Santé psychique et obésité

Dernière mise à jour 15/09/20 | Article
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Les troubles du comportement alimentaire qui génèrent une prise de poids sont souvent liés à une souffrance psychique, parfois bien ancrée. Mieux comprendre ce qui se joue derrière nos comportements alimentaires est un premier pas vers la guérison.

Montrer du doigt celles et ceux qui ont des kilos en trop, c’est non seulement stigmatisant, mais c’est surtout mal comprendre l’obésité et les troubles du comportement alimentaire qui peuvent y être associés. Dans bien des cas, un manque de confiance en soi, une dépression, des antécédents de violence subie ou encore des abus sexuels sont à l’origine de l’obésité. Les troubles du comportement alimentaire (grignotage, boulimie, etc.) favorisent de leur côté la prise de poids, ce qui entraîne alors un cercle vicieux.

Plusieurs études montrent qu’entre 50 et 70% des personnes obèses souffrent de troubles du comportement alimentaire de type grignotage ou compulsion alimentaire. Plus l’indice de masse corporelle (IMC)* est élevé, plus les troubles du comportement alimentaire sont sévères. Une basse estime de soi est souvent due à une enfance difficile, à une succession d’échecs sentimentaux ou professionnels. Ainsi, une personne peut être persuadé-e que ses kilos en trop sont la cause de ses complexes, de son mal-être et de sa timidité, mais c’est souvent l’inverse qui se passe. Une faible estime de soi depuis l’enfance entraîne des troubles du comportement alimentaire et une mauvaise image de soi. 

Cette mauvaise estime de soi se manifeste par le fait que la personne n’est jamais satisfaite d’elle ni de son corps. Elle ne se focalise que sur ses défauts, aussi minimes soient-ils. Elle est frustrée avec des régimes qui ne peuvent être suivis car, plus un régime est restrictif, sévère et drastique, plus il y aura des tentations. En se privant, on parasite les messages internes que sont la faim, le rassasiement et les préférences alimentaires. Les interdictions nous éloignent de nos envies et de nos besoins et dérégulent la «machine» interne. C’est cela qui entraîne des transgressions, du grignotage ou des pertes de contrôle face à la nourriture. Les compulsions sont souvent accompagnées de honte et de culpabilité qui entament encore un peu plus l’estime que l’on a de soi-même. Obnubilé par son poids, on se fixe alors des règles toujours plus nombreuses et contraignantes sur ce qu’il convient de manger ou d’éviter, ce qui entraîne inévitablement des tentations et ainsi de suite. 

Le poids de la dépression…

Des études portant sur le profil psychologique du patient obèse, avec ou sans troubles du comportement alimentaire, ont mis en évidence que l’obésité est souvent liée à une dépression atypique (75%) et à de l’anxiété (60%). Dès lors, une personne peut penser qu’elle déprime parce qu’elle est obèse et que, lorsque le problème de poids sera réglé, elle ira automatiquement mieux. Mais il faut savoir qu’une dépression diminue les chances de réussite d’un traitement amaigrissant. Le traitement du trouble de l’humeur est indispensable afin d’augmenter les chances d’avoir un résultat final positif sur le plan pondéral et de l’humeur. C’est en améliorant le fonctionnement psychologique que l’on augmentera le taux de succès d’un traitement pondéral à court mais surtout à long terme. 

… et celui de la violence

Plusieurs études démontrent également un lien entre des antécédents de violences psychiques, physiques ou des abus sexuels et l’obésité. Les femmes obèses rapportent dix fois plus d’antécédents d’abus sexuels et quatre fois plus de violences physiques en comparaison des femmes de corpulence normale. Les hommes sont aussi concernés. Parmi les patients obèses, les troubles du comportement sont fréquents chez les personnes abusées. Le stress post-traumatique qu’elles ont vécu peut les amener à se couper de leurs sensations et de leurs émotions. Elles se construisent une enveloppe corporelle qui cache un vide de sensations et d’émotions, un rempart contre ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur de leur corps. Pour une femme, cela peut être une manière inconsciente de ne plus être désirable, donc de ne plus courir le risque d’être abusée une nouvelle fois.

Une prise en charge personnalisée

Améliorer l’estime que l’on a de soi grâce à un travail personnel, traiter la dépression, l’état anxieux et revenir sur des événements douloureux avec l’aide d’un psychologue ou d’un psychiatre font partie intégrante du traitement contre l’excès de poids. À savoir qu’accompagner un patient obèse est un travail multidisciplinaire qui ne peut se concevoir que sur la durée et avec la collaboration active de la personne. C’est l’une des clés de son efficacité. Le programme doit être adapté au patient, être applicable au quotidien, tenir compte de ses besoins, de son état de santé, de ses horaires, de ses possibilités et de ses choix. Le rôle du soignant est d’accompagner son patient dans le changement et non de décider du changement à sa place. 

Le suivi et le soutien doivent être envisagés sur le long terme et intégrer à la fois le contexte émotionnel et psychologique, soit les souffrances, les besoins et les ressources, mais aussi les questions relatives à l’alimentation et au poids. Pourquoi perdre du poids? Quelles sont nos motivations? Quels seront les avantages et les inconvénients? Est-ce le bon moment pour entreprendre cette démarche? Sur qui peut-on compter pour un soutien? Autant de questions à se poser au début d’une prise en charge. 

_______

* IMC = poids (kg)/taille (cm)2.

 

Adapté de J’ai envie de comprendre… L’obésité et les problèmes de poids. Patricia Bernheim, Alain Golay, Nathalie Farpour-Lambert, Zoltan Pataky. Éditions Planète Santé, 2016.

 

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