DRG: Trois questions au Dr Hervé Spechbach
Qu’est-ce qu’un DRG?
Hervé Spechbach: DRG signifie Diagnosis Related Group. Il s’agit de regrouper sous forme de code toutes les hospitalisations. Ces codes sont basés, pour une maladie, sur la classification internationale de l’OMS, et pour l’acte chirurgical selon la classification suisse des interventions chirurgicales (CHOP). En Suisse, le DRG est choisi à la fin de l’hospitalisation. Il correspond aux traitements qui ont mobilisé le plus de ressources. Il s’agit d’un forfait moyen par cas «all inclusive» qui n’est pas la somme du nombre d’actes effectués, ni celle du nombre de journées d’hospitalisation. Divers facteurs pondèrent le forfait. Le système est défini par canton et est adaptable au cours du temps.
Quels buts visent cette réforme?
Il s’agit de donner à la Suisse un système unifié. Par la force des choses, cette réforme permettra donc de comparer les coûts par hôpitaux avec davantage de transparence. Pour les hôpitaux et les politiques de la santé, elle permettra également de calculer le nombre de cas par groupe de maladies. Ces analyses statistiques permettront certainement de calculer une masse critique par centre hospitalier et donc de définir la liste des maladies qu’un centre hospitalier a intérêt à prendre en charge, en prenant en compte les spécificités de chaque prestataire de soins.
Après neuf mois de gestation de ce système, quel regard y jetez-vous?
D’un point de vue conceptuel, notamment dans un pays confédéré, je pense que l’on peut saluer une volonté d’unifier au niveau national la facturation hospitalière. SwissDRG SA est une institution publique commune des fournisseurs de prestations, des assureurs et des cantons. Les SwissDRG permettront probablement d’analyser les coûts et d’envisager une répartition territoriale des prestations. Il est toutefois clair que ce système présuppose que les centres hospitaliers ou les cliniques privées ne fassent pas un tri des patients selon une loi de rendement maximal, qui chercherait à capter les patients qui coûtent le moins cher, laissant les cas compliqués aux hôptiaux publics qui se trouveraient lésés.
Reste aussi le problème des cliniques privées. En échange des soutiens financiers publics, doivent-elles participer à la formation, à la recherche ainsi qu’à l’enseignement? Doivent-elles offrir un service public d’urgences? Le débat est ouvert.