Les crèmes solaires ne sont pas un bouclier

Dernière mise à jour 05/06/12 | Article
Pare soleil
Si elles peuvent nous protéger des coups de soleil, les crèmes solaires ne sont pas pour autant un bouclier anti-soleil. Planetesante fait le point avec le Dr. Frédérique-Anne Le Gal, médecin adjoint, responsable de l’unité d’onco-dermatologie aux HUG.

«Les crèmes solaires sont précieuses si elles sont bien utilisées. Le problème est qu'elles sont souvent considérées par le public comme une «armure anti-soleil». Elles filtrent une partie du rayonnement UV, ce qui est déjà beaucoup, mais elles ne peuvent pas tout bloquer, et surtout pas des heures durant», lance le Dr. Frédérique-Anne Le Gal, médecin adjoint, responsable de l’unité d’onco-dermatologie aux HUG. Elles doivent donc être un complément à d'autres mesures de protection, comme le fait de ne pas s'exposer au soleil durant les heures de milieu de journée, de se mettre à l'ombre ou encore de porter des vêtements.

Si elles protègent bel et bien la peau contre les coups de soleil, quand elles sont appliquées en quantité suffisante, leur pouvoir protecteur contre le cancer de la peau est difficile à déterminer. Si l'on considère des personnes exposées quotidiennement, et surtout involontairement (dans le cadre de leur travail) aux rayonnements, celles qui mettent régulièrement de la crème solaire semblent avoir moins de cancers de peau que celles qui n'en mettent pas. Pour les personnes recevant certains traitements immunosuppresseurs (en particulier les patients ayant subi une greffe) la crème solaire a montré son efficacité. Par contre, si l'on considère des personnes qui s'exposent volontairement au soleil, pour bronzer par exemple, et qui, grâce à la crème solaire, augmentent leur temps d’exposition sans brûler, l’effet protecteur contre le cancer de la crème solaire n’est pas prouvé.

Enfin, il existe un problème général de clivage entre le savoir et la pratique: certaines études démontrent que si les gens ont globalement une bonne connaissance des mesures à prendre au soleil (heures à éviter, ombre et crème solaire), ils ne les appliquent pas pour autant.

Le soleil, un facteur déterminant

Le soleil joue un rôle clairement démontré dans la genèse des cancers de peau, mais il n’en est pas l’unique responsable. «L'exposition au soleil est le seul facteur environnemental que l’on puisse contrôler, explique le Dr. Le Gal. La génétique a aussi une grande part de responsabilité, et le fait est que nous ne connaissons pas forcément notre patrimoine génétique». Parmi les prédispositions connues, une peau très claire ou des personnes ayant beaucoup de grains de beauté par exemple seront plus à risque que les autres. D’autres susceptibilités génétiques non visibles entrent également en ligne de compte.

Dans tous les cas, il est un geste indispensable à adopter estime le Dr. Le Gal: protéger les enfants. «La période qu’il faut protéger le plus est l’enfance, une période où un soleil excessif fera le lit du mélanome», insiste la spécialiste.

Une peau stressée

Il faut être conscient que le bronzage est un signe de stress de la peau, rappelle la spécialiste: «à partir du moment où l’on bronze, on a forcément stressé sa peau et exposé à un carcinogène». Si cela ne veut pas dire pour autant que l’on va forcément avoir un cancer, il n’empêche qu’une personne qui a une fragilité intrinsèque par rapport à cela, selon son patrimoine génétique, s’expose à un risque.

Dans l’absolu il faudrait tout simplement que les gens cessent de «chercher à bronzer à tout prix». Le fait est qu’il a été prouvé que le soleil présente également des effets bénéfiques sur l’être humain, et ce plus particulièrement sur son humeur. Faut-il alors trouver un compromis? «On doit pouvoir faire ce dont on a envie et même si cela implique d’être au soleil, mais il faut alors que se soit à des heures où on prend beaucoup moins de risques, soit jusqu’à 11 heures ou midi, et à partir de 16 ou 17 heures l’après-midi. Entre les deux, il faut vraiment que l’on change ses habitudes pour choisir d’autres activités à ce moment-là. S’interdire tout, ça n’a pas de sens», insiste l’experte.

Quelle est la différence entre UVA et UVB?

Les spécialistes distinguent deux sortes de rayons ultra-violets (UV), les UVA et les UVB. En quoi ces deux formes de rayonnement sont-elles différentes? Notre réponse basée sur les explications de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les rayons ultra-violets (UV), sont classés en fonction de leur longueur d’onde. Ils n’ont pas la même activité biologique ni le même pouvoir de pénétration de la peau. Plus le rayonnement UV a une longueur d’onde courte, plus il est nocif. Par contre, le rayonnement UV de courte longueur d’onde a un pouvoir de pénétration cutanée moindre.

Les UVB, de longueur d’onde moyenne, ont une activité biologique importante, mais ne pénètrent pas au-delà des couches superficielles de la peau. Ils sont responsables du bronzage et des brûlures à retardement; outre ces effets à court terme, ils favorisent le vieillissement de la peau et l'apparition de cancers cutanés.

Les UVA, dont la longueur d’onde est relativement longue, représentent près de 95 % du rayonnement UV qui atteint la surface de la terre. Ils peuvent pénétrer dans les couches profondes de la peau et sont responsables de l’effet de bronzage immédiat. En outre, ils favorisent également le vieillissement de la peau et l’apparition de rides.

Articles sur le meme sujet
PS51_danger_vernis_semi-permanent

Les dangers du vernis semi-permanent

Il permet d’avoir de beaux ongles colorés et brillants ou de se faire une «french manucure» parfaite. Mais le vernis semi-permanent n’est pas sans danger.
Videos sur le meme sujet

Le mélanome détecté plus tardivement sur les peaux métisses ou noires

Selon une étude américaine de la Mayo Clinic, basée dans le Minnesota aux États-Unis, le mélanome, une forme agressive de cancer de la peau, est souvent repéré plus tard chez les personnes à la peau métisse ou noire.

Du nouveau sur le cancer de la peau le plus fréquent

Une équipe du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) a identifié le rôle crucial des fibroblastes dans la progression du carcinome basocellulaire, le cancer de la peau le plus fréquent.