, de continuer les efforts pour promouvoir le don d’organes.
Référence
Adapté de «La transplantation hépatique» in Revue médicale suisse,2011; 7; 192-3, en collaboration avec les auteurs.
Prs Gilles Mentha, Pietro Majno, Thierry Berney et Philippe Morel, Drs Bogdan Moldovan et Christian Toso, Services de chirurgie viscérale et de transplantation, Département de chirurgie, HUG.
Pr Antoine Hadengue, Drs Isabelle Morard et Emiliano Giostra ,Service de gastro-entérologie et hépatologie, Département de médecine interne.
Pr Laura Rubbia-Brandt, Service de pathologie clinique, Département de médecine génétique et de laboratoire, HUG.
Dr Sylvain Terraz, Service de radiologie, Département d’imagerie et des sciences de l’information médicale HUG.
Pr Darius Moradpour, Dr Anca-Teodora Antonino, Unité de transplantation, Service de gastro-entérologie et hépatologie, CHUV.