Le nerf vague sous la loupe
(Texte: Aude Raimondi)
Qui est donc vraiment ce mystérieux nerf, réputé pour être le plus long de l’organisme? Il s’agit en réalité de deux branches nerveuses (droite et gauche) qui partent du cerveau et relient de nombreux organes comme le coeur, les poumons, l’estomac, le foie et l’intestin grêle. Le rôle du nerf vague est surtout sensitif: il informe le cerveau de ce qui se passe dans le corps, en périphérie. Il fait partie du système nerveux autonome et fonctionne donc sans que nous n'ayons à y penser (comme la respiration par exemple). Le nerf vague agit également en tant que pacificateur de l’organisme. Si en cas de stress, la fréquence cardiaque s’accélère, il la ralentit afin d’obtenir un équilibre. Une manière de protéger le coeur et favoriser un retour au calme.
Depuis de nombreuses années, des thérapies qui consistent à stimuler ce nerf électriquement ont prouvé leur efficacité dans 50% des cas d’épilepsie. Un petit implant placé sous la clavicule envoie des impulsions dans la branche gauche du nerf vague – en direction du cerveau – et contribue à réduire les crises.
En 2000, un groupe de recherche américain met en évidence des propriétés anti-inflammatoires du nerf vague, jusqu’ici inconnues. Au CHU de Grenoble, des tests sont actuellement menés avec des patients touchés par la maladie de Crohn. Cette pathologie du système digestif requiert la prise de médicaments anti-inflammatoires aux effets secondaires nombreux. Les neurostimulateurs pourraient donc faire office de substitut, en agissant directement sur les intestins. Sur 9 patients, 7 ont constaté de réelles améliorations. «Ce type de thérapie demande toutefois du temps, avertit le Dr Bruno Bonaz, spécialiste des voies digestives au CHU de Grenoble au micro de CQFD. Comme dans les cas d’épilepsie ou de dépression, il faut au minimum deux à trois mois de stimulation pour observer de réels résultats».
Il est également possible d’activer son tonus vagal soi-même, à travers divers exercices. L’hypnose, la méditation ou encore la cohérence cardiaque permettent de stimuler son nerf vague. A l’image d’un muscle, il peut être entraîné. «La manière la plus simple est de passer par la respiration, explique Sonia Pelissier, physiologiste à l’Université Savoie Mont-Blanc. Pour caler votrerythme cardiaque sur votre respiration, inspirez sur 4 secondes et expirez sur 5, le tout pendant des cycles de 6 à 7 minutes». Si peu d’études standardisées ont été réalisées à ce jour, certains spécialistes estiment qu’un nerf vague bien entraîné reste plus souple et effectue mieux son travail régulateur.
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