Réduire les examens et les traitements superflus
Et si on faisait mieux en faisant moins? Entre 2014 et 2016, la Société suisse de Médecine interne générale (SSMIG) a présenté une liste de dix interventions qui, pour le bien des patients, sont déconseillées. En médecine ambulatoire, elles sont cinq. Pas de radiographie pour un mal de dos commun de moins de six semaines, pas d’antibiotiques pour une infection des voies respiratoires bénigne, pas de radiographie systématique du thorax avant une opération. Si un patient prend à long terme des médicaments contre le reflux et l’ulcère, il faut s’assurer d'avoir trouvé la dose la plus faible ayant un effet. Enfin, un dépistage du cancer de la prostate par PSA ne doit être réalisé qu’après une discussion avec le patient. Coprésident de la SSMIG, le Pr Jean-Michel Gaspoz nous détaille cette initiative.
Planète Santé: Dresser une telle liste de procédures à éviter, est-ce priver les patients de soins?
Pr Jean-Michel Gaspoz: Non, pas du tout. Ces recommandations précisent que nous déconseillons ces interventions, avec toutefois des exceptions. Par exemple, nous déconseillons un bilan radiologique dans le cas d’un mal de dos commun de moins de six semaines. Mais si un problème neurologique s’ajoute au mal de dos, un tel bilan est au contraire nécessaire. Il n’est pas non plus question de supprimer ces dix procédures de la liste de remboursements, ce serait totalement contre-productif.
Prescrire un examen, c’est même parfois nuire à son patient.
Le test du PSA, un marqueur du cancer de la prostate, est un bon exemple de ce phénomène. Chez un homme de plus de 75 ans, il ne devrait pas être pratiqué. On a en effet montré que recevoir un résultat positif d’un test PSA au-delà de cet âge n’allonge pas la vie en bonne santé de la personne. D’abord, ces cancers évoluent en général lentement. Ensuite, les examens additionnels qu’un test positif exige comportent des risques de complications, voire de mortalité. Et il en va de même pour une éventuelle intervention chirurgicale après ces examens. Chez ces personnes, le jeu n’en vaut pas la chandelle.
La liste «top 5» est-elle suivie par les médecins?
En Suisse, faute de données nationales sur les traitements ventilés selon la spécialité du médecin prescripteur, il est très difficile de connaître l’impact concret d’un tel projet. Mais près de deux tiers des médecins de premiers recours interrogés par la Policlinique médicale universitaire de Lausanne avaient connaissance de la liste. Et parmi ceux qui la connaissaient, beaucoup suivaient largement ses recommandations.
En tant que patient, doit-on faire remarquer à son médecin qu’un examen n’est peut-être pas nécessaire?
L’initiative américaine similaire Choosing Wisely dit bien que son but est de susciter une discussion entre patients et médecins sur les examens et les traitements. Peut-être demanderez-vous à votre médecin pourquoi il vous prescrit une radiographie du thorax avant une opération et il vous expliquera que vous possédez un signe d’alarme qui le justifie. Les associations de consommateurs et de patients soutiennent d’ailleurs massivement notre démarche.
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