Cancer pédiatrique: «Nous offrons à nos patients le résultat de nos découvertes»
Le cancer est une maladie qui fait particulièrement peur, d’autant plus lorsqu’elle touche l’enfant.
Pr Marc Ansari Oui, car le cancer est une maladie grave qui suppose l’existence d’une tumeur ayant la capacité de voyager dans le corps et de faire des métastases. Et les traitements sont souvent importants et longs. Heureusement, il est rare chez l’enfant. En Suisse, on recense entre 250 et 300 nouveaux cas chaque année, dont environ 40 à Genève. A cela il faut ajouter une dizaine de transplantations de cellules souches et les cas d’hématologie (maladies du sang non cancéreuses). Cela représente près de 4’000 consultations par an aux HUG en pédiatrie.
En quoi les cancers pédiatriques sont-ils particuliers?
Il y a des maladies cancéreuses qui n’existent que chez l’enfant ou que chez l’adulte. Le mot «cancer» désigne plusieurs maladies qui diffèrent par leur comportement et leur profil génétique. Leur pronostic est également très variable selon l’âge. Dans les pays industrialisés, 80% des enfants atteints de cancer survivent, et plus de 90% en cas de leucémie. A l’autre extrême, il y a des cancers très agressifs, comme le gliome infiltrant du tronc cérébral (une tumeur cérébrale), qu’on n’arrive pas à soigner. Les traitements anticancéreux ne sont souvent pas délivrés avec la même intensité chez l’enfant. La problématique émotionnelle et familiale est aussi très différente. Apprendre que son enfant a un cancer est un vrai tsunami. Cela bouleverse la vie familiale à tous les niveaux et génère beaucoup de culpabilité. Il faut un réseau social et familial fort et un couple soudé. La fratrie paie également un lourd tribut. Grâce au soutien de la Fondation Children Action, nous allons mettre en place cette année des thérapies familiales ciblées pour aider les familles. Enfin, l’enfant ne peut pas affronter seul la maladie. Pourtant, la loi n’offre qu’une semaine de congé aux parents d’enfants malades, alors que les traitements durent souvent plusieurs années.
Vous avez créé et dirigez la Fondation Cansearch. Quels sont ses buts?
L’oncologie et l’hématologie pédiatrique sont des domaines souvent oubliés par l’industrie pharmaceutique. Nous avons créé la Fondation Cansearch pour soutenir la recherche et trouver de nouvelles solutions. Prenons l’exemple de la transplantation de cellules souches hématopoïétiques pour sauver des enfants souffrant de leucémies. Dans 10 à 20% des cas, on perd l’enfant au cours et même à cause du traitement. Si l’enfant guérit de son cancer, il en paie souvent le prix car les traitements sont très toxiques et peuvent aussi avoir un impact à long terme. Or, un enfant a toute une vie devant lui. On doit réduire la toxicité des traitements pour améliorer ses chances de survie et sa qualité de vie future. C’est pour poursuivre ces objectifs que nous avons créé la première plateforme de recherche d’hématologie et d’oncologie pédiatriques (Cansearch Research Laboratory) à Genève en partenariat avec les HUG et l’Université.
De quelle façon se nouent ces collaborations?
Lorsqu’on ne comprend pas une situation clinique, on soumet le cas au laboratoire de recherche et on peut démarrer une étude si nécessaire grâce aux différents soutiens publics et privés. Il y a une rapidité d’exécution hors pair. Les interactions entre clinique et recherche sont constantes et nous permettent d’individualiser les traitements de nos patients.
Quels sont les axes de recherche les plus prometteurs aujourd’hui?
Les thérapies immunologiques, où on modifie génétiquement les cellules de l’enfant pour qu’elles puissent se retourner contre le cancer et le combattre quand on les réinjecte. J’ai administré le traitement au premier enfant suisse en Allemagne. Il est le plus jeune au monde à avoir reçu cette thérapie (CAR T cell-Kymriah) innovante. A la Fondation Cansearch, beaucoup de développements en génétique ont été réalisés pour adapter les doses de certains médicaments afin d’en réduire la toxicité. Nous avons également démontré dans une étude, parue dans le New England, une diminution du risque de surdité liée à la chimiothérapie dans le cas du cancer du foie. C’est très prometteur.
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Article repris du site pulsations.swiss
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