Au secours, j’ai du cholestérol!
Si l’annonce de taux trop élevés de cholestérol ou de triglycérides peut affoler autant que surprendre, c’est parce que la plupart du temps ils s’affichent sur le papier avant d’avoir provoqué le moindre symptôme physique. Jugés «bons» ou «mauvais» selon les recommandations médicales, ces résultats sont surtout à traduire en termes de risques plus ou moins élevés de développer des pathologies spécifiques, essentiellement cardiovasculaires. «Des taux élevés de cholestérol ou de triglycérides donnent un risque d’accumulation excessive de graisses dans les artères, à l’origine d’artériosclérose, autrement dit d’une détérioration précoce des parois des artères», explique le Pr Jacques Philippe, diabétologue aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Ce qui est à craindre? «A terme, le risque est que les plaques de graisse formées à l’intérieur des artères (appelées athéromes), grossissent au point de les obstruer. Il peut également arriver que l’une de ces plaques se déchire, libérant un flot de cholestérol dans l’artère, ce qui active la coagulation du sang et génère la formation d’un caillot. Dans un cas comme dans l’autre, la circulation sanguine se retrouve bloquée, et c’est l’infarctus », poursuit le spécialiste.
Le cœur, le cerveau ou encore les membres inférieurs se voient localement privés d’oxygène, en fonction de l’endroit où l’incident se produit. On parle respectivement d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral ou de gangrène. Autre complication possible en cas de triglycérides élevés: la pancréatite aiguë, une inflammation grave et brutale du pancréas.
Le ballet du «bon» et du «mauvais» cholestérol
Face à ces risques, le bilan lipidique est donc essentiel. Celui-ci va faire état des deux types de graisses circulant dans l’organisme: le cholestérol – sous forme de LDL (lipoprotéines de petite densité) et de HDL (lipoprotéines de haute densité) – et les triglycérides (transportés sous forme de VLDL, lipoprotéines de très petite densité). Essentiel à l’élaboration des hormones circulant dans notre corps et au bon fonctionnement de nos cellules, le cholestérol est produit aux deux tiers par le foie et apporté par l’alimentation pour le tiers restant.
Depuis le foie, VLDL, LDL et HDL vont opérer un ballet incessant. Les VLDL (composés de LDL et de triglycérides) vont quitter le foie sous forme de petites boules pour un long périple à travers le corps. Les triglycérides vont se localiser dans la graisse pour constituer des réserves et dans les muscles pour y être brûlés par l’activité physique. Une fois débarrassés des triglycérides, les VLDL deviennent les LDL, ou «mauvais cholestérol». Ils vont amener le cholestérol aux organes qui en ont besoin. Le surplus repartira vers le foie pour y être éliminé. Quant au HDL, «le bon cholestérol», c’est en quelque sorte le camion de la voirie, qui récolte le cholestérol non utilisé.
Le problème survient si le taux de «mauvais cholestérol» (LDL) est trop abondant: le convoi assuré par le HDL se retrouve débordé et ce «mauvais cholestérol» s’accumule dans les vaisseaux sanguins, notamment les artères. C’est donc bien un taux élevé de LDL (supérieur à 4 mmol/L) qui est à craindre. Il peut toutefois être en partie compensé par un taux de HDL relativement élevé (supérieur à 1,2 mmol/L). Une conjoncture illustrée également par la proportion LDL par HDL, qui doit idéalement rester inférieure à 5.
Quant aux triglycérides, ils nous exposent aux mêmes risques cardio-vasculaires que le cholestérol s’ils sont en excès. Et pour cause, ces acides gras s’accumulent insidieusement, eux aussi, dans les parois de nos vaisseaux sanguins. Il est ainsi préférable de maintenir un taux de triglycérides inférieur à 1,5 mmol/L.
Acides gras saturés, insaturés, polyinsaturés…: comment s’y retrouver?
Il y a ceux à éviter, ceux à privilégier, et ceux à fuir à tout prix. Sauf qu’avec des noms pareils, les acides gras saturés, insaturés, polyinsaturés, avancent quelque peu masqués! Voici de quoi y voir plus clair, et faire les bons choix à l’heure de passer à table.
