Haut potentiel intellectuel: distinguer le vrai du faux

Dernière mise à jour 17/03/25 | Vrai/Faux
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Les personnes douées d’une intelligence supérieure à la moyenne fascinent et font l’objet de nombreuses idées reçues.

Depuis une vingtaine d’années, un phénomène de mode entoure le haut potentiel intellectuel (HPI) et une croyance fait son chemin: être très intelligent serait davantage une souffrance qu’une chance. On peut notamment lire ou entendre que les personnes HPI seraient plus à risque de dépression ou de troubles anxieux, que les enfants dits «surdoués» seraient en proie à des difficultés scolaires ou que les adultes concernés seraient inadaptés au monde du travail. Quelle est la part de vérité dans ces affirmations? Très faible, selon la Pre Nadia Chabane, psychiatre au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), qui déconstruit les préjugés et rappelle les connaissances scientifiques.

«HPI» est un diagnostic médical

Faux. «Mon enfant a reçu un diagnostic de HPI», peut-on entendre fréquemment. Laissant penser, à tort, qu’il s’agirait d’une maladie, le terme «diagnostic» est à éviter lorsque l’on parle de HPI. «En réalité, il s’agit seulement d’une mesure», explique la Pre Nadia Chabane, pour qui il est essentiel de «dépathologiser» le haut potentiel intellectuel. Avant d’expliquer: «HPI se réfère seulement au niveau de quotient intellectuel (QI), calculé grâce à un test standardisé. C’est le seul critère valable.» La moyenne de QI dans la population se situe entre 75 et 115. On parle de HPI ou de «douance» à partir de 130.

Les personnes HPI souffrent plus d’anxiété ou de dépression

Faux. La Dre Chabane est catégorique: aucun trouble n’est associé au fait d’être HPI. «Cette idée est née d’un biais d’échantillonnage. Les professionnels qui l’ont mise en avant voyaient des enfants et des adultes qui consultaient pour des motifs tels que des troubles anxieux ou du comportement, une dépression, etc. Mais, en aucun cas, l’origine de ces souffrances n’est liée à leur QI; il s’agit d’une erreur d’interprétation.» La psychiatre précise encore qu’à l’inverse, selon la littérature scientifique, être HPI est corrélé avec une meilleure santé physique et mentale, ainsi qu’avec une espérance de vie plus longue. «Avoir un QI élevé n’est pas une pathologie, c’est plutôt un don du ciel», commente l’experte.

Les enfants HPI risquent l’échec scolaire sans un encadrement spécialisé

Faux. Là encore, Nadia Chabane contredit le mythe: en très grande majorité, les enfants dits «surdoués» connaissent une meilleure réussite scolaire que la moyenne. Un succès qui se confirme souvent à l’âge adulte avec une performance professionnelle et un niveau socio-économique élevés. Alors, pourquoi cette croyance faisant craindre un échec scolaire pour les jeunes concernés? «Les publications sur les difficultés scolaires des enfants HPI ont ouvert un marché commercial important, avec par exemple la création d’écoles privées spécialisées», évoque la psychiatre.

Il suffit de passer un test pour savoir si l’on est HPI

Vrai et faux. Le test de QI reste le seul indicateur objectif permettant d’évaluer la douance, mais il nécessite une méthodologie rigoureuse pour être valide. Il doit être réalisé sous la conduite d’un spécialiste (psychologue, neuropsychologue), selon des normes bien précises. «Si on n’observe pas certaines conditions, on risque des erreurs de résultats. Par exemple, des aménagements seront nécessaires pour un enfant avec un trouble du comportement, tout en respectant les exigences du test», explique Nadia Chabane. Des erreurs qui pourraient contribuer à expliquer les biais d’interprétation à l’origine des idées reçues sur les personnes HPI. Heureusement, l’intelligence humaine peut prendre de multiples formes. Et la psychiatre de conclure: «Nous sommes bien plus complexes que notre QI.»

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Paru dans Planète Santé magazine N° 56 – Mars 2025

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