Stérilisation: «Notre but est que tout soit toujours parfait»

Dernière mise à jour 13/10/20 | Article
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Le travail du Service de stérilisation des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) sort rarement de l’ombre. Pourtant, ses missions sont capitales pour le bon fonctionnement de l’hôpital. Visite de ces locaux remplis de puissantes machines en compagnie d’Audrey Piégay, responsable de secteur.

Le ronronnement des laveurs-désinfecteurs se mêle à de puissants jets de vapeurs. Par-dessus, on entend un cliquetis semblable à celui de la vaisselle qui s’entrechoque, ainsi que la manipulation de lourds chariots. Le niveau sonore est sans doute ce qui frappe le plus lorsqu’on arrive au Service de stérilisation. C’est dans cet environnement que s’activent 77 assistantes et assistants techniques en stérilisation (ATS) 24h/24, 365 jours par an. Leurs missions? Nettoyer, conditionner et stériliser, dans les meilleurs délais et selon les normes de qualité les plus pointues, les instruments chirurgicaux des blocs opératoires, des différents services, mais aussi de la Clinique universitaire de médecine dentaire, des soins à domicile, ou encore d’autres institutions extérieures.

Des protocoles stricts

«Toute notre organisation repose sur le principe de la “marche en avant ”, régie par les bonnes pratiques qu’impose la certification ISO 13485, explique Audrey Piégay, responsable de secteur. Depuis leur sortie du bloc opératoire, les dispositifs médicaux suivent un cheminement protocolé qui ne va que dans un seul sens.» Les ATS récupèrent les instruments chirurgicaux dès la sortie du bloc pour les plonger dans une solution détergente et désinfectante, puis les ramènent au service pour les préparer au lavage. Il faut nettoyer manuellement les dispositifs creux et démonter certaines pièces avant de les placer minutieusement dans des plateaux. Le cycle de lavage, com- prenant des étapes de désinfection chimique et thermique, dure plus d’une heure.

A la sortie des laveurs-désinfecteurs, un·e ATS réalise un premier contrôle de propreté des instruments, qui sont vérifiés individuellement puis conditionnés dans des plateaux selon les listings et protocoles en vigueur, ainsi que les différentes spécialités chirurgicales: gynécologie, pédiatrie, orthopédie, cardiothoracique, etc. Ces plateaux sont ensuite stérilisés à la vapeur d’eau saturée dans des machines appelées autoclaves.  Ces appareils, qui ressemblent à de grands fours, effectuent plusieurs vides d’air avant de monter en pression et atteindre une température de 134 degrés durant 18 minutes. Les dispositifs médicaux sont ainsi exempts de micro-organismes viables.

Les instruments ne supportant pas la chaleur sont stérilisés par d’autres procédés, comme la diffusion de vapeur de peroxyde d’hydrogène ou d’oxyde d’éthylène. «Cela concerne notamment des appareils fragiles et complexes, tels que les optiques du robot da Vinci, des endoscopes souples ou des cahiers et peluches pour les enfants hospitalisés en milieu confiné», précise  Audrey Piégay.

Une traçabilité garantie

Le processus de stérilisation est ultra-contrôlé de bout en bout : chaque machine se met en alarme et s’arrête en cas de dysfonctionnement. A la fin du cycle, les autoclaves produisent un graphique contrôlé par les ATS qui atteste de la conformité et de la qualité du processus. L’utilisation de sondes embarquées, indépendantes de l’autoclave, offre un troisième contrôle.  Un logiciel de traçabilité permet en outre de connaître l’intégralité du retraitement des dispositifs médicaux. «Nous pouvons reconstituer le parcours de chaque plateau, set ou instrument individuel, de la sortie des salles d’opération jusqu’à la livraison dans les différents services ou blocs opératoires», note la responsable.

L’ensemble du retraitement des dispositifs médicaux est un moyen de lutter contre les maladies nosocomiales. «Notre but est que tout soit toujours parfait, observe Audrey Piégay. La santé des patientes et des patients en dépend, nous n’avons pas le choix! Avec la traçabilité des processus, il ne peut pas y avoir d’erreur sur la garantie et la conformité de retraitement des dispositifs médicaux.»

Si des erreurs surviennent, c’est plutôt dans la recomposition des plateaux chirurgicaux: des instruments peuvent manquer ou avoir été endommagés lors de l’intervention. Il peut également être difficile de respecter des délais très courts, en particulier lorsque les urgences s’accumulent: «Cela représente notre plus gros stress. Nous avons des délais incompressibles. Un cycle complet pour un plateau d’instrumentation dure au minimum 3h30. C’est parfois compliqué de l’expliquer à l’équipe chirurgicale qui a besoin des plateaux opératoires plus vite que prévu.» La responsable confie également que le métier d’ATS est «technique, physiquement difficile, avec des gestes répétitifs. Il est important de mettre en évidence le professionnalisme des ATS, de même que de pré- server leur santé et leur bien-être sur le long terme.» 

La stérilisation des Hôpitaux universitaires de Genève en chiffres

77 collaborateurs et collaboratrices

9 autoclaves  (dont 5 «vapeur»,  2 «oxyde  d’éthylène»  et 2 «vapeur  de peroxyde  d’hydrogène»)

1’413’649 produits stériles fabriqués et retraités en 2019

1’000 m2 de locaux

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Article repris du site  pulsations.swiss

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