Peut-on se passer des implants mammaires?
La polémique autour des prothèses mammaires frauduleuses produites par la société Poly Implant Prothèse (PIP) a semé la confusion chez les femmes porteuses d’implants. Même si les conclusions d’un groupe d’experts mandatés par l’Institut national du cancer en France (avis PIP, 22.12.20111) se sont avérées plutôt rassurantes, la méfiance reste de mise. Existe-t-il une alternative à la pause d’implants? Explications du professeur Brigitte Pittet-Cuenod, médecin-cheffe du service de chirurgie plastique, reconstructive et esthétique des HUG.
Après un cancer, il est possible de reconstruire le sein avec des tissus prélevés sur la patiente elle-même. Comment procède-t-on?
Brigitte Pittet-Cuenod: Des parcelles de peau et de graisse peuvent être prélevées dans différents endroits du corps et utilisées pour la reconstruction du sein. Suivant le site du prélèvement, les vaisseaux nourriciers assurant la vascularisation du tissu transféré seront sectionnés et suturés au niveau du thorax en utilisant des techniques microchirurgicales. Cela est valable pour les lambeaux de l’abdomen ou de la cuisse. Dans le cas du lambeau du dos, les vaisseaux étant suffisamment proches, ils pourront rester connectés. Ces méthodes permettent de reconstruire un sein très naturel, mais laissent des cicatrices aux sites de prélèvement.
Peut-on appliquer ces techniques à la chirurgie esthétique?
Dans le cadre d’une augmentation mammaire il n’y a pas besoin de peau, on pourrait donc théoriquement utiliser les mêmes techniques, en enlevant l’épiderme du lambeau prélevé. Mais ces opérations représentent 5-8 heures d’opération, ce qui est beaucoup trop important pour une intervention esthétique. D’autant plus qu’il faut opérer des deux côtés, ce qui allonge considérablement le temps d’intervention. Par ailleurs, dans cette indication, la patiente n’accepterait pas les cicatrices provoquées par les prélèvements.
L’utilisation de tissu graisseux, prélevé par liposuccion, est-elle possible?
Cette technique, appelée lipofilling, est utilisée depuis longtemps dans la chirurgie esthétique, au niveau du visage par exemple. Les cellules graisseuses sont aspirées, à l’aide d’une seringue, au niveau du ventre, des fesses ou des cuisses. Elles sont centrifugées pour éliminer le sang et les cellules abîmées. On les réinjecte ensuite en fines gouttelettes, de façon à ce qu’elles soient revascularisées et reprennent vie. En ce qui concerne le sein, cette technique a été d’abord utilisée pour la reconstruction. Cela s’est fait dans le cadre de protocoles d’étude, visant à s’assurer de son innocuité. Les premières études permettent de dire que le lipofilling ne semble pas avoir d’incidence sur les récidives de cancer. Aujourd’hui, cette technique commence à être largement utilisée pour l’augmentation mammaire. Mais la démonstration de son innocuité dans cette indication n’ayant toujours pas été faite, nous ne la proposons pas dans nos services.
Ne restent alors que les prothèses?
Malgré la tempête médiatique autour des implants PIP, qui à mon sens a fait plus de mal que de bien aux patientes, les prothèses restent le moyen le plus sûr. Les normes européennes, pour autant qu’elles soient suivies, demandent notamment que le silicone utilisé dans ces prothèses soit cohésif, ainsi il ne coule pas s’il y a une rupture de l’enveloppe.
Existe-t-il des méthodes moins orthodoxes?
Certains injectent directement du collagène dans le sein, ou de l’acide hyaluronique mais ces techniques ne sont pas recommandées. Les injections de silicone sont interdites chez nous, mais se pratiquent en Chine par exemple. En Russie, on implantait de la graisse de cadavre. Si l’on remonte plus loin dans le temps, on découvre que l’ivoire, le verre ont été utilisés pour augmenter le volume de la poitrine.
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1. www.e-cancer.fr/toutes-les-actualites/360/6737-protheses-mammaires-pip-avis-du-groupe-dexperts-coordonne-par-linca
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