Premiers pas vers un vaccin combiné contre les hépatites B et C
C’est l’un des casse-têtes auquel se heurtent chercheurs et médecins: protéger la population, et notamment les groupes à risques, contre l’hépatite C. Cette infection virale du foie, qui touche près de 170 millions de personnes dans le monde selon l’OMS, peut en effet facilement devenir chronique et conduire à des cirrhoses et des cancers du foie.
Certes, on dispose de médicaments antiviraux pour lutter contre cette maladie. Mais les traitements sont lourds – ils durent de 6 mois à 1 an. En outre, ils ont des effets secondaires. «Ils peuvent entraîner des anémies ou même des dépressions. Ils augmentent aussi les risques d’infections par des bactéries», souligne Isabelle Morard, hépatologue et médecin-adjoint au chef du service de transplantation des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). D’où l’idée de mettre au point un vaccin contre l’hépatite C, à l’image de ce qui existe déjà pour l’hépatite B.
Chimères vaccinales
De très nombreuses équipes de biologistes s’y emploient dans le monde, mais elles butent sur une difficulté technique. Dans la majorité des cas, les vaccins sont fabriqués à l’aide de protéines de l’enveloppe du microbe. Introduit dans l’organisme, ce fragment de virus – qui a perdu son caractère pathogène – induit la fabrication d’anticorps qui font partie de l’arsenal du système immunitaire.
Or les protéines de la membrane du virus de l’hépatite C (VHC) sont quasiment impossibles à produire et à purifier. Des chercheurs de l’Institut français de la santé et de la recherche médicale (INSERM) ont toutefois trouvé le moyen de surmonter cet obstacle. Ils se sont tournés vers les protéines du virus de l’hépatite B (VHB) qui, elles, peuvent former des petites particules virales vaccinales – ce sont elles, d’ailleurs, qui sont utilisées pour produire le vaccin commercial contre cette maladie. Puis ils ont créé des particules chimères, associant des protéines de l’enveloppe des virus des deux formes d’hépatites, VHB et VHC. La production des ces composés hybrides n’a, selon eux, pas posé de difficulté particulière.
Encore du travail
Ce résultat ouvre la voie à la mise au point d’un vaccin bivalent qui protégerait contre l’hépatite C mais aussi, en même temps, contre la B. «Ce serait une excellente idée de vacciner les personnes à risque, notamment les toxicomanes et le personnel hospitalier», commente Isabelle Morard.
L’hépatologue tempère toutefois cet enthousiasme par quelques bémols. Elle souligne en effet que le candidat-vaccin «ne protège pas avec la même efficacité contre toutes les souches du VHC».
En outre, les chercheurs français on déjà testé leur chimère sur des rongeurs, mais ils n’ont pas encore fait la preuve de son innocuité et de son efficacité chez les êtres humains. Ce qui fait dire à l’hépatologue genevoise que «ces recherches sont prometteuses, mais il reste encore beaucoup de travail à faire» avant d’aboutir à un vaccin utilisable.
En attendant, Isabelle Morard compte sur l’arrivée annoncée de nouveaux antiviraux oraux qui réduiraient la durée du traitement et «offriraient une chance de guérison à plus de 90%» des personnes infectées.
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