La maladie d’Alzheimer sous la loupe: détection précoce chez les individus jeunes?
A ce jour, et malgré les progrès de la recherche scientifique dans le domaine des pathologies neurodégénératives, aucun médicament efficace ne permet encore de soigner la maladie d’Alzheimer. Les patients atteints souffrent de déficits cognitifs, dont les plus flagrants sont les troubles de la mémoire et des difficultés à s’orienter et se repérer dans l’espace, des difficultés comportementales et des symptômes psychotiques comme par exemple des idées irrationnelles et des fausses perceptions (hallucinations sensorielles). La pathologie touche principalement les personnes âgées, mais des facteurs génétiques peuvent aussi entrer en compte.
En cas de maladie d’Alzheimer, un mécanisme neurodégénératif se met en place: les neurones du cortex cérébral meurent progressivement. En raison de cette progression relativement lente, le diagnostic est généralement posé trop tard, lorsque des dommages irréversibles sont déjà présents dans le cerveau du patient. 96% des personnes chez qui on pose ce diagnostic présentent des symptômes avancés et ont plus de 60 ans.
Changements neuronaux chez les jeunes
Au centre allemand des maladies neurodégénératives, à Bonn, des chercheurs s’intéressent aux changements neuronaux qui précèdent le début et le développement de la maladie d’Alzheimer. Le Dr Nikolai Axmacher et son équipe ont récemment publié une étude dans le journal Science suggérant que la maladie peut être détectée chez un individu jeune à risque quelques décennies avant qu’elle ne commence à se développer.
Les neuroscientifiques ont testé les fonctions d’orientation et de mémoire spatiale chez des individus sains âgés de 18 à 30 ans, porteurs ou non du gèneApoE4, dont la présence est considérée comme un facteur de risque de développement de la maladie. Les individus testés avaient comme tâche de bouger des objets ou de se déplacer dans un environnement virtuel tel qu’un labyrinthe circulaire. Tout en suivant l’irrigation sanguine de leur cerveau grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, l’équipe a enregistré l’activité des neurones responsables des fonctions d’orientation et de mémoire, localisés dans le cortex entorhinal (situé dans le lobe temporal), où les processus neurodégénératifs s’établissent.
Les résultats ont montré que tous les participants à risque de développer la maladie d’Alzheimer se déplaçaient de manière différente de celle des sujets contrôle (ceux ne présentant pas de risque). En effet, les premiers se maintenaient toujours au bord du labyrinthe circulaire et présentaient un important défaut de l’orientation spatiale lors du placement des objets dans l’espace. Les chercheurs expliquent ces différences par le fait que l’activité cérébrale des individus à risque est réduite dans le cortex entorhinal. Ils observent également un phénomène d’adaptation temporaire chez les individus porteurs du gène ApoE4, chez qui ils voient une activité exacerbée de l’hippocampe (situé également dans le lobe temporal), centre de la mémoire et dont les neurones sont reliés au cortex entorhinal. Selon les chercheurs, cette activité modifiée de l’hippocampe est un phénomène qui contribuera plus tard à une éventuelle neurodégénération.
Une nouvelle cible pour les traitements?
Une détection précoce chez les individus jeunes peut mettre en évidence des biomarqueurs de la maladie et permettrait de développer de nouveaux traitements. C’est ce que le Dr Axmacher explique: «Nos résultats suggèrent que l’une des cibles importantes du traitement de la maladie est le cortex entorhinal et son altération. Même si nous ne savons pas si les personnes à risque testées vont véritablement développer la maladie, la découverte de biomarqueurs peut contribuer à une meilleure compréhension des changements neuronaux précoces et aider à détecter la maladie chez les plus jeunes individus». Les perspectives de leur travail pourraient servir à évaluer les traitements existants: «Nos recherches sont encore loin d’une solution miracle pour prévenir et soigner les symptômes des patients, mais notre étude pourrait représenter la base d’un nouveau modèle préclinique de la maladie. Celui-ci devrait également être testé chez les patients plus âgés exprimant déjà des symptômes de démence afin de suivre les effets des thérapies prescrites et sélectionner la meilleure pour chaque individu atteint».
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Référence
Kunz et al., Reduced grid-cell-like representations in adults at genetic risk for Alzheimer’s disease, Science, 2015.
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