Comprendre l’allergie aux pollens
Un des procédés de pollinisation est la dispersion par le vent, aussi anarchique qu’hasardeuse, des grains de pollen (pollens anémophiles). Les fleurs qui libèrent ce type de pollens ne paient pas de mine: leurs pétales, lorsqu’elles en ont, sont rustiques, peu colorés et souvent libres (comme chez le platane ou le tilleul). Grâce à leur forme aérodynamique et à leur légèreté, les pollens anémophiles sont capables de parcourir des dizaines de kilomètres, voire beaucoup plus. Tributaires des vents, ils viennent se rajouter aux pollens locaux, ce qui n’arrange pas les affaires des allergiques.
Mais tous les pollens ne sont pas allergisants. Il en va ainsi du pollen issu de fleurs attrayantes, colorées et odorantes. Ce pollen (dit entomophile) a la particularité d’être «lourd» et de nécessiter les services des insectes pour être transporté vers la plante femelle. Sauf exception, les personnes allergiques peuvent donc sans problème cultiver ces fleurs ou en garnir les vases de leur maison.
Les arbres
La présaison des pollens débute tôt, dès janvier-février. Cette course à la floraison varie selon les pays et les régions. En Suisse romande, par exemple, elle commence par les arbres, avec, dans l’ordre, le noisetier et l’aulne de février (voire mi-janvier au Tessin) à mars. Suivent, de mars à avril, le frêne et le bouleau. Dans les régions de la Méditerranée, ce sont les cyprès, puis les oliviers et ensuite les platanes qui font le plus parler d’eux.
Les graminées
Juste après les arbres et avant les herbes, la période la plus redoutée de l’année se situe entre mai et juillet. C’est le moment où les pollens des graminées, dont font partie les céréales, viennent se rappeler au bon souvenir de la grande majorité des personnes souffrant du rhume des foins. Blé, seigle, maïs, avoine, pâturin, chiendent, etc.: on peut ne réagir qu’à une seule céréale ou, au contraire, la jouer «pain complet» en réagissant à plusieurs d’entre elles.
Les herbes
La saison se termine par les herbes telles que le plantain et l’ambroisie qui pollinisent entre juillet et octobre. Les campagnes d’arrachage organisées en Suisse ont toutefois fortement limité la propagation de l’ambroisie.
Les pollens et la météo
L’intensité des troubles dépend de la concentration des pollens dans l’air, qui elle-même fluctue en fonction des conditions météorologiques. Les victimes du rhume des foins savent bien que les sautes d’humeur de la météo peuvent influencer leurs symptômes. Le vent, par exemple, est capable de faire voyager les pollens très loin. Et de les emmener jusqu’à 200 km de leur lieu d’origine, juste sous le nez agacé du citadin. L’orage d’été est particulièrement redoutable. Il est souvent précédé par un pic de pollution et par des rafales de vent qui contribuent à disséminer les pollens. Au contact de l’eau, ces derniers éclatent en petites particules qui pénètrent d’autant plus facilement dans les organismes allergiques. En revanche, une bonne pluie franche a tendance à réduire la charge pollinique en plaquant les pollens par terre.
Vrai ou faux: «Pendant la grossesse, le rhume des foins disparaît.»
VRAI et FAUX. Chez un tiers des femmes, le rhume des foins s’améliore pendant la grossesse; chez un tiers, il s’aggrave; et chez le dernier tiers, il reste stable. Prévisions impossibles.
L’intérêt d’un diagnostic
Comment savoir si c’est le bouleau ou plutôt l’avoine sauvage qui vous fait éternuer? L’allergologue va procéder à un interrogatoire précis, portant notamment sur les circonstances de survenue de l’allergie, et à des tests cutanés. Cette démarche permet d’identifier le ou les pollens fautifs et de connaître ainsi les périodes de l’année à risque. Elle s’avère indispensable pour qui veut entreprendre une désensibilisation.
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Sources :
- Article paru dans le magazine Planète Santé n°25, mars 2017.
- Extrait du livre J’ai envie de comprendre… Les allergies, de Suzy Soumaille, en collaboration avec le Pr Philippe Eigenmann, Ed. Planète Santé, 2013.