Le cancer de la peau touche un Suisse sur trois
De quoi on parle?
Les faits
Sur une photo qu’il a postée sur son Instagram, l’acteur australien Hugh Jackman apparaît avec un pansement sur le nez. Il vient en effet d’être opéré une seconde fois d’un carcinome basocellulaire, la forme la plus courante des cancers de la peau.
La suite
En pleine promotion du dernier «X-Men», l’acteur a posté ce message sur son compte pour alerter ses fans: «S’il vous plaît! S’il vous plaît! Mettez de la crème solaire!»
L’acteur australien Hugh Jackman souffre d’un cancer de la peau, un mal largement répandu et en constante augmentation. La Suisse a d’ailleurs le triste privilège d’être l’un des pays les plus touchés par ce type de maladie. Près d’un Suisse sur trois va développer au cours de sa vie un tel cancer. Ce record s’explique sans doute par le vieillissement de la population, par l’attrait des Suisses pour la montagne et par leur niveau de vie qui leur permet de voyager dans des pays très ensoleillés. Il existe en fait de multiples formes de cancers de la peau qui se distinguent par le type de cellules cutanées qu’ils attaquent. Très grossièrement résumé, on parle de mélanome lorsque les mélanocytes, des cellules qui donnent leur couleur à notre peau, sont affectés. Quand des cellules non liées à la pigmentation de la peau sont touchées, les spécialistes parlent de carcinome. Ces différentes formes de cancers sont visuellement très dures à différencier. En cas de doute, surtout pour les mélanomes (lire encadré ci-dessous), il vaut donc la peine de consulter un dermatologue.
Comment reconnaître le mélanome?
Ce cancer agressif se manifeste par des taches brunes qui apparaissent principalement dans les zones de la peau les plus exposées au soleil: le visage, les mains, les pieds, le dos ou les plis de l’aine. Comment savoir si ces marques, qui ressemblent à des grains de beauté, sont dues à un mélanome? Après avoir examiné la forme, la couleur et le développement de ce nævus, on peut avoir une première indication à l’aide de la règle ABCD. Si vous avez des taches suspectes, il est conseillé de vous faire rapidement examiner par un dermatologue.
Le carcinome basocellulaire
Parmi l’ensemble des cancers de la peau, le carcinome basocellulaire dont souffre Hugh Jackman est le plus fréquent. Sur le visage surtout, mais aussi sur le reste de la peau, il se forme des «papules (des sortes de boutons) d’aspect perlé ou légèrement pigmenté qui peuvent conduire à faire des «trous» dans la peau, précise Olivier Gaide, responsable de l’unité d’onco-dermatologie du CHUV. Ces carcinomes font très rarement des métastases et il suffit souvent d’ôter la tumeur pour les guérir.
Le traitement le plus efficace reste la chirurgie. Il est toutefois possible de détruire la tumeur sans bistouri, à l’aide notamment d’un curetage, de l’électrothérapie (qui brûle la tumeur avec du courant électrique) ou de la radiothérapie. Ces différentes méthodes physiques s’accompagnent d’un plus grand nombre de récidives que la chirurgie et elles sont principalement utilisées «lorsque la tumeur n’est pas trop épaisse ni invasive, explique le dermatologue, ou lorsque les patients ne sont pas opérables».
Pour traiter les personnes qui ne peuvent pas subir d’intervention chirurgicale et dont les tumeurs sont grosses et étendues, les médecins disposent aussi, depuis l’automne dernier, d’une toute nouvelle arme: un médicament contenant un nouveau principe actif, le vismodegib. «Il a des effets secondaires, mais il est très efficace.»
Le carcinome spinocellulaire
Il existe un autre type de carcinome dit spinocellulaire, qui apparaît chez les plus de 50 ans sous forme d’un épaississement de la peau qui se recouvre de croûtes. «A un stade tardif, il est capable de faire des métastases comme celles du mélanome, mais qui sont encore plus difficiles à traiter.» Les traitements sont globalement les mêmes que ceux utilisés contre le carcinome basocellulaire.
Le mélanome
Alors que les carcinomes apparaissent chez les individus qui ont accumulé beaucoup de soleil au cours de leur vie, le mélanome est plus fréquent chez ceux qui ont eu de nombreux et intenses coups de soleil pendant leur enfance. Chez les personnes touchées, le mélanome affecte les mélanocytes, ces cellules de la peau qui fabriquent les pigments permettant de bronzer. C’est pour cette raison qu’il provoque l’apparition de taches brunes qu’il faut distinguer des grains de beauté (lire ci-dessous). Son agressivité vient de sa capacité à faire rapidement des métastases qui se disséminent alors dans les ganglions lymphatiques, le foie, le poumon ou dans d’autres organes et tissus (voir infographie).
C’est toutefois dans ce domaine que les innovations thérapeutiques sont les plus nombreuses. «Au cours des quatre dernières années, le traitement du mélanome a complètement changé. C’est une vraie révolution et les oncologues arrivent maintenant à soigner des patients face auxquels nous étions complètement démunis», s’enthousiasme Olivier Gaide qui prévoit d’autres avancées.
Crèmes solaires insuffisantes
Souvent prises comme une «armure antisoleil», les crèmes solaires doivent plutôt être considérées comme un complément à d’autres mesures de protection, comme par exemple ne pas s’exposer au soleil durant les heures de milieu de journée, se mettre à l’ombre ou encore porter des vêtements. Certes, les crèmes solaires protègent la peau contre les coups de soleil, surtout quand elles sont appliquées en quantité suffisante. Mais leur pouvoir protecteur contre le mélanome est difficile à déterminer. Si on compare des personnes exposées quotidiennement, et surtout involontairement (dans le cadre de leur travail), aux rayonnements, celles qui mettent régulièrement de la crème solaire semblent avoir moins de cancers de la peau que celles qui n’en mettent pas. Pour les personnes recevant certains traitements immunosuppresseurs (en particulier les patients ayant subi une greffe) la crème solaire a montré son efficacité. Par contre, si on considère des personnes qui s’exposent volontairement au soleil, pour bronzer par exemple, et qui, grâce à la crème solaire, augmentent leur temps d’exposition sans brûler, l’effet protecteur contre le mélanome de la crème solaire n’est pas prouvé. En matière de prévention, une seule chose est sûre: la protection physique contre les rayons du soleil. Cela est particulièrement vrai pour les enfants qui ne devraient jamais être protégés uniquement par de la crème!
Outre la chirurgie qui, en cas de métastases, est associée à d’autres thérapies, des traitements ciblés apparaissent depuis peu. L’idée est d’adapter la thérapie à chaque patient en développant un médicament qui s’attaque de façon spécifique aux caractéristiques biologiques de sa tumeur.
Le dermatologue du CHUV fonde aussi beaucoup d’espoirs sur l’immunothérapie. Cette méthode consiste soit à booster le système immunitaire, soit à «débloquer les freins» qui entravent sa lutte contre les cellules malignes. «Ce traitement expérimental est lourd, mais il est bien plus efficace que la chimiothérapie classique.» Encore expérimental dans le cas du mélanome, il est déjà utilisé depuis un an pour traiter des lésions cutanées précancéreuses.
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Mélanome
Le mélanome est un cancer de la peau. Il se développe à partir de grains de beauté qui changent d'aspect (forme, couleur, taille, épaisseur, etc.) ou en l’absence de lésion pré-existante.