Allergies: on cherche toujours les causes

Si les allergies ont toujours fait partie de l’histoire humaine, leur fréquence semble avoir fortement augmenté au cours des quarante dernières années. Dans les pays développés, la prédisposition génétique aux allergies, appelée aussi atopie, est effectivement à la hausse sans que l’on en connaisse les raisons exactes. Elle touche aujourd’hui près d’un tiers des adultes.
C’est pourquoi on s’interroge sur l’augmentation de la fréquence des allergies parfois spectaculaire, comme dans le cas des rhinites allergiques. Quasi inexistantes au début du siècle dernier, celles-ci concernent aujourd’hui 20% de la population. De leur côté, l’asthme bronchique et l’eczéma de contact (allergique et irritatif) affectent un nombre croissant de personnes. Notre mode de vie est fortement suspecté de jouer un rôle majeur dans l’augmentation des cas d’allergie. Rançon du progrès, le nombre d’allergènes auquel l’individu est exposé a littéralement explosé au cours des dernières décennies.
En Occident, on passe généralement la majorité de son temps à l’intérieur d’un bâtiment, souvent surchauffé, mal aéré et parfois humide. Une atmosphère confinée qui est propice à la prolifération des acariens et à la concentration de poils d’animaux de compagnie.
Le «progrès» a également diversifié le contenu de notre assiette, ouvrant la porte à de nouvelles denrées, parfois très allergisantes. De la même manière, les produits chimiques pouvant provoquer des réactions allergiques prennent toujours plus de place dans notre vie quotidienne.
Le saviez-vous?
Disposerons-nous un jour d’une potion préventive à base de «poussière de ferme»? Une idée plutôt crédible… Les études montrent clairement que les enfants vivant à la campagne au contact des animaux sont épargnés par les allergies.
Un système immunitaire inoccupé
Notre environnement bactériologique s’est modifié au profit des allergènes. Grâce aux progrès de l’hygiène et de la médecine, le recul des virus et des bactéries pourrait expliquer en partie l’augmentation de l’incidence des allergies. En résumé, le système immunitaire n’aurait plus grand-chose à se mettre sous la dent et réagirait, par dépit, à des substances a priori inoffensives.
Les contacts fréquents avec des germes durant la petite enfance apparaissent désormais comme étant un facteur protecteur. En conséquence, appartenir à une grande fratrie aurait aussi un effet positif. Il a en effet été montré que l’aîné des enfants issus d’une famille atopique est le plus à risque d’être allergique. Or, plus il y a d’enfants, plus la transmission des infections entre frères et sœurs est favorisée. Au final, les allergies sont moins fréquentes chez les petits derniers.
L’éducation du système immunitaire est basée sur l’exposition répétée aux agresseurs extérieurs tels que les bactéries ou les virus. C’est ainsi qu’il apprend, pour notre bien, à réagir toujours plus vite et mieux. Et plus l’organisme est occupé à combattre des germes réellement dangereux, moins il a le «temps» de se disperser en réagissant à des allergènes.
Une étude clé
Au début des années 1990, une étude s’est intéressée à la fréquence de l’asthme et des maladies allergiques dans deux villes, appartenant autrefois à deux systèmes politiques antagonistes: Munich et Leipzig. Cette étude montre l’importance du rôle de l’environnement dans la survenue des allergies. Alors que les individus comparés ont un patrimoine génétique commun, les habitants de l’ex-bloc de l’Est souffraient nettement moins d’allergies. La façon de s’alimenter, la pollution de l’air, les mesures d’isolation des maisons, le mode de garde des enfants: autant de paramètres qui influencent à la hausse ou à la baisse la charge allergénique de l’environnement. Plus de vingt après la réunification, avec la diffusion du mode de vie occidental, on constate que le taux d’allergie est le même dans tout le pays…
_________
Extrait de : J’ai envie de comprendre… Les allergies, de Suzy Soumaille, en collaboration avec Philippe Eigenmann, Ed. Planète Santé, 2013.

Ne laissez pas les pollens vous gâcher le printemps!

Le choc anaphylactique, une réaction allergique violente

Premiers aliments et allergies
"36.9°: Premiers aliments et allergies "
Pollution, asthme et allergies
