Grossesse et alimentation. A quoi faire attention?
Les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables à certaines infections et doivent donc faire preuve de davantage de vigilance que la population générale. C’est le cas en particulier pour l’alimentation, qui peut aussi être vectrice de bactéries et de parasites. Certaines infections ainsi que des contaminations alimentaires passent généralement inaperçues chez un individu en bonne santé. Mais c’est tout le contraire pour une femme enceinte (et son bébé), ou pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Les deux maladies dont il faut le plus se méfier sont la listériose et la toxoplasmose.
La listériose
La listériose est due à un agent bactérien particulièrement résistant présent notamment dans les produits laitiers. Elle touche environ 12 femmes enceintes sur 100000. Si ce ratio n’est pas alarmant, les conséquences d’une infection peuvent être en revanche désastreuses, raison pour laquelle il vaut mieux appliquer strictement les principes de précaution en la matière. En effet, contractée durant la grossesse, la listériose peut conduire à une fausse-couche, à une naissance prématurée ou à une mort périnatale. Au troisième trimestre, les risques de transmission de la maladie à l’enfant est très élevé, et, le cas échéant, les conséquences sont graves avec un taux de létalité atteignant 50% chez les nouveau-nés infectés. Ainsi, en cas de fièvre lors de la grossesse, il est important d’exclure une listériose et de débuter une antibiothérapie adaptée si le diagnostic de listériose est posé.
Pour éviter une contamination, la Société suisse de nutrition (SSN) recommande de renoncer au lait cru, aux fromages à pâte molle et mi-dure au lait cru ou pasteurisé, aux viandes et volailles crues ou insuffisamment cuites, à certaines charcuteries réfrigérées qui se consomment sans cuisson, aux pâtés et produits en gelée ainsi qu’aux poissons, coquillages et crustacés crus et aux poissons fumés. En revanche, les fromages à pâte dure pasteurisés et le lait UHT peuvent être consommés sans risques.
La toxoplasmose
La toxoplasmose est due à un parasite. Ses œufs sont éliminés dans les excréments de chat et peuvent se propager sur des aliments crus (viande, fruits et légumes). Les conséquences de cette infection sont dangereuses pendant la grossesse et l’enfance: fausse-couche, calcifications intracérébrales avec possibles répercussions neurologiques, pneumonie, myocardite, affection des yeux et de l’ouïe, troubles du développement, etc.
Bonne nouvelle: 40% des femmes ont déjà été en contact avec cet agent parasitaire et ont développé des anticorps. Un dépistage permet de s’en assurer, mais il n’est pas systématique. En effet, aucun traitement n’a prouvé son utilité chez la femme enceinte et la détection précoce n’a pas montré non plus de bénéfice thérapeutique. De plus, une suspicion d’infection pourrait amener à des examens invasifs (amniocentèse) pouvant causer des fausses couches. Un dépistage ciblé peut toutefois être pratiqué par le gynécologue pour rassurer les patientes qui en font la demande. Pour éviter une contamination, il est important de laver soigneusement les fruits et les légumes, manger la viande et tout produit d’origine animale bien cuit (pas de steak tartare, d’œufs crus, de poissons et coquillages crus et de produits à base de foie). Les femmes possédant un chat, veilleront à nettoyer la litière avec des gants ou confieront cette tâche à autrui. Elles se nettoieront bien les mains après les caresses.
Du thon en boîte oui, de l’espadon non!
Le poisson, riche en acides gras essentiels, devrait également avoir sa place dans les assiettes des femmes enceintes et allaitantes. Les omega 3 qu’ils contiennent sont en effet indispensables au développement du cerveau et du système nerveux du bébé. Mais la prudence s’impose pour certains poissons qui ont des teneurs trop élevées en substances toxiques telles que la dioxine et le mercure. Les recommandations officielles de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) sont les suivantes:
- Le thon en boîte peut être consommé à raison de 520 g par semaine au maximum, contrairement au thon frais élevé et au brochet à l’étranger, dont il vaut mieux limiter la consommation à 130 g par semaine.
- La truite, la rascasse, le corégone, la sardine ou le flétan du fait de leur faible teneur en méthylmercure, peuvent être consommés une à deux fois par semaine.
- A cause de leur teneur élevée en méthylmercure, il faut renoncer totalement au requin, à l’espadon et au marlin.
- Éviter le hareng et le saumon de la Baltique qui présentent des valeurs trop élevées en dioxine.
Du plomb dans le gibier
Le plomb, présent en quantité importante dans le gibier à cause des projectiles, peut créer des dommages importants au fœtus (risques de déficits psycho-intellectuels et psychomoteurs), c’est pourquoi il ne faudrait pas en manger plus de deux portions (max. 400 g) par semaine.
Autres conseils de bon sens
De manière générale, il est aussi essentiel d’adopter une bonne hygiène dans sa cuisine, de conserver les denrées à une température adéquate et de respecter les dates limite de consommation. Naturellement, on se lavera soigneusement les mains avant de préparer à manger et de passer à table.