Epilepsie: Dans la lune? Non, absent!
A l’évocation du mot «épilepsie», on pense immédiatement à une personne en proie à d’impressionnantes secousses. De telles crises sont appelées «tonico-cloniques généralisées» en raison du sursaut violent, de la chute et des secousses des quatre membres qui les caractérisent. Or, il ne s’agit là que d’une des nombreuses manifestations de l’épilepsie. En effet, le grand public l’ignore souvent, mais il en existe en réalité de nombreuses formes. Les spécialistes parlent d’ailleurs «des épilepsies». Cependant, ses différentes expressions traduisent toutes une activité soudaine, excessive et désordonnée de groupes de neurones dans le cerveau. Ce sont la localisation et l’étendue de cet «orage» qui déterminent l’ampleur et la nature des symptômes.
Des pertes de conscience discrètes mais gênantes
Ainsi, la maladie épileptique peut aussi s’exprimer de façon très discrète, au travers de phénomènes appelés «absences». L’épilepsie-absences touche les enfants de quatre à huit ans environ. Ces épisodes se caractérisent par une brève perte de conscience, sans chute ni mouvement. Pendant une dizaine de secondes, l’enfant «décroche»: il reste immobile, le regard perdu, insensible aux sollicitations de son entourage. Après ce laps de temps, il reprend ce qu’il était en train de faire.
Malgré leur caractère bénin et éphémère, ces absences doivent toutefois être prises au sérieux, comme l’explique le Dr Charles-Antoine Haenggeli, neuropédiatre à Genève et co-auteur d’un ouvrage sur la question (lire l’encadré): «Généralement, ces épisodes sont dans un premier temps considérés par les observateurs comme étant des moments de rêverie, mais ils ont tendance à devenir de plus en plus nombreux et à perturber le travail scolaire de l’enfant. Les difficultés d’apprentissage qui en découlent se répercutent sur les notes et menacent la réussite scolaire. De plus, un accident, par exemple à vélo, même s’il est exceptionnel, n’est pas exclu». Pour ces raisons, un traitement médicamenteux est en général proposé durant quelques années.
Comme le souligne le spécialiste, c’est le plus souvent dans le cadre scolaire que les absences sont repérées: «L’enfant s’arrête soudainement de lire, d’écrire ou de dessiner, il ne réagit pas si on l’appelle et ne se rend pas compte de ce qui se passe autour de lui. Quand il reprend conscience, il poursuit son activité comme si de rien n’était, en réalisant parfois qu’il y a eu un petit couac».
Heureusement, ce type de problème est généralement bien dépisté et des traitements efficaces et le plus souvent bien tolérés existent. Il survient chez des enfants qui sont par ailleurs en parfaite santé et ne conduit pas au développement ultérieur d’autres formes d’épilepsies. Parfois d’autres membres de la famille en ont aussi souffert. L’épilepsie-absences guérit après quelques années.
En librairie
Sur la base de quatre cas d’enfants épileptiques, les auteurs ont cherché à démystifier une maladie fréquente, mais qui reste mal connue du grand public. Dans un langage médical vulgarisé, ils évoquent les contours de ce symptôme dont le spectre est large. En marge des classifications diagnostiques et des traitements, les auteurs consacrent également tout un volet au quotidien des enfants épileptiques et de leur famille. Un ouvrage riche en informations et en couleurs, grâce aux nombreuses illustrations du dessinateur Pécub.
Anne et ses copains, quatre enfants atteints d’épilepsie, Charles-Antoine Haenggeli et Christian Korff, éditions Médecine & Hygiène, 2012.
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