L’art de reconstruire un sein

Une question de bon «timing»
Le traitement de choix du cancer du sein est une ablation de la tumeur par chirurgie (tumorectomie), suivie d’une radiothérapie. Plus du tiers des femmes opérées nécessitent une chirurgie radicale où le sein est partiellement ou totalement enlevé (mastectomie partielle ou radicale). L’objectif principal est un contrôle de la maladie ainsi qu’un résultat esthétique satisfaisant pour la femme.
Lorsque la qualité de la peau le permet, la reconstruction esthétique peut avoir lieu lors de la même opération. On parle alors de reconstruction «immédiate». Celle-ci est évitée si une radiothérapie est envisagée, si la femme fume ou est diabétique, si les seins sont volumineux, si la tumeur est de type inflammatoire ou qu’elle atteint la peau. Dans ces cas, la reconstruction aura lieu lors d’une deuxième opération et est dite «différée». Elle aura lieu 6 mois après la chimiothérapie et 1 an après la radiothérapie.
A chacun sa technique
Plusieurs techniques opératoires existent. Elles permettent une adaptation optimale à chaque situation, selon l’étendue du cancer, l’état de la peau et la taille des seins. Chaque cancer est donc à évaluer et discuter au cas par cas. La reconstruction peut se faire à l’aide d’une prothèse (reconstruction prothétique) ou avec des tissus provenant d’autres partie du corps (reconstruction autologue). Une fois la reconstruction terminée, il est possible de corriger les défauts avec des injections de graisse.
Prothèse mammaire
La pose d’une prothèse est possible si la qualité de la peau est préservée. Il est difficile de reconstruire un sein de manière complètement identique au sein conservé. Elle est particulièrement utilisée pour les reconstructions des deux seins, chez des femmes qui n’ont pas eu de radiothérapie ainsi que chez celles qui fument. Elle permet de conserver la sensibilité de la peau. L’opération est courte et relativement facile à effectuer. La cicatrice est la même que celle de l’ablation du sein. Par contre, elle donne un résultat moins naturel et le sein ne vieillit pas de la même manière que le deuxième sein. Une chirurgie 10 ans plus tard est nécessaire pour réviser l’implant.
Nouvelle peau
La reconstruction autologue permet de remplacer le sein et la peau par d’autres tissus, provenant du corps de la femme concernée. Elle est souhaitable lorsque la qualité de la peau est insuffisante, qu’elle a subi une radiothérapie ou si les seins sont de grandes taille. Elle permet d’obtenir un résultat semblable au deuxième sein. Les tissus peuvent être prélevés sur l’abdomen, le dos ou la cuisse.
Petites retouches
Le «lipofilling» consiste en des injections de graisse. Il permet de corriger les petits creux après une reconstruction, les séquelles de radiothérapie ainsi que les défauts après une tumorectomie. Concrètement, la graisse est prélevée sur l’abdomen, les flancs ou l’intérieur des cuisses. Elle est ensuite réinjectée dans le sein. Elle n’entraîne aucune cicatrice mais nécessite plusieurs séances et n’est pas à l’abri de complications.
Une solution adaptée
La chirurgie du cancer du sein ne cesse d’évoluer. Autrefois très mutilante et radicale, elle devient de plus en plus conservatrice. La reconstruction mammaire permet une meilleure qualité de vie. Lorsque les circonstances sont idéales, elle est pratiquée en même temps que l’ablation du sein. Parfois, elle doit être faite de manière différée, ce qui nécessite une deuxième opération.
Référence
Adapté de «Indications et techniques actuelles de reconstruction mammaire après mastectomie», par Dr N. Koch et Pr W. Raffoul du Service de chirurgie plastique, reconstructive et esthétique, Pr J-F Delaloye du Département de gynécologie, d’obstétrique et de génétique, CHUV, Lausanne. In Revue médicale suisse 2012; 8: 2003-6, en collaboration avec les auteurs. RMS-359

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