Eczéma du nourrisson: en route vers l’allergie?
Les premiers symptômes apparaissent le plus souvent au cours des premières semaines de vie, plus rarement en période pré-scolaire. Pas d’inquiétude, ce problème gênant, mais généralement pas grave, disparaît la plupart du temps à l’entrée à l’école, voire même bien avant, dès l’âge de 6 ou 7 mois. Difficilement prédictible car dépendante de nombreux facteurs, cette évolution positive s’explique en partie par la maturation de la peau du bébé qui devient naturellement plus épaisse, plus grasse et moins sensible. Néanmoins, souffrir d’une dermatite atopique peut annoncer la survenue d’allergies.
La dermatite, c’est quoi?
La dermatite atopique se caractérise par des rougeurs au niveau du visage (front, joues), de la tête (crâne, cuir chevelu), des plis des articulations (poignets, coudes, genoux, chevilles) et du cou, parfois aussi d’autres parties du corps chez les plus grands. La peau est sèche, irritée, les plaques rouges démangent, et peuvent même croûter ou suinter, selon la gravité de l’atteinte cutanée. Des squames (bouts de peau) se détachent. En cas de fort grattage, des lésions et des vésicules peuvent apparaître avec un risque de surinfection. Il est recommandé de bien couper les ongles de l’enfant pour éviter qu’il ne se blesse, voire de lui mettre des gants pendant la nuit.
Cette affection se manifeste par des poussées, d’une durée de quelques jours à deux ou trois semaines. Chez certains enfants, les symptômes disparaissant complètement entre les crises, alors que chez d’autres, la peau reste fragilisée.
Comment prévenir?
Les enfants présentant une dermatite atopique ont une peau particulièrement sensible et sèche. Différents facteurs présents dans l’environnement peuvent révéler l’eczéma, mais ils n’en sont pas la cause: une peau mal hydratée, un climat sec, le chauffage en hiver, la fumée, la poussière (les acariens qu’elle abrite), les poils d’animaux domestiques (surtout la salive qu’il y a dessus), le stress, le contact avec des irritants (produits de nettoyage, lessive, adoucissants, savons, cosmétiques) etc. En ce qui concerne les vêtements, mieux vaut privilégier des matières douces comme le coton plutôt que la laine et les matières synthétiques qui font transpirer. D’ailleurs, la sueur et l’humidité chaude peuvent être irritantes également. Il est donc conseillé d’éviter que l’enfant ait trop chaud et changer sa couche régulièrement. Aussi, éloigner les sources de stress peut parfois aider. «Il peut être utile de repérer ce à quoi l’enfant est particulièrement sensible et qui déclenche des crises, mais tant qu’aucune allergie n’est avérée, il est inutile de prendre des mesures radicales», prévient le spécialiste.
Pour limiter l’apparition des crises, le plus important est d’hydrater régulièrement la peau de l’enfant, car plus elle est sèche, plus la survenue de nouvelles poussées sera fréquente. Pour bien faire, utiliser de préférence une crème neutre, c’est-à-dire sans parfum, sans alcool ou sans colorant, qui sera mieux tolérée. Elle doit toutefois être suffisamment grasse pour assurer une bonne hydratation. Concernant l’hygiène quotidienne, poursuite le Dr Philippe Eigenmann, «il n’est pas nécessaire d’espacer les bains. Par contre, pour éviter que la peau ne soit encore plus desséchée après, je recommande de tamponner délicatement le corps de l’enfant lors du séchage, puis d’appliquer la pommade sur une peau encore humide pour que la couche cornée reste bien hydratée».
Comment soigner?
Le pédiatre peut prescrire un traitement local sous forme de crème (à base ou non de cortisone) ou des antihistaminiques pour couper l’inflammation et améliorer le confort de l’enfant. Cela ne va pas guérir l’eczéma, mais cela contribuera à espacer les poussées et à éviter que les plaques rouges ne s’infectent. En cas d’infection, la prescription d’antibiotiques pourrait s’avérer nécessaire.
En route pour l’allergie?
Les enfants souffrant dès leur plus jeune âge d’un eczéma atopique sont-ils de futurs candidats à l’allergie? «Pas forcément», rassure le Dr Eigenmann. Le terme “atopique” signifie qu’il y a, chez ces patients, une prédisposition aux allergies (asthme, rhume des foins, allergies aux acariens, aux poils d’animaux, etc). Mais seule la moitié d’entre eux vont développer une allergie plus tard (durant l’enfance ou à l’âge adulte). Cela dépend de nombreux facteurs, dont la gravité et la persistance de l’eczéma qui augmentent ce risque». Un dépistage allergique sera envisagé chez les enfants présentant un eczéma modéré à sévère, si on suspecte une aggravation des symptômes en présence de certains allergènes (alimentaires, respiratoires, etc.). De telles mesures peuvent être utiles, lorsque l’enfant est en phase de diversification alimentaire par exemple, pour savoir si un aliment favorise l’eczéma. Dans la prise en charge, l’histoire de l’enfant (lieu d’habitation, position dans la fratrie, mode de garde, etc.) est plus déterminante que le terrain familial (présence ou non d’allergie dans la famille).
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Dermatite atopique
Une peau sèche avec des plaques rouges, parfois suintantes, sur une ou plusieurs zones du corps, qui s’accompagne par de fortes démangeaisons. La dermatite atopique, plus connue sous le nom d’eczéma atopique, est une affection fréquente de la peau. En raison de l’inconfort qu’elle entraîne et de son impact sur l’image de soi, elle peut être vécue comme invalidante par ceux qui en souffrent. Environ 60% des patients développent la maladie au cours de leur première année de vie et 90% dans les cinq premières années. Si les symptômes ont tendance à s’atténuer, voire à disparaître avec l’âge, dans 10 à 30% des cas, ils persistent à l’âge adulte.