Traitement de l'asthme: il y a du nouveau!
L’asthme est une maladie inflammatoire dont les crises peuvent être provoquées par des facteurs très divers: un allergène, un virus, le froid, un effort physique, la pollution, le stress… Cette inflammation provoque une obstruction des bronches, ces petits conduits transportant l’oxygène vers les poumons. Le passage de l’air est dès lors gêné, en particulier lors de l’expiration, ce qui entraîne des difficultés à respirer, souvent accompagnées d’une toux sèche et parfois d’une sensation d’oppression thoracique. Insuffisamment traité, l’asthme peut mener à des dommages irréversibles sur les parois bronchiques. Dans les cas les plus sévères, une crise aiguë grave peut survenir, une exacerbation qui peut mettre en jeu le pronostic vital.
Évolution des recommandations thérapeutiques
Le type de traitement proposé aux personnes souffrant d’asthme dépend du stade de sévérité de la maladie, allant du palier 1 (asthme léger intermittent) au palier 5 (asthme persistant très sévère). Tous les ans, le groupe d’experts GINA (Global Initiative for Asthma) met à jour ses recommandations internationales pour le diagnostic et la prise en charge de la maladie.
Asthme ou BPCO?
Comme l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie inflammatoire des voies aériennes. Leurs symptômes sont assez similaires et il peut être parfois difficile de poser un diagnostic précis. Sur son site, riche d’informations concernant ces deux maladies, la Ligue pulmonaire suisse[2] énonce quelques-unes des différences typiques. Tandis que l’asthme concerne souvent les personnes allergiques et commence dès l’enfance, la BPCO touche davantage les fumeurs et se déclenche la plupart du temps après 40 ans. Au niveau des symptômes, ceux de l’asthme surviennent par crises, avec une fonction pulmonaire qui peut se normaliser après une crise ou une inhalation de médicament. En revanche, les manifestations de la BPCO empirent lentement et la fonction pulmonaire diminue en continu.
Dans son dernier rapport, l’organisation suggère un changement d’approche thérapeutique, notamment pour les patients souffrant d’une forme légère et intermittente.
Le traitement proposé jusqu’à récemment était constitué d’un bronchodilatateur à courte durée d’action (salbutamol ou Ventolin®), à utiliser pour soulager les symptômes sur le moment, et de corticostéroïdes (anti-inflammatoires) inhalés en traitement de fond pour réduire l’inflammation des bronches. «Le problème, explique le Dr Florian Charbonnier, médecin associé au Service de pneumologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), c’est que la régularité de la prise du traitement de fond a tendance à s’infléchir avec le temps. C’est humain et compréhensible car les bénéfices des corticostéroïdes inhalés ne sont pas perceptibles immédiatement, contrairement au bronchodilatateur qui agit instantanément. Ils sont pourtant nécessaires pour réduire l’inflammation et ainsi le risque de crise d’asthme aiguë à l’avenir.»
La solution proposée par la GINA est donc d’associer, dans un même inhalateur, des corticostéroïdes inhalés et du formotérol (bronchodilatateur à début d’action rapide), à utiliser en traitement de secours lorsque les symptômes se font ressentir. «L’effet est alors double: les symptômes sont soulagés immédiatement par le bronchodilatateur et l’inflammation dans les bronches est réduite par la prise simultanée du traitement anti-inflammatoire, constate le Dr Charbonnier. Plusieurs études ont démontré que cette stratégie permet de protéger les personnes souffrant d’asthme léger d’une exacerbation respiratoire qui pourrait les conduire aux urgences.»
En ce qui concerne les personnes touchées par un asthme sévère et persistant, les recommandations évoluent également. Auparavant, le traitement privilégié était l’utilisation de corticostéroïdes oraux. Mais ces médicaments s’accompagnent d’un risque d’effets secondaires important: prise de poids, diabète, hypertension artérielle, etc. Le groupe GINA conseille donc de s’orienter vers des traitements biologiques ciblés, tout aussi efficaces dans la prévention des crises graves d’asthme mais comportant moins d’effets indésirables.
L’importance de l’autosurveillance
C’est le cas pour l’asthme comme pour d’autres pathologies chroniques: bien connaître et comprendre la maladie sous tous ses aspects permet de mieux vivre avec au quotidien. Dans quel contexte surviennent mes crises d’asthme? Comment les prévenir? Comment bien mettre en œuvre mon traitement? Autant de questions auxquelles chaque individu confronté à cette maladie devrait pouvoir répondre. «L’asthme a comme particularité de fluctuer avec le temps, explique le Dr Charbonnier. Pour avoir un bon contrôle de sa maladie, l’asthmatique doit devenir aussi autonome que possible: maîtriser les bonnes techniques d’inhalation, savoir quand et quel traitement prendre selon l’intensité de ses symptômes, etc. Les médecins cherchent à transmettre les informations au patient pour qu’il devienne un spécialiste de sa propre maladie.»
Le tabac, éternel ennemi des bronches
L’inflammation respiratoire à l’origine de l’asthme est parfois provoquée par le contact avec des substances allergènes spécifiques présentes dans l’air, comme les pollens, les poussières, les acariens, les poils d’animaux domestiques, etc. Mais les crises peuvent aussi survenir à cause de facteurs non spécifiques comme le stress, la pollution de l’air, l’air froid et sec ou encore la fumée de cigarette. En provoquant une hyperréactivité des bronches et en favorisant l’inflammation, la fumée entraîne en effet une détérioration de la fonction respiratoire. Par ailleurs, le tabagisme actif diminue l’efficacité des corticostéroïdes inhalés. La première recommandation faite aux personnes souffrant d’asthme est donc d’arrêter de fumer. Mais le tabagisme passif (vivre avec une personne fumeuse) est également un facteur d’aggravation de la maladie, notamment chez les plus jeunes. Plusieurs études ont établi une corrélation entre le tabagisme de la mère ou du père et l’apparition de l’asthme chez l’enfant. Une récente publication[3] a également mis en avant un effet transgénérationnel de cet impact, qui pourrait s’appliquer non seulement aux enfants, mais aussi aux petits-enfants du fumeur ou de la fumeuse. «Il existe des preuves que l'exposition intra-utérine des mères à la fumée secondaire est associée à l'asthme chez la progéniture, concluent les auteurs. On craint également qu’une exposition des pères à la fumée dans leur enfance augmente aussi ce risque.» Ces résultats restent néanmoins à être étayés par des études plus approfondies.
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Paru dans Le Matin Dimanche le 11/12/2022
[1] OFS – Enquête suisse sur la santé (ESS), 2017.
[2] liguepulmonaire.ch
[3] Liu J, Bowatte G, Pham J, et al. Pre-pubertal smoke exposure of fathers and increased risk of offspring asthma : a possible transgenerational effect. Eur Respir J. 2022;60(4):2200257.
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Asthme
L’asthme est une maladie respiratoire occasionnant une gêne au passage de l’air, surtout lors de l’expiration.