Reprise d'un cabinet: un cas «conte de fée»
La rencontre
Alexandra Reber:
«C’est au cours de ma première année d’assistanat que j’ai croisé le Dr Rieber pour la première fois. Il était le plus polyvalent des médecins à qui j’avais à faire, ce qui m’a tout de suite attiré, c’était cette la diversité des prises en charge.»
François Rieben:
«Lors de son premier stage chez nous, j’ai tout de suite vu qu’Alexandra était extrêmement compétente et qu’en plus, elle voulait faire de la médecine pratique. Le timing était bon, j’ai fait un pari et ça a payé.»
Le choix
Alexandra Reber:
«Avoir la possibilité de pouvoir aussi faire de l’urgence m’a décidée. C’est une manière de rester à la page et de garder le contact avec les nouveautés médicales. Pour moi, pouvoir mêler médecine générale à une pratique aiguë, c’était la situation idéale.»
François Rieben:
«Je dois bien avouer qu’au-delà de l’entente personnelle, il y a eu un calcul personnel. Je m’approchais de l’âge de la retraite, il fallait s’organiser. Quand j’ai croisé la route d’Alexandra, je me suis dit c’est maintenant ou jamais et j’ai saisi l’occasion.»
L’argent
Alexandra Reber:
«Quand on choisit d’être médecin généraliste, c’est plus la diversité du métier qui doit attirer que l’argent. On gagne évidemment moins que certains spécialistes, mais je pense que c’est plus riche humainement. Je demande juste à gagner ma vie correctement, l’argent n’a jamais été une priorité pour moi.»
François Rieben:
«Je pense que ce n’est pas le point central pour attirer une relève, contrairement à ce qu’on lit partout. Pour les nouveaux médecins généralistes, ne pas être isolés et pouvoir échanger avec des pairs me semblent déterminant. C’est ce que la proximité de l’Hôpital de la Tour offre ici.»
La pénurie
Alexandra Reber:
«Il me semble que beaucoup de mes collègues vont s’installer comme généralistes. Le problème, c’est qu’il faudra bien gérer les effectifs dans les Hôpitaux. Parce que là, nous ne sommes déjà pas assez.»
François Rieben:
«Le moratoire a permis aux Hôpitaux de garder et de former des urologues, des radiologues, etc. Au moment de la levée de la limitation, ces spécialités n’ont donc pas eu de problèmes à trouver une relève. Pour les généralistes, surtout dans ce qu’on appelle la “périphérie”, c’est le contraire. On a toujours dit qu’on était trop, ce qui fait qu’on a limité l’accès à cette formation. Aujourd’hui, on ne peut plus remplacer ceux qui partent, et on est obligé de recruter à l’étranger pour couvrir nos besoins.»
Les doutes
Alexandra Reber:
«Ma crainte, c’est de savoir si les patients vont rester ou s’ils vont aller chez un autre médecin. Mais, par rapport à d’autres de mes collègues, je n’ai déjà pas la peur de voir venir personne. Au début, c’est dur de se créer une patientèle.»
François Rieben:
«Quand vous faites de la médecine générale, vous faites des stages dans plusieurs spécialités. Le risque, c’était qu’au cours de ces sept ans, Alexandra décide tout à coup de changer de cap.»
Les espoirs
Alexandra Reber:
«A Genève, le Professeur Perrier a crée des filières de formation. Il faudrait aller dans le même sens pour les reprises de cabinets. Cela se prépare souvent deux ou trois ans à l’avance. Il faudrait encore plus connecter les médecins entre eux pour organiser des installations cohérentes.»
François Rieben:
«C’est quand on s’arrête de travailler qu’on devient réellement médecin. Il y a le savoir technique et le savoir être. Comme nous allons continuer à collaborer un moment avec Alexandra, j’espère pouvoir transmettre cette expérience de praticien que l’on n’apprend pas dans les livres. Et cet échange intergénérationnel me permettra en plus de profiter des connaissances techniques incroyablement pointues de ma jeune collègue. Que demander de plus!»