Chirurgie contre l’obésité: une intervention contraignante
Toute personne envisageant de recourir à la chirurgie bariatrique doit présenter des critères bien précis et se soumettre à une prise en charge préopératoire aussi complète que complexe, qui implique divers spécialistes des soins –tant somatiques que psychiques– réunis autour du patient et de ses proches. Il s’agit d’écarter toute contre-indication, mais aussi de s’assurer que le patient sera en mesure de gérer, dans un cadre quotidien soutenant, toutes les adaptations de comportement nécessaires suite à l’opération.
Dernier recours contre l’obésité
Rappelons que la chirurgie bariatrique consiste à restreindre l’absorption d’aliments, et par conséquent à diminuer l’apport calorique. Elle s’adresse à des personnes souffrant d’obésité sévère, voire morbide. Dans le grand public, on parle le plus souvent d’anneau gastrique ou de by-pass, qui sont les techniques les plus utilisées. L’objectif est la perte de poids, avec pour corollaire une diminution des multiples effets dévastateurs de l’obésité sur l’état de santé.
L’accompagnement des personnes susceptibles de bénéficier d’une telle intervention fait l’objet d’un consensus au niveau international. Cet itinéraire préopératoire comprend trois phases: informer le patient, l’évaluer et, le cas échéant, le préparer à l’intervention et à ses conséquences. La durée de cette phase préopératoire peut varier d’une situation à l’autre, allant généralement de six mois à deux ans. Dans notre pays, selon les directives de la Swiss society for the study of morbid obesity, l’intervalle de temps entre la première consultation et l’intervention ne peut être inférieur à trois mois.
Préalablement à la prise en charge préopératoire, il s’agit de déterminer si les conditions essentielles faisant du patient un réel candidat à la chirurgie bariatrique sont remplies. Il convient notamment d’identifier les causes de l’obésité, de repérer les comorbidités somatiques et d’apprécier le contexte psychosocial. La demande du patient pour une telle intervention doit être clairement formulée. Elle ne peut être prise en compte que si la personne s’est déjà soumise à deux ans de traitement conventionnel au minimum, sans résultat satisfaisant. En ce sens, la chirurgie n’intervient qu’en dernier recours.
Information essentielle pour un choix difficile
Si ces premiers critères sont remplis, le patient reçoit alors toutes les informations nécessaires concernant une intervention qui va influencer son quotidien pour le reste de sa vie. Tout au long du processus, au fur et à mesure de la prise de conscience de tout ce que représente une telle chirurgie, la demande du patient et ses motivations sont réévaluées. Non seulement l’opération comporte des risques, à court, moyen et long terme, mais elle a ses limites quant aux résultats. Les habitudes alimentaires, la perte de poids, les implications psychologiques, la nécessité d’un suivi médical à vie sont autant d’éléments qui doivent être pris en compte avant que le patient ne signe un consentement écrit à l’opération.
Après l’information vient une phase d’évaluation pluridisciplinaire: contre-indications somatiques et psychologiques, choix du type d’intervention, bilan nutritionnel pour l’identification de carences éventuelles, bilan du comportement alimentaire, bilan métabolique. Outre des examens cardiologiques, pneumologiques, gastroentérologiques, une évaluation psychologique approfondie est également au programme afin de déterminer au mieux l’état psychique du patient, tant au niveau de l’humeur, du comportement, de la personnalité, des attitudes interpersonnelles que du fonctionnement cognitif. Selon les éléments observés, un suivi psychologique est instauré avant ou après l’opération.
L’équilibre psychologique joue un rôle crucial
Avant l’intervention se déroule encore une phase cruciale, celle de la préparation, qui va permettre de réduire les risques opératoires, d’améliorer la tolérance alimentaire et de soutenir la perte pondérale. Là encore, un accent important est mis sur l’état psychologique. La diététique constitue un point essentiel à cette étape du processus préopératoire, ainsi que, le cas échéant, le traitement d’un trouble du comportement alimentaire (TCA).
C’est en particulier l’attitude adoptée face à un trouble du comportement alimentaire qui peut avoir une incidence sur la durée des démarches préalables à une chirurgie bariatrique. Le traitement d’un TCA n’est pas toujours exigé ou peut varier dans sa durée. Le contexte psychologique du patient constitue l’autre élément le plus susceptible de reporter l’intervention plus loin dans le temps.
Les contraintes de l’intervention et ses conséquences sur la vie quotidienne sont telles qu’il est absolument capital pour le patient de pouvoir compter sur un bon état psychologique et sur un entourage socio-familial solide afin de se prémunir autant que possible de tout facteur de stress supplémentaire.
________
Références
Adapté de «Chirurgie bariatrique: quelle est la durée idéale de l’itinéraire préopératoire?», Dr Vittorio Giusti, Département de médecine, et Martine Benoit, diététicienne, Service de nutrition, Centre cardio-métabolique, Hôpital intercantonal de La Broye, site Estavayer-le-Lac ; Laurence Schwab, diététicienne, Service de nutrition, Hôpital neuchâtelois Pourtalès. In Revue médicale Suisse 2015:11:720-5, en collaboration avec les auteurs.