«Maisons de santé: on ne peut plus imaginer faire sans»
Dr Jacques Meizoz Nous traitons en permanence un grand flux de patients dans un canton rural avec une faible densité médicale. Faire face aux besoins de la population en termes de soins médicaux de base est un grand défi. Il faut conjuguer disponibilité, proximité, responsabilité et larges compétences. Nous devons renforcer le rôle central du médecin traitant et améliorer la communication entre les différents professionnels pour que le patient soit mieux accompagné dans son parcours de soins.
Les maisons de santé sont-elles une solution?
Oui. Elles apparaissent comme une bonne réponse en termes de médecine de base. Ce sont des structures généralement développées autour d’un noyau de médecins de famille qui tissent des collaborations étroites avec différents professionnels réunis sur un même lieu. Elles entretiennent également un lien fort avec un réseau de spécialistes et sont devenues, en quelques années, essentielles dans certaines zones du Valais. On ne peut plus imaginer faire sans.
Comment sont-elles nées?
Elles se développent depuis une dizaine d’années pour répondre à la difficulté de trouver des remplaçants pour les médecins généralistes. Les jeunes médecins ne voulaient plus travailler dans les mêmes conditions ni de la même manière que l’ancienne génération. Certains ont alors eu l’idée de se rassembler dans une structure de soins plus grande pour rendre les conditions d’exercice plus attractives. Cela a fonctionné et permis de renouveler largement les effectifs de jeunes médecins, même s’il manque encore des forces.
La collaboration entre soignants y est particulièrement favorisée…
Oui, c’est le but de ces structures. Pour lutter contre le désert médical qui gagne du terrain dans les régions périphériques et même urbaines, il a fallu repenser le mode de fonctionnement des cabinets individuels. Les maisons de santé peuvent regrouper 10, 20, voire 30 professionnels de santé, qui se partagent les tâches dans une organisation plus souple. Tous se connaissent, échangent, communiquent sur les dossiers. Il y a une plus grande disponibilité pour le patient et souvent un médecin de garde qui assure les consultations journalières pressantes.
Quelles limites rencontrez-vous?
Il est primordial que ces maisons de santé soient développées et tenues par des médecins de famille. L‘article constitutionnel de 2014 sur les soins médicaux de base affirme que la médecine de famille en est la composante essentielle. Une limite majeure réside encore dans la difficulté de recruter de nouveaux médecins, car il en manque en Suisse et nous n’en formons pas encore assez.
Trois grandes Maisons de santé en Valais
En 10 ans, la région a vu fleurir plusieurs établissements, nés de la réflexion conjointe de médecins de toutes générations et avec le soutien des autorités politiques locales.
Maison de la santé du Grand Entremont (Sembrancher)
C’est historiquement la pionnière, ouverte en 2016 dans une région périphérique. Elle regroupe les médecins de famille des vallées, accueille des consultants spécialisés et assure la médecine d’urgence pré-hospitalière dans les vallées des Dranses.
Maison Santé Chablais (Collombey)
Cette grande structure, ouverte en 2017 dans une région semi-urbaine, regroupe plus de 30 professions de la santé autour d’un noyau de médecine de famille.
Maison de la Santé du Haut-Lac (Vouvry)
Depuis 2018, elle réunit des médecins de premier recours et des spécialistes pour offrir à la population de la région un lieu de soins de santé primaires interdisciplinaire : médecine générale, pédiatrie, gynécologie-obstétrique, etc.
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Paru dans Planète Santé magazine N° 35 – Spécial Salon valaisan de la santé – Octobre 2019