Perfusion vasculaire: la machine «cœur-poumon»
Lors d’une intervention cardiaque, la machine «cœur-poumon», comme son nom l’indique, va remplacer artificiellement les fonctions du cœur et des poumons, sans quoi le patient ne pourrait vivre. Par deux canules, le sang veineux est dévié dans un circuit hors du corps, dans la circulation dite extra-corporelle. Là, il est oxygéné et restitué sous pression par une canule dans l’aorte. Le cœur et les poumons sont ainsi court-circuités.
Des usages multiples
Opérations à cœur ouvert, assistance cardiaque et/ou pulmonaire pour les patients en attente d’une transplantation notamment, mais aussi perfusion isolée d’organes, ses applications sont nombreuses. En outre, la taille et les modèles des machines varient beaucoup en fonction de leur usage, de la taille des patients (enfants, adultes) et du volume de leur circulation sanguine.
La pompe artérielle
La pompe artérielle remplace le ventricule gauche et doit assurer un débit et une pression sanguine analogues au cœur. Elle doit soit remplacer complètement le cœur, soit l’assister. La pompe à galets est la plus utilisée. Elle fonctionne sur le principe de l’occlusion plus ou moins complète d’un tube souple par des galets rotatifs. Le nombre de tours par minute qu’elle effectue détermine le débit sanguin, lequel est lié à la surface corporelle du patient.
L’oxygénateur
L’oxygénateur remplace les fonctions pulmonaires. Les performances techniques permettent d’assurer parfaitement les échanges gazeux.
Perfusions et liquides
Avant d’être connecté au patient, le système doit être rempli d’une solution physiologique. Des doses d’héparine, un anticoagulant puissant, sont par ailleurs régulièrement injectées afin d’empêcher le sang de coaguler dans le circuit extra-corporel. Enfin, une solution de cardioplégie, mélangée au sang froid du patient et enrichie en potassium, lui est administrée pour arrêter le cœur, le protéger et lui fournir les éléments de sa survie jusqu’à la reprise de son activité.
L’échangeur thermique
L’échangeur thermique permet de faire varier la température du sang lorsqu’il passe dans le circuit extra-corporel, et de faire varier la température du patient en profondeur.
Un nouveau master pour un métier peu connu
Face à un manque de personnel qualifié toujours plus grand et à une lacune dans la formation professionnelle en Suisse dans le domaine de la perfusion cardiovasculaire, les hôpitaux suisses possédant un service de chirurgie cardiaque, en collaboration avec les sociétés médicales spécialisées et la haute école spécialisée Kalaidos, ont créé un Master of Advanced Studies en cardiotechnique. Jusqu’ici en Suisse, la formation était prodiguée sur le terrain et le recrutement de personnel à l’étranger –où des formations spécialisées existent– permettait de faire face à la pénurie de personnel qualifié. Depuis octobre 2015, une formation est proposée aux soignants (infirmiers spécialisés en soins intensifs ou en anesthésie) désirant se spécialiser dans ce domaine pointu et complexe. Cette formation de trois ans se déroule en cours d’emploi, avec des cours théoriques d’une part, et des modules pratiques d’autre part, dans les différents services spécialisés des hôpitaux partenaires du master. Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), avec le professeur René Prêtre, y participe pour le domaine de la chirurgie cardiaque pédiatrique. La première volée sera diplômée en 2018.