Le bistouri, une arme contre l’obésité
«Au départ, j’avais peur de manger trop, je ne savais pas comment mon corps allait réagir, si j’allais avoir mal, si j’allais vomir. Il faut y aller doucement. J’ai suivi les recommandations: d’abord des purées liquides pendant deux semaines puis des aliments coupés tout petit et ça s’est bien passé. Après, j’ai appris à manger plus lentement et moins.» Comme Georgette, de nombreux patients ont eu recours à la chirurgie pour vaincre leur obésité. Il existe trois types d’intervention chirurgicale contre l’obésité. Tout d’abord, l’anneau gastrique, qui réduit la taille de l’estomac, puis la sleeve, qui consiste à enlever une grande partie de l’estomac, et enfin le bypass gastrique, considéré aujourd’hui comme l’intervention de premier choix.
L’intervention, réalisée sous anesthésie générale, consiste à pratiquer six petites incisions de cinq à quinze mm environ sur l’abdomen. Elles permettent l’introduction des instruments nécessaires à l’opération ainsi que d’une mini-caméra. Le chirurgien effectue une section de l’estomac afin de créer une poche d’environ 15 ml (la taille d’un œuf) dans laquelle arrivent les aliments. Cette opération est non seulement restrictive (petit estomac) mais aussi mal absorptive, les aliments ne passent plus par l’estomac et la partie supérieure du tube digestif. Très difficilement réversible, le bypass gastrique agit par plusieurs mécanismes qui associent une restriction alimentaire, une malabsorption (les aliments sont moins digérés) et une diminution du taux de ghréline, l’hormone de la faim, ce qui entraîne un désintérêt pour la nourriture.
Un suivi à vie
Si l’intervention permet de perdre du poids de manière spectaculaire, elle n’est pas magique pour autant. Vous allez devoir modifier vos habitudes alimentaires et repartir votre alimentation en petites quantités sur trois repas et deux collations éventuelles pour éviter les vomissements. Vous devrez aussi manger lentement car la poche est petite. Chez certains patients opérés, l’intervention peut avoir pour conséquence un dumping syndrome, c’est-à-dire des symptômes tels que des malaises, des nausées, des crampes occasionnées par une prise d’aliments sucrés. Désagréables, ces malaises obligent à un changement alimentaire et surtout à manger moins de sucreries.
La perte de poids est progressive. Elle est maximale dans les 12 à 18 mois après l’intervention, période pendant laquelle vous serez suivi très régulièrement. Ces rendez-vous sont en effet essentiels pour garantir une bonne évolution, dépister les complications, s’assurer du respect des règles hygiénodiététiques et dépister les troubles du comportement alimentaire. Il faudra aussi prendre à vie des compléments alimentaires et des vitamines. Les complications à long terme les plus fréquentes sont les carences alimentaires en vitamines du groupe B, en particulier la vitamine B12, en fer et en calcium. La prévention des carences passe donc par la nécessité de prendre des vitamines ou autres compléments nutritionnels tôt après l’intervention mais aussi à vie.
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Adapté de J’ai envie de comprendre… L’obésité et les problèmes de poids. Patricia Bernheim, Alain Golay, Nathalie Farpour-Lambert, Zoltan Pataky. Éditions Planète Santé, 2016.