La dénervation rénale pour lutter contre l’hypertension
L’hypertension artérielle est un des risques majeurs d’accident cardiovasculaire et un véritable problème de santé publique concernant entre 20 et 50% de la population générale dans les pays industrialisés. Cette pathologie demeure la cause la plus importante de mortalité dans le monde, soit 7 millions de décès chaque année avec une mortalité cardiovasculaire doublée à chaque augmentation de la pression artérielle de 20/10 mmHg.
«Il ne faut pas se tromper, l’hypertension systémique demeure un grave problème où le cœur représente une des "victimes" des valeurs de pression trop élevée, explique le Pr Pascal Meier, Médecin Chef en médecine interne.
Ceci dit, essayons d’y voir plus clair pour mieux comprendre le mécanisme de l’hypertension. Sans entrer dans les détails, il faut retenir que cette pathologie est issue de mécanismes rénaux générant une pression artérielle trop importante. «Il s’agit en fait d’une libération excessive de l’une des hormones du rein appelée la rénine, suite entre autres à l’activation du système nerveux rénal, précise le Pr Meier. Libérée dans le sang, la rénine provoque une contraction des artères et, par voie de conséquence, une augmentation de la pression responsable de l’accroissement des risques d’AVC, d’infarctus du myocarde, d’arythmie cardiaque, d’insuffisance cardiaque et d’insuffisance rénale.»
Plusieurs traitements peuvent être prescrits pour lutter contre l’hypertension: perte de poids, activité physique, diminution de la consommation de sel et d’alcool, médicaments. Ces traitements s’avèrent efficaces dans seulement 48 à 62% des cas. On remarque dès lors qu'il n'est pas facile d'obtenir un contrôle optimal de la pression artérielle chez chaque malade, même en étant un médecin motivé et expérimenté et en disposant d'un large arsenal thérapeutique. Finalement, la fréquence d’hypertension dite réfractaire représente moins de 10% de la population.
Un nouveau procédé prometteur
Utilisée en clinique depuis 2010, la dénervation rénale ouvre de nouvelles perspectives prometteuses. Grâce à l’introduction par l’artère fémorale d’un cathéter pourvu d’une électrode à son extrémité, on agit directement sur les nerfs du rein en le «chauffant» brièvement par des ondes de basse fréquence. Cela a pour effet de neutraliser le système nerveux des deux reins et de diminuer ainsi la libération de rénine. Le résultat: la pression artérielle diminue de 30 mmHg en moyenne.
Ces résultats encourageants ont permis au Dr Grégoire Girod d’opérer pour la première fois en Valais deux patients souffrant d’hypertension réfractaire avec cette technologie prometteuse. «L’opération s’est très bien déroulée, annonce le Dr Girod. Elle ouvre de nouvelles perspectives intéressantes pour les patients hypertendus qui répondent aux critères nécessaires pour bénéficier d’un tel geste.»
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Hypertension artérielle
On parle d'hypertension artérielle lorsque la pression systolique est supérieure à 140 millimètres de mercure (mmHg) et/ou lorsque la pression diastolique est supérieure à 90 mmHg.