- Acides gras saturés: ennemis jurés de nos artères dès lors qu’on en abuse, ils abondent dans les graisses animales (fromage, beurre, crème fraîche, charcuterie, jaune d’œufs, viennoiseries, fritures…). Leur méfait? Augmenter le LDL, ou «mauvais cholestérol». A consommer donc avec modération.
- Acides gras insaturés et polyinsaturés: représentants de la catégorie des «bonnes graisses» de par leurs vertus protectrices pour le système cardio-vasculaire, on les connaît également sous le nom d’omégas (3, 6, 9). Où les trouver? Dans les huiles végétales, le poisson, le soja…
- Acides gras trans: particulièrement néfastes pour nos artères, les acides gras trans sont, pour une large part, issus de l’industrie alimentaire. Chips et autres produits frits en regorgent.
- Triglycérides: utiles à notre organisme en proportions limitées, ils contribuent, comme le cholestérol, à la formation de plaques de graisses dans les artères. Ce qui les fait augmenter? L’abus de sucres «rapides» (sucreries, sodas…), d’acides gras saturés et d’alcool.
Facteurs de risques cumulés
Au-delà du bilan sanguin, le profil du patient conditionne énormément les risques d’accidents vasculaires encourus. «A taux de LDL ou de triglycérides égal, les risques d’infarctus seront beaucoup plus élevés chez un homme d’une soixantaine d’années ayant déjà été victime d’un accident vasculaire que chez une jeune femme mince et sportive sans antécédents médicaux majeurs», détaille le Dr Philippe. Les facteurs de risque faisant un mélange pernicieux avec un taux de cholestérol ou de triglycérides élevé sont à prendre en compte: diabète, tension artérielle élevée, tabagisme, obésité, âge avancé, antécédents familiaux de problèmes vasculaires, et, moins modulable, le fait d’être un homme.
Alors, que faire en cas de taux «anormaux» constatés? «Améliorer son hygiène de vie est la première chose à faire», affirme le Dr Philippe. Alors, régime alimentaire assaini, activité physique, consommation limitée d’alcool et abstinence de tabac: autant de leviers sur lesquels agir, pour une efficacité avérée. «Modifier son alimentation, notamment en réduisant l’apport en acides gras saturés (voir encadré, ndlr) et en augmentant sa consommation de fruits et légumes, peut faire baisser jusqu’à 20% le taux de LDL», confirme le spécialiste.
Une marche à suivre préconisée à elle seule, à deux exceptions près: en cas de premier épisode d’accident vasculaire ou d’antécédents familiaux significatifs. «Si des taux élevés de LDL ou de triglycérides sont observés chez un patient, même très jeune, dont le père a par exemple fait un infarctus à 40 ans, avec pour seule explication une hypercholestérolémie avérée, la prise en charge s’orientera rapidement vers un traitement médicamenteux à base de statines, comme pour un patient ayant lui-même déjà subi un infarctus». Toujours controversées en raison de leurs effets secondaires (notamment douleurs musculaires et troubles hépatiques) et de prescriptions dans le passé trop systématiques, les statines restent le traitement incontournable en pareils cas.
L’action miracle des phytostérols
Dans nos intestins, c’est un combat invisible mais redoutable auquel se livrent cholestérol et phytostérol (lipides contenus dans les légumes), selon une règle simple: «l’équipe» la plus représentée gagne. Alors, lors d’un repas, quand des légumes sont ingérés en même temps que des produits riches en cholestérol, la faction se retrouvant en majorité est la première absorbée par l’organisme. S’il s’agit des phytostérols, ils sont ainsi pris en charge et éliminés par le tube digestif, en emportant même au passage une partie du cholestérol vaincu.
Alors quand le menu affiche raclette, onctueuse mais redoutable alliance de fromage et de charcuterie, une bonne salade verte sur la table peut nettement limiter les dégâts et soustraire quelques grammes de culpabilité!
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Hypercholestérolémie
Le cholestérol est une graisse indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. Mais lorsque le taux de «mauvais» cholestérol est en excès dans le sang, c’est la santé qui est en péril. En effet, l'hypercholestérolémie augmente le risque de survenue de maladies cardiovasculaires, d’où l’intérêt de surveiller ses valeurs et d’adopter une hygiène de vie saine.