Paracétamol: sa consommation pendant la grossesse augmenterait le risque d’asthme infantile
Le terme «paracétamol» (acétaminophène) résulte de la contraction de «para–acétyl-amino-phénol». C’est l’un des antalgiques les plus prescrits et les plus consommés au monde. C’est aussi un médicament qui peut avoir des effets secondaires et qui, parfois, peut causer des intoxications graves. De récentes études ont également montré les limites de son utilisation au long cours pour lutter contre les douleurs d’origine arthrosique et celles du mal de dos.
Un groupe de chercheurs norvégiens démontre aujourd’hui, dans une publication de l’International Journal of Epidemiology, les risques inhérents à la consommation de ce même médicament durant la grossesse et durant les six premiers mois de la vie.1 Dirigés par Maria C. Magnus et Wenche Nystad (Division of mental and physical health, Norwegian Institute of Public Health, Oslo), ces chercheurs parviennent à la conclusion que la consommation de paracétamol par les femmes enceintes augmente le risque ultérieur, pour l’enfant, de souffrir de manifestations asthmatiques. Or cette substance est largement utilisée comme traitement de première intention pour la gestion de la douleur et de la fièvre pendant la grossesse.
Un enfant sur cinq exposé avant et après la naissance
Les chercheurs ont analysé les données recueillies auprès de plus de 114 000 enfants, depuis avant leur naissance, afin d’identifier ces liens entre la consommation de paracétamol et l’asthme infantile (entre 3 et 7 ans). Voici leurs conclusions: près de 28% des enfants sont nés de mères qui avaient consommé du paracétamol pendant la grossesse; 15% des enfants ont reçu du paracétamol au cours de leurs six premiers mois de vie; 19% des enfants ont à la fois été exposés au paracétamol in utero et durant leurs six premiers mois de vie.
Au total, 5,7% des enfants dont les données ont été étudiées souffrent d’asthme à l’âge de 3 ans. L’exposition directe du nourrisson au paracétamol augmente son risque d’asthme de 29% et l’exposition in utero de 13%. Soit au final une association à la fois significative et modeste entre l’utilisation du paracétamol et l’asthme infantile.
Selon les chercheurs norvégiens, leurs résultats suggèrent que les associations ne peuvent pas être entièrement expliquées par d’autres facteurs, à commencer par les raisons médicales ayant conduit à la prise de ce médicament. Pour Maria Magnus, «la découverte des effets néfastes potentiels est une donnée importante de santé publique dans la mesure où le paracétamol est l'analgésique le plus couramment utilisé chez les femmes enceintes et les nourrissons.»
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1. Le texte complet (en anglais) de la publication de l’International Journal of Epidemiology est disponible ici: «Prenatal and infant paracetamol exposure and development of asthma: the Norwegian Mother and Child Cohort Study»