Le cancer des testicules reste rare, mais il progresse
De quoi on parle?
L’ancien joueur de l’équipe nationale de foot Andy Egli vient de révéler qu’il a un cancer du testicule. «Le diagnostic a été posé il y a quelques semaines, a déclaré l’ancien défenseur. Je suis actuellement une chimiothérapie et je me suis rasé les cheveux. Ils allaient tomber de toute façon.»
«Compte tenu des circonstances, je vais très bien», a affirmé Andy Egli, qui estime à 90% ses chances de survie. Il a raison d’être confiant, car le taux de guérison du cancer du testicule est très élevé.
L’ancien joueur de l’équipe nationale de football Andy Egli a révélé souffrir d’un cancer du testicule. Une affection rare, qui ne représente en effet que 1 à 2% des cancers, tous organes et tissus confondus (en Suisse, seuls quelque quatre cents hommes sont diagnostiqués chaque année). Fort heureusement pour lui, il a de très fortes chances d’en guérir, car ce cancer est de ceux qui ont un très bon pronostic.
A 57 ans, Andy Egli paraît malgré tout un peu âgé pour souffrir de ce type de tumeur. «Nous observons deux pics, l’un entre 20 et 25 ans, l’autre en 45 et 50 ans», constate Arnaud Roth, responsable de l’unité des tumeurs digestives au service d’oncologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). A une moindre mesure, les enfants ne sont pas épargnés: le cancer peut aussi toucher, de manière exceptionnelle, les très jeunes enfants entre 1 et 2 ans et un peu plus fréquemment les plus de 14 ou 15 ans. «Chez les adolescents, le type de tumeur ressemble d’ailleurs plus à celui des jeunes adultes», précise Fabienne Gumy Pause, médecin adjoint dans l’unité d’onco-hématologie pédiatrique aux HUG.
Il est utile de se palper régulièrement
Ce cancer ne provoque en général pas de douleur. Il se manifeste essentiellement par une «induration», c’est-à-dire par la présence d’une masse dure dans le testicule malade. C’est pourquoi Arnaud Roth conseille aux hommes «de se palper une fois tous les un ou deux mois sous la douche, car sous l’eau chaude, le scrotum est plus détendu» et, en cas de suspicion, d’aller consulter son médecin. Si la maladie est dépistée de manière précoce, son pronostic est excellent. «Le taux de guérison atteint 95% pour les tumeurs localisées et il est même de 70 à 80% lorsqu’il y a des métastases.»
Le traitement passe obligatoirement par l’ablation chirurgicale de la glande génitale affectée (il est très rare que les deux le soient). «C’est la règle, car le testicule atteint reste un sanctuaire de cellules cancéreuses. S’il n’est pas ôté, il y a un important risque de récidive», explique l’oncologue. A l’issue de cette intervention simple et qui ne nécessite qu’une courte hospitalisation, les hommes qui le souhaitent peuvent se faire poser une prothèse. Au même titre que les femmes après un cancer du sein, ils souhaitent retrouver leur intégrité physique. Lorsque le cancer est localisé, une simple surveillance peut suffire. Sinon, selon la forme que prend la tumeur, on a recours à une chimiothérapie ou parfois à une radiothérapie.
Facteurs familiaux
Pourquoi certains hommes développent ce type de cancer? Il est difficile de le savoir, car on n’en connaît pas les causes. Seule certitude: les enfants dont les testicules ne sont pas –ou insuffisamment– descendus dans le scrotum ont un risque très accru de le développer à l’adolescence ou à l’âge adulte. Il est donc important dans ces cas-là «d’intervenir avant la puberté et de faire descendre le testicule incriminé», souligne Arnaud Roth. «Selon les recommandations actuelles, il faudrait même le faire avant 18 mois», ajoute Fabienne Gumy Paume.
Certains médecins incriminent également des facteurs familiaux, «car le risque semble plus grand quand le père ou un frère souffre de ce cancer», ajoute la spécialiste d’oncologie pédiatrique. Mais sur ce point, les avis sont partagés.
Reste que depuis la moitié du XXe siècle, le nombre de cas augmente dans tous les pays industrialisés, et surtout dans les pays nordiques, plus touchés que ceux d’Europe du Sud. Les produits chimiques présents dans l’environnement ont aussitôt été pointés du doigt. Parmi les principales substances mises en cause, les pesticides, mais aussi les métaux rejetés par l’industrie (zinc, cadmium et nickel) ou certaines matières plastiques (comme le PVC).Toutes peuvent en effet être des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire des produits qui bloquent ou imitent l’action des hormones.
Des répercussions essentiellement psychologiques
Le cancer du testicule et sa prise en charge ont un impact assez faible sur la fertilité des hommes privés d’une des deux glandes génitales. Avant de les soumettre à une chimiothérapie, on prend malgré tout soin de prélever du sperme aux jeunes adultes et aux ados pubères, afin de leur permettre d’avoir plus tard des enfants. Cependant, la chimiothérapie étant généralement de courte durée, «plus de 50% des hommes retrouvent leur fertilité deux ans après leur traitement et les trois quarts cinq ans après», précise Arnaud Roth, responsable de l’unité des tumeurs digestives au service d’oncologie des Hôpitaux universitaires de Genève.
Quant à la sexualité, d’après l’oncologue, elle ne serait pas affectée. «Certains de mes patients, qui avaient pourtant reçu des traitements sévères, m’ont affirmé qu’ils n’en avaient ressenti aucune conséquence sur leur libido.»
En revanche, la maladie peut avoir de sérieuses répercussions sur le plan psychologique. «Généralement, les jeunes hommes n’ont pas de gros problèmes pendant leur traitement», constate Arnaud Roth. C’est une fois qu’ils en sont sortis que leurs soucis se manifestent. Les réactions varient selon l’âge des patients. «Les moins de 22 ans se remettent en question et, souvent, ils ont un passage à vide sur le plan scolaire.» Les plus âgés, eux, «se sentent surtout décalés par rapport à leurs contemporains, car le fait d’avoir souffert d’une maladie potentiellement mortelle a accéléré leur maturité». Ils voient donc la vie différemment, comme tous les jeunes qui ont dû affronter une grave maladie.
Des résultats contradictoires
De très nombreuses études ont donc été faites dans le monde pour rechercher un lien de cause à effet, mais leurs résultats sont contradictoires et aucune conclusion nette ne s’en dégage. «Il est très difficile de s’y retrouver dans la littérature scientifique, résume Fabienne Gumy Pause. S’il y avait quelque chose de clair, cela se saurait.»
Arnaud Roth est du même avis. L’oncologue souligne que, si elles existent, les associations entre des produits chimiques et le cancer du testicule «ne peuvent qu’être faibles. Compte tenu du petit nombre d’hommes affectés, même les outils statistiques les plus performants auront du mal à les mettre en évidence.» Il faut donc se faire une raison: on en est encore réduit aux suppositions.