Pharmacien ou médecin: à qui s’adresser pour les bobos du quotidien?

Dernière mise à jour 26/01/23 | Article
VS22_pharmacien_medecin_quotidien
Petites blessures, piqûres d’insectes, maux de gorge, boutons… Ces petits désagréments courants ne nécessitent pas forcément une visite chez le médecin, mais ils peuvent toutefois requérir l'œil d’un professionnel. Les pharmacies sont alors là pour dispenser conseils, premiers soins et même traitements. Mais jusqu’à quel point? Éléments de réponse.

On connaît bien les pharmacies en tant que commerces de proximité où l’on peut retirer sa prescription médicale ou se fournir en antidouleurs sans ordonnance. Mais au-delà de la vente de médicaments, les pharmaciens, on le sait moins, sont également habilités à pratiquer des gestes médicaux et à donner de précieux conseils de santé: «Les études en pharmacie ont bien évolué ces dernières années, explique Matthieu Goldschmidt, pharmacien responsable de la pharmacieplus de l’Île à Rolle et membre du comité de la Société vaudoise de pharmacie. Les pharmaciens sont par exemple habilités à pratiquer la vaccination, mais également à dispenser des mini consultations qui permettent de résoudre des problèmes bénins comme des infections urinaires ou des conjonctivites.»

De plus, certains médicaments qui étaient auparavant disponibles uniquement sur ordonnance peuvent désormais être délivrés par un pharmacien à la suite d'une courte consultation en officine. Ces changements, qui relèvent d’une intention politique, visent à donner plus de compétences aux pharmacies afin de décharger les médecins de premiers recours et les services d’urgences, de plus en plus saturés. En effet, une étude de la Fédération romande des consommateurs (FRC) datant de 2021 alerte sur la pénurie actuelle de médecins de premier recours, qui risque de s’aggraver dans les années à venir. 

Un changement d’habitudes

Face à cette situation préoccupante, les pharmacies apparaissent comme une solution indispensable. Un changement d’habitudes s’observe d’ailleurs déjà chez les usagers, qui adoptent de plus en plus le réflexe de s’adresser d’abord à leur pharmacie. «Le Covid a participé à changer le regard des gens sur les pharmacies, remarque Matthieu Goldschmidt. Nous avons été très sollicités pour les tests de dépistage et la vaccination. Et pendant les périodes de semi-confinement, nous étions parfois parmi les seuls commerces ouverts, ce qui a renforcé notre rôle.»

Dépistages du diabète ou de carences en fer, vaccins contre la grippe ou contre l’encéphalite à tique, ces services se pratiquent de plus en plus en pharmacie et les patients en redemandent. «Aujourd’hui, avec les appareils connectés et les applications pour smartphone, la santé devient une préoccupation quotidienne pour beaucoup de gens, qui apprécient de connaître leur taux de cholestérol ou de sucre. Il est donc important que les personnes puissent accéder à ce genre d’informations dans un cadre où un conseil professionnel peut être prodigué», relève le pharmacien.

Et les pharmacies s’adaptent à ces nouveaux besoins. Elles communiquent plus intensément sur les campagnes de dépistage ou de vaccination et aménagent leurs locaux pour prévoir des espaces confidentiels ou des cabines de consultation. Progressivement, elles deviennent des mini centres de santé. 

Alors médecin ou pharmacien?

Devant ce changement de pratique, comment savoir vers qui se tourner en cas de souci de santé? Peut-on se rendre à la pharmacie quel que soit le problème? «Bien sûr, en cas d’urgence vitale, il faut toujours contacter le 144 ou se rendre directement au service d’urgences le plus proche», conseille le pharmacien. Mais pour des cas plus bénins, comme une infection urinaire ou une conjonctivite, la pharmacie peut être une première étape avant de se rendre, si nécessaire, chez un médecin. «Dans le doute, on peut toujours commencer par la pharmacie. Nous sommes formés au triage et sommes en mesure d’analyser ce qui peut être pris en charge sur place ou ce qu’il est nécessaire d’orienter vers un médecin ou vers les urgences.»

Avec leurs horaires étendus et leur facilité d’accès, les pharmacies sont donc une vraie porte d’entrée dans le système de santé qui permet un accès rapide à un professionnel médical, là où obtenir un rendez-vous chez un médecin relève parfois du parcours d’obstacles. «Le rôle du pharmacien est complémentaire à celui du médecin de famille», note l’expert. Un service de proximité qui peut donc permettre à des personnes qui n’ont pas de médecin de famille, ou pour qui une dépense de soins serait trop coûteuse, de recevoir des conseils dans un délai rapide et à moindre coût.

Qui paye?

Le conseil en pharmacie coûte moins cher qu’une consultation chez un médecin. Mais qui paye la facture? Dans le cadre de campagnes de dépistage cantonales (comme pour le cancer du côlon dans le canton de Vaud par exemple), les tests sont pris en charge par le canton. Mais la plupart des prestations fournies en pharmacie ne sont pas remboursées par l’assurance de base et les pharmacies n’ont pas encore la possibilité de facturer aux assurances. C’est donc le patient qui paye directement sa consultation ou son traitement en pharmacie. Avec un coût qui reste moins élevé qu'un rendez-vous en cabinet, la pharmacie représente toutefois un avantage pour les patients qui ont une franchise élevée, notamment.

_________

Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2022.

Articles sur le meme sujet
PS55_itw_sophie_pautex

«Améliorer toujours plus la qualité des soins est une priorité»

La Pre Sophie Pautex, médecin-cheffe du Service de médecine palliative des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), a été élue présidente du Collège des cheffes et chefs de service des HUG en janvier dernier. Première femme à occuper ce poste, elle fait le point sur les rôles de cette organisation, mais aussi sur les défis personnels qui l’attendent et les missions qu’elle s’est fixées. Le tout avec un objectif en tête: une prise en charge toujours plus centrée sur la qualité des soins prodigués aux patients.
PULS_rencontre_ageron_gayet

Dans la recherche aussi, le Covid aggrave les inégalités

La Pre Angèle Ageron-Gayet, médecin adjointe agrégée au Service d’épidémiologie clinique des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et professeure au Département de santé et médecine communautaires de l’Université de Genève, s’intéresse à la participation des chercheuses dans la production scientifique.
PULS_materiovigilance

La matériovigilance veille sur nous

De la simple compresse au respirateur, rien ne doit échapper à l’équipe de matériovigilance des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) pour assurer la sécurité des patient·es. Dix secteurs clés de l’hôpital y contribuent également, évitant ainsi des préjudices graves aux personnes soignées.
Videos sur le meme sujet

Grande invitée: Emma Perez, étudiante en 5ème année de médecine

Tous les vendredis, "CQFD" reçoit un homme ou une femme de science pour parler de son travail et de ses recherches.

Réduire les soins inappropriés à lʹhôpital pour baisser les coûts

Lutter contre la surmédicalisation et lʹusage de soins inappropriés pour faire baisser les coûts de la santé, c'est la piste lancée au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).

En direct de la Clinique romande de réadaptation

Dans certains cas de maladie ou d'accident, un séjour en hôpital ne suffit pas.