Ces enfants «ressort» qui sont ailleurs
L’«hyperactivité» chez les enfants a déjà fait souvent parler d’elle dans les médias, aujourd’hui pourtant, on préfère à cette étiquette la désignation de Trouble de déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité et impulsivité (TDA/H). Et pour cause, l’hyperactivité elle-même n’est que l’un des symptômes possibles et peut aussi bien ne pas figurer dans le tableau clinique de ce trouble.
Le déficit de l’attention touche 5 à 7% des enfants et des adolescents en Suisse. Dans 30 à 50% des cas, il a tendance à persister de manière importante à l’âge adulte. Même si des progrès diagnostics ont été notés ces dernières années, il y aurait encore une proportion non négligeable d’individus (enfants ou adultes) qui vivraient avec ce syndrome sans le savoir! Et, pourtant, leur comportement passe rarement inaperçu au sein de la famille et, plus largement, en société.
Le problème d’attention qui figure en première ligne de ce syndrome a des implications importantes tant dans le cercle familial que dans le cadre scolaire. Tout ce qui a trait à la planification, à l’organisation et à la réalisation de tâches quotidiennes est problématique pour ces enfants. Il leur est difficile de prêter une attention soutenue dans l’exécution d’une tâche, dans le jeu, de suivre des consignes, de finir quelque chose jusqu’au bout, de produire un effort mental soutenu. Ils se laissent distraire facilement et ne font pas attention aux détails. L’hyperactivité qui peut y être associée s’exprime par une incapacité à rester tranquille. Ces enfants ont la bougeotte, ils remuent dans tous les sens, ne peuvent pas rester assis, se tortillent sur leur chaise, se lèvent en classe …
Fréquemment, le TDA/H s’accompagne également d’autres symptômes tels que des troubles de l’apprentissage (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie), de la coordination, des émotions, du comportement. «Il est très important de repérer assez tôt ces signaux évocateurs, chez les enfants en âge pré-scolaire déjà, en vue d’une prévention et d’une prise en charge précoce, souligne le Dr Michel Bader, spécialiste de l’hyperactivité, psychiatre de l’Enfant et de l’Adolescent et de l’Adulte à Lausanne. Pour autant, le diagnostic lui-même ne se pose généralement pas avant 7 ans. Il ne faut pas risquer de stigmatiser l’enfant trop tôt et, surtout, éviter les erreurs de diagnostics», poursuit-t-il. En effet, certains traits peuvent être présents, sans que les critères diagnostics du TDA/H soient toutefois remplis.
Des familles épuisées
Source de grande souffrance pour les enfants qui en sont victimes, le TDA/H met également les familles à rude épreuve. Un enfant qui oublie ou perd systématiquement ses affaires, qui ne reste pas en place, qui ne peut pas se concentrer pour faire ses devoirs, qui n’accepte pas les règles, qui se comporte de façon inappropriée en sautant et grimpant partout dans des lieux non prévus pour ce faire peut engendrer de nombreux conflits et finit par épuiser les parents et l’entourage.
L’école: un terrain miné
En regard de ces symptômes, l’école devient un terrain miné. Les répercussions tant sur le plan de l’apprentissage que sur le plan relationnel sont souvent non négligeables. L’intégration des connaissances (apprentissage de la lecture, de l’écriture, par exemple) peut en pâtir et conduire, dans le pire des cas, à un retard scolaire. Mais les relations avec les camarades peuvent aussi en souffrir, d’autant plus si l’enfant présente une impulsivité, qui peut également être associé au TDA/H.
Cette impulsivité se traduit concrètement par de l’impatience pour attendre son tour à un jeu, pour prendre la parole, par une grande émotivité, par des colères ou par des excès de langage. Ces comportements sont mal compris par les autres et entraînent souvent une mise à l’écart, quand ces enfants ne deviennent pas le bouc émissaire de leurs camarades. Il en découle un sentiment d’incapacité, d’échec et une perte de confiance en soi, très durs à vivre.
Des pistes pour s’en sortir
Que faire alors pour s’en sortir? «Quand les symptômes évocateurs du TDA/H durent depuis la petite enfance, il est recommandé d’en parler au pédiatre», déclare le Dr Bader. Aussi, les associations de parents d’enfants TDA/H disposent de ressources intéressantes*. Une fois le diagnostic posé, la prise en charge dépend de la situation de l’enfant, des caractéristiques du TDA/H et des troubles qui y sont associés. Elle comporte souvent plusieurs volets (médicaments, psychothérapie, thérapies de groupe, logopédie, ergothérapie, coaching, training cognitif, etc.). Le but de ces approches étant d’aider l’enfant (et sa famille) à mieux vivre son trouble et de l’encourager à utiliser au maximum ses ressources personnelles pour y faire face en développant des stratégies appropriées.
Référence
* En Suisse romande: L’Association Suisse romande de Parents d’Enfants avec Déficit d’Attention, avec ou sans Hyperactivité (ASPEDAH). www.aspedah.ch