Le gluten et ses maladies
Substance incontournable de notre alimentation, le gluten (une fraction protéique contenue notamment dans les céréales telles que le blé, le seigle et l’orge) ne convient pas à tout le monde. En effet, il est à l’origine de certaines maladies telles que la maladie cœliaque et l’allergie au blé. Récemment, un nouveau trouble lié à sa consommation a fait son apparition. Il s’agit de ce qu’on appelle la sensibilité au gluten non cœliaque. Mais cette nouvelle entité fait encore l’objet de débats et de nombreuses controverses.
La maladie cœliaque
C’est la principale maladie causée par une consommation de gluten. Elle déclenche une réaction immunitaire anormale dans l’intestin grêle qui entraîne une inflammation et endommage la paroi intestinale. Il ne s’agit pas d’une intolérance puisque le système immunitaire est en cause dans le processus, c’est pourquoi cette maladie chronique est considérée comme une maladie auto-immune. Quant aux symptômes, ils sont multiples, allant d’une douleur à l’estomac à des diarrhées, des ballonnements, ou encore des troubles du sommeil ou de la concentration. Si elle n’est pas traitée, cette maladie peut engendrer de graves complications telles qu’une malnutrition voire même la formation d’une tumeur à l‘intestin. A l’heure actuelle, le seul traitement efficace consiste à bannir le gluten de son alimentation.
L’allergie au blé
Comme son nom l’indique, cette allergie alimentaire «classique» est due à une ingestion de blé. Elle provoque des symptômes immédiats (quelques minutes à quelques heures après l’ingestion) qui sont courants à ce genre de troubles, à savoir des réactions cutanées, digestives, respiratoires ou encore cardiovasculaires. Les complications disparaissent dès que le patient ne consomme plus de blé. Certaines personnes présentent des symptômes identiques uniquement si l’ingestion de blé est combinée à un effort physique ou à une consommation d’alcool ou d’aspirine ou anti-inflammatoires.
La sensibilité au gluten non cœliaque
Définie en 2011, cette nouvelle entité ressemble à la maladie cœliaque ou à l’allergie au blé. En effet, les symptômes sont similaires mais moins intenses. De plus, contrairement à la maladie cœliaque, le système immunitaire n’est pas en cause et les lésions à l’intestin sont minimes voire absentes. Comme ce trouble peut être temporaire ou périodique, il est conseillé aux patients de tenter après un certain temps de reconsommer du gluten afin de voir si les symptômes persistent.
Si cette nouvelle maladie est encore sujette à de nombreuses controverses, c’est parce qu’elle comporte de nombreuses zones d’ombre, notamment sur les mécanismes qui entrent en jeu dans son apparition. Seules de nouvelles recherches permettront de mieux comprendre ce trouble. Toutefois, on ne peut nier que certaines personnes souffrent réellement de leur alimentation, mais l’abstention de gluten n’est pas forcément la réponse adaptée, puisque les mécanismes ne sont pas connus et que d’autres substances, telles certaines formes d’hydrates de carbone (FODMAPS), pourraient être en cause.
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Références
Adapté de «Bienfaits du régime sans gluten: mythe ou réalité?», Dr Yann Coattrenec et Pr Mathieu Nendaz, Service de médecine interne générale, Département de médecine interne, réhabilitation et gériatrie, Hôpitaux universitaires de Genève (HUG); Dr Thomas Harr, Service d’immunologie et d’allergologie, Département des spécialités de médecine, HUG; Pr Claude Pichard, Service d’endocrinologie, diabétologie, hypertension et nutrition, Département des spécialités de médecine, HUG. In revue médicale suisse 2015;11:1878-85, en collaboration avec les auteurs